Interview de Vegan Pays Basque

Après le groupe Vean né récemment, voici Vegan Pays Basque qui apparaît. Là encore on a quelque chose de très moderne et de vivant, et on est libre de penser qu’il y a au fond une véritable nouvelle culture vegan qui est en train d’émerger, sur une base démocratique à la base et dans le le refus de toutes les oppressions.

On est aussi libre de penser qu’il y aura davantage d’échanges, de critiques, de radicalité… Notre époque en a bien besoin!

Voici donc quelques questions posées à Vegan Pays Basque.

Quel est l’objectif de votre groupe, quelle est votre démarche ?

Vegan Pays basque est un collectif qui fait la promotion du veganisme, de l’antispécisme et de l’antifascisme par le biais de stands et d’happenings. Nous menons une lutte contre toutes formes de domination sur les animaux humains et non humains.

Nous agissons principalement en Pays Basque nord et à proximité. Nous nous inscrivons dans un principe de lutte locale qui nous permet d’avoir une très bonne connaissance des enjeux et des préoccupations de notre lieu de vie.

Vous avez organisé un atelier BD, à la mi-juillet. Pouvez-vous nous parler de cette super idée, et de comment cela s’est passé ?

Nous avons organisé cet atelier BD le samedi 14 juillet et nous espérons qu’il s’agissait du premier d’une longue série. Nous avons passé un excellent moment. Plusieurs enfants et adultes y ont participé, le thème était « les animaux libres ».

Ça a été un moment simple, convivial, et tout le monde c’est bien prêté au jeu. Nous avons préparé lors de cet atelier des gaufres végétaliennes, qui ont permis aux personnes présentes de voir que l’on peut cuisiner facilement sans cautionner l’exploitation des animaux non humains.

Nous organisons ces ateliers avec la volonté d’aller au-devant des gens, de partager des savoirs, de montrer que l’on peut également militer dans la joie, de façon positive et cela, tout en faisant passer un message.

Nous allons renouveler souvent l’expérience, sur d’autres sujets (concevoir ses produits d’entretien, apprendre à cuisiner végétalien, apprendre le jeu d’échecs etc).

Quelle est la situation du véganisme dans votre région géographique ? Vousavez également fait le choix de la référence au pays basque, soutenez-vouspar là la réunification du pays basque / Euskal Herria ?

Pour ce qui est du veganisme, il y a, comme pour trop souvent ailleurs, tout à construire en Pays Basque nord. Mais le Pays Basque est un formidable vivier militant, les gens ici ont une habitude de la lutte et ça se ressent dans tous les milieux, il y a une véritable solidarité.

Lorsque que nous organisons des évènements les gens sont intéressés, nous soutiennent, viennent et partagent avec nous alors que ces personnes ne connaissaient pas, pour la plupart, les mots vegan et antispéciste.

Nous avons donc un véritable espoir que dans le futur les choses changent et que les gens se rendent compte que pour vivre dans un monde juste nous devons reconsidérer notre relation avec les autres espèces.

Concernant notre position vis-à-vis d’Euskal Herri, nous sommes pour l’autodétermination des peuples, donc nous considérons que c’est au peuple Basque de choisir son futur et que la question doit lui être posée, ce qui n’a pas été fait jusqu’à maintenant.

Au contraire il y a une énorme répression envers les militants Basques. Nous soutenons le combat pour que les droits fondamentaux du peuplesoient respectés : rapprochement des prisonniers de leurs familles (comme l’impose la loi), possibilité d’exercer une activité politique sans risquer la prison (12 ans sont souvent requis en Espagne pour de simples meetings ou conférences de presse, etc). Cette situation est honteuse et doit cesser.

Vous expliquez que « Vegan Pays Basque est ouvert à toute personne -mêmenon vegan- souhaitant partager notre combat pour mettre fin àl’exploitation et la souffrance animale. » N’y a-t-il pas une contradiction ? Ou alors voulez-vous par là parler de gens en transitionvers le véganisme ?

Notre collectif militepour mettre un terme aux discriminations et mettre fin à l’exploitation des animaux. Donc nous prônons le veganisme qui est la seule manière de vivre sans utiliser et faire souffrir les animaux non humains et nous ne ferons aucun compromis.

Ce que nous entendions par cette phrase c’est qu’il ne faut pas forcément être vegan pour nous rejoindre mais qu’il faut avoir la volonté de se remettre en question et de devenir cohérent avec ce combat. La seule possibilité pour cela est d’être en marche vers le véganisme.

Vous faites une très intéressante présentation de comment on peut faire soi-même ses produits d’entretien. Vous pouvez nous en parler ?

Malgré qu’il existe plusieurs marques de produits d’entretiens qui ne testent pas sur les animaux, cela ne signifie malheureusement pas forcément qu’il s’agit de marques éthiques.

D’autant plus que dans un souci d’écologie, nous avons la volonté de montrer que nous pouvons nous passer au maximum des produits industriels. C’est pourquoi même si nous parlons des marques qui ne testent pas sur les animaux, nous insistons surtout sur le fait qu’il n’y a pas mieux que « faire les choses

soi-même ». Ces produits sont très faciles à faire, écologique, moins onéreux que les produits industriels et au moins nous savons ce qu’il y a dedans. Nous allons également faire prochainement la même chose pour les cosmétiques et les produits d’hygiène.

Qu’entendez-vous par « antispécisme » ? A LTD, nous n’utilisons parexemple pas ce terme, mais c’est souvent une simple question dedéfinition ; ce que nous reprochons, c’est l’attitude d’être « contre » et de ne pas aimer les animaux. Soutenez-vous par exemple les adoptions ?

Le spécisme est une discrimination basée sur l’espèce, comme l’est par exemple le sexisme par rapport au sexe ou la xénophobie par rapport aux origines.

Les spécistes considèrent que, comme les animaux non humains ne font pas partie de notre espèce, cela nous donne des droits illimités sur eux. Nous sommes radicalement opposés à ce totalitarisme humain et nous disons qu’il est indispensable de prendre en considération toutes les espèces sur le même pied d’égalité.

L’antispécisme et le véganisme, sont les seules éthiques qui permettent de respecter totalement les animaux non humains. Celles-ci sont donc incompatibles avec des personnes n’ayant pas de considération pour les animaux.

Nous sommes bien sûr pour l’adoption qui est une mesure de sauvetage et de compassion qui est adaptée aujourd’hui aux animaux non humains en détresse.

Mais pour nous ce n’est pas une fin en soi, nous pensons qu’il est important de remettre en cause le fait que les humain-e-s créent des espèces animales esclavesà partir de croisements. Combien de fois avons-nous entendus ce type d’argument : « si je relâche mon chien dans la nature il n’a aucune chance de survivre ! »

L’argument est ridicule mais il a le mérite de soulever des questions. La libération animale ne pourra pas se fairesi les humains continuent à créer des animaux n’ayant pas leur place dans l’écosystème.

Vous faites référence à l’antifascisme. Dans quelle mesure cela vous semble-t-il important aujourd’hui ?

Il est important de rappeler qu’il faut se battre pour tous les animaux qu’ils soient humains ou non humains, donc il est évident que ces luttes sont liées.

Le fascisme se nourrit de la frustration et essaie de se positionner comme une alternative révolutionnaire. Cela s’est passé et se passe encore dans les ex pays communistes mais également dans tous les états capitalistes qui connaissent une énorme poussée de l’extrême droite, et qui par conséquent, deviennent des états ultra sécurisés et totalitaires. Nous ne sommes pas dupes, nous savons que cela montre un système en fin de vie.

Nous pensons qu’il est très important de greffer ces notions égalitaires dans la promotion du véganisme à l’heure où se battre pour les animaux est souvent synonyme de l’association PETA et de certaines de ses campagnes sexistes et racoleuses, ainsi que de la fondation Brigitte Bardot et de sa représentante déjà condamnée 5 fois pour incitation à la haine raciale, etc.

Il est donc d’autant plus important d’opposer cet argument aux militants qui affirment : « les animaux avant tout ». Toutes les discriminations/dominations sont liées et s’articulent autour d’un système qui ne fait que pousser dans ce sens.

C’est pour ces raisons que ces luttes doivent être menées ensembles pour arriver à une libération totale.

Vous voulez mettre en avant l’écologie, mais il y a encore peu de textes àce sujet. A quoi cela ressemblera-t-il ? L’huile de palme est-elle unsujet important à vos yeux ?

L’huile de palme est en effet une de nos préoccupations, car elle est responsable de déforestations massives et entraînera dans les 15 prochaines années la disparition de 98% des forêts tropicales

d’Indonésie et de la Malaisie. Elle est également responsable de l’assassinat et de la destruction de l’habitat de très nombreuses espèces animales.

Le nucléaire est aussi un sujet très important car en plus d’être déjà très implanté dans les pays occidentaux il commence à s’enraciner dans les pays à fort développement industriel comme l’Inde ou la Chine.

Ces sujets sont des questions majeures que nous traiterons ainsi que de nombreuses autres.

Nous voulons en effet mettre en avant l’écologie car c’est pour nous une part importante du veganisme. La planète, au même régime que les espèces y vivant, n’a pas à subir la mainmise des humain-e-s. Comment pourrait-on protéger les espèces qui y vivent sans protéger la planète ?

Ça serait en effet un non-sens.

Nous rejetons le capitalisme vert et son développement durable qui pour nous est une simple façon pour les systèmes capitalistes de marchander la nature, de se donner bonne conscience et de récupérer un marché comme un autre.

Nous irons donc dans ce sens en essayant de montrer des alternatives et l’importance de faire les choses soi-même pour sortir de cette dépendance crééepar nos états et industries.

Vous dites : « Plus nous serons nombreux à dénoncer l’injustice envers leshumains et les animaux, plus vite elle deviendra un débat de société. » A votre avis, comment cette perspective pourra-t-elle devenir réalité ?

Certain-e-s croient que c’est en forçant les gens, en créant des lois que nous ferons avancer les choses. Pour nous cela s’apparente à du fascisme et ne changera pas durablement les choses.

Il faut être ferme, sans compromis et ne pas brader nosidées, mais il est surtout important de le faire de manière positive. Nous nous battons pour faire germer dans nos sociétés des idées égalitaires pour qu’il n’existe plus aucune domination et discrimination.

Et même si notre génération ne connaitra peut-être pas la fin de l’exploitation animale, nous contribuons dès aujourd’hui à un véritable changement de sociétés.

Un jour viendra où le monde sera libre, mais en attendant nous combattrons le meurtre, qu’il soit de masse ou pas, ainsi que lesdominations/discriminations à l’encontre de tous les animaux qu’ils soient humains et non humains.

Merci et longue vie à « La terre d’abord » pour tout ce qu’elle apporte à la cause.