La FNSEA fait censurer une campagne

Voici une information vraiment très intéressante publiée sur Basta – Bastamag, une agence de presse sous la forme d’un projet participatif, « sur les problématiques sociales et environnementales, sur la solidarité internationale et l’engagement citoyen. »

La démarche de l’exploitation animale y est bien expliquée, on voit bien pourquoi la FNSEA intervenant pour empêcher qu’une culture opposée à la sienne puisse émerger. C’est aussi cela qu’il faut comprendre: la libération animale ne se négocie pas, sinon on tombe dans les pièges et manoeuvres de l’exploitation animale, qui est pleine de ressources…

La FNSEA fait censurer une campagne un peu trop végétarienne à son goût

L’entreprise de restauration collective Sodexo s’est attirée les foudres de la FNSEA, premier syndicat agricole.

En cause : une affiche alertant les consommateurs sur l’impact de l’élevage intensif sur l’environnement, et pouvant les inciter à manger un peu moins de viande. L’affiche a été prestement retirée et Sodexo s’est excusé.

Le groupe de restauration collective Sodexo vient de présenter ses plus plates excuses aux agriculteurs de la FNSEA. L’entreprise avait osé lancer une campagne sur le rôle de la consommation de viande dans le réchauffement climatique.

« La production d’un kilo de viande de veau pollue autant qu’un trajet automobile de 220 km ! », affirmait sur des affiches l’entreprise, qui a lancé des « Journées sans viande », histoire de séduire les végétariens et de verdir son image.

Réponse immédiate des éleveurs : une centaine d’entre eux ont mené une « opération coup de poing » le 8 juin devant la délégation régionale Sodexo de Nantes, « pour stopper cette campagne de communication calomnieuse » (sic).

Xavier Beulin, président de la FNSEA, a estimé qu’« au-delà de l’esprit partisan, polémique et partial de cette initiative malheureuse », le « procédé » était « déplorable » :

« Pourquoi jeter l’opprobre gratuitement sur un secteur, en faisant un bras d’honneur aux efforts, au bon sens, à la tradition culinaire française et au travail passionné de milliers d’éleveurs ».

Rien que ça ! Pour effacer ce terrible affront aux agriculteurs de France, Sodexo a très rapidement présenté ses excuses dans un courrier.

Regrettant ce « malentendu », l’entreprise précise qu’il ne s’agissait pas d’une campagne « antiviande » comme le suggère la FNSEA, mais « d’information ponctuelle » dans le cadre de la semaine du développement durable.

Des affiches « trop choc »

Pour rassurer le puissant lobby agricole, Sodexo va même jusqu’à affirmer que les informations présentées sur les affiches étaient fausses : « Nos services ont eu connaissance de nouveaux éléments venant infirmer des affirmations contenues dans ces affiches, qui ne correspondent pas à la réalité, en particulier : l’impact de la production de viande de veau sur l’effet de serre ; la comparaison inappropriée entre les différents types de productions agricoles que permet un hectare de terre. »

Ces chiffres proviennent d’une étude réalisée par Jean-Marc Jancovici [1], ingénieur spécialisé sur les questions de climat et d’énergie, et membre du comité stratégique de la Fondation Nicolas-Hulot [2].

Des chiffres qui peuvent faire l’objet de critiques au vu de la difficulté d’évaluation de ces émissions, mais qui sont largement repris (voir la campagne du Réseau action climat) et corroborent les analyses des institutions internationales sur le poids de l’élevage dans les émissions de CO2.

Ces affiches, utilisées dans une cinquantaine des 700 restaurants d’entreprise, « se voulaient trop choc », considère Sodexo. Si même les greenwashers s’écrasent devant les lobbies…

Et la FNSEA va-t-elle bientôt faire un procès à l’Organisation mondiale de l’alimentation (FAO), qui ose affirmer que le secteur de l’élevage émet plus de gaz à effet de serre que le secteur des transports ?

Notes

[1] Jean-Marc Jancovici, Élevage et transport jusqu’au lieu de vente.

[2] Dont le site Arrêts sur images avait pointé par ailleurs la non-neutralité sur le dossier nucléaire, alors qu’il était présenté comme expert sur le sujet lors d’un JT de France 2.