Arthur l’aventurier est un sympathique personnage québecois inventé par un chanteur pour enfants. Il lui arrive plein d’aventures, prétexte à la mise en valeur de l’environnement, le tout en chansons.
Ces spectacles ont eu un très bon écho au Québec (plus 700 spectacles, devant plus de 200 000 enfants d’entre 2 et 11 ans).
Cette année est sortie un petit film d’un peu plus de trois quart d’heures, « L’Oeil de cristal », qui est vraiment à conseiller. Vu de France, l’accent peut surprendre les enfants, mais c’est une excellente ouverture à un autre pays et à ses formidables paysages : le Canada.
Les animaux sont mis en valeur de manière sympathique, et surtout le scénario est vraiment une excellente entrée pour parler d’écologie.
Le Professeur Wow – diminutif de Vladimir Wowinski – habite dans le futur dans une sorte de serre, alors que la planète est devenue un désert : il va dans le passé chercher une eau pure qui ramènera la vie. On apprendra plus tard qu’il s’agit de l’eau d’un lac inuit, une sympathique attention pour les habitants d’origine du Canada, avec également une petite allusion à la théorie de la spermatogenèse (des météorites ayant amené des bactéries donnant la vie sur Terre).
Sa quête de cette eau va donc l’amener à rencontrer Arthur l’aventurier, qui va lui présenter la Nature, ses multiples habitantEs dans la forêt et dans l’eau, comme dans les airs, avec toujours une mise à distance pour ne pas lui nuire, une fascination naïve et authentique pour la vie, végétale comme animale…
Le tout est très plaisant, ne fait jamais peur, les chansons sont simples et sympathiques, les personnages enfantins mais justement c’est destiné à un tel public. Il n’y a jamais de populisme ou de mépris, tout est fait pour faire avancer, pour prendre conscience, c’est vraiment une réussite pleine de candeur et de bonne volonté.
De plus, il n’est pas difficile de comprendre que le triste futur de la planète est ce qui sera le futur si on ne fait rien : tout le scénario est vraiment bien ficelé.
Bien entendu, tout cela n’est pas sans contradictions et soucis. Ainsi, il y a beaucoup trop d’activités humaines mises en avant : camping, randonnées, VTT, etc. La Nature a une certaine dimension « utilitaire », ce qui est dommage. Bien sûr, il faut profiter de la vie, mais là il n’est pas assez montré que la vie en général a une valeur en soi.
De la même manière, on entend un couplet sympathique comme :
Les p’tits poissons dans l’eau
L’eau douce et dans la mer
Les p’tits poissons dans l’eau
Dans l’eau de la rivière
Mais ce couple se termine dans la chanson par :
Quand la journée est terminée
C’est maintenant l’heure du souper
Devinez ce qu’on mangera
Ce soir pour notre repas
Cette posture consommatrice qui se veut simple, qui en fait est outrageusement simpliste et qui est une concession ouverte à une certaine dimension coloniale au Canada, avec l’esprit colon, pionnier, etc.
Ainsi la chanson finale dit des vérités :
Apprécier l’instant
Vivre tous les moments
Sentir qu’on a la chance
Voir les oiseaux qui dansent
Goûter le chaud soleil
Contempler les merveilles
Les beautés de la vie
Apprendre à dire merci
(…)
Chanter à l’unisson
Le bonheur d’exister
Mais cette belle morale peut être comprise de deux manières : soit comme un repli sur la passivité consommatrice, finalement totalement décalée, soit comme un appel à protéger Gaïa.
Il n’en reste pas moins bien entendu qu’en tant que film pour enfants, cela reste une belle production sympathique qu’il serait dommage de rater !