L’écologie radicale à l’horizon 2100 et le nombrilisme humain

Il y a quelques jours, un des blogs liés au journal Le Monde publiait un article intitulé « La fin de la planète en 2100 ? »

L’information est présentée de manière très racoleuse, mais n’en est pas moins une sobre réalité scientifique: nous assistons à un écocide, et à l’horizon 2100 l’équilibre sera définitivement rompu.

Voici ce qu’on lit entre autres:

Dans Approaching a state-shift in Earth’s biosphere, les auteurs, 22 chercheurs appartenant à une quinzaine d’institutions scientifiques internationales, alarment sur une perte de la biodiversité de plus en plus rapide et une accélération des changements climatiques.

Selon l’étude, presque la moitié des climats que nous connaissons aujourd’hui sur la Terre pourraient bientôt avoir disparu. Ils seraient ainsi remplacés, sur entre 12 % à 39 % de la surface du globe, par des conditions qui n’ont jamais été connues par les organismes vivants.

Et ce changement s’effectuerait de manière brutale, empêchant les espèces et écosystèmes de s’y adapter.

Rien que finalement tout le monde ne sache ou se doute. A ceci près que les anciennes générations ont abandonné toute responsabilité et que les nouvelles tentent encore de se voiler la face, sombrant dans le déni.

Ce qui fait que sont intéressants ici les commentaires. Parmi les plus avancés, on n’en trouve pas qui appellent à combattre pour la planète. Les plus avancés critiquent anthropocentrisme, mais restent sans perspectives et appellent finalement à l’extinction de l’espèce humaine.

Ce qui amène évidemment des réactions social-darwinistes dans le genre « commence par toi-même », etc.

C’est une sorte de cercle vicieux où la critique du mode de vie dominant tourne à la misathropie unilatérale, au lieu de la mise en avant d’un mode de vie positif et constructif. Au mieux on trouve parfois une sorte de simplicité volontaire qui ressemble plus à un repli individuel qu’autre chose.

Voici un exemple avec une critique sonnant fort juste, mais sombrant dans une misanthropie très classes moyennes (les Européens vivraient touts dans le confort, les gens des pays pauvres ne seraient pas du tout intéressés par l’écologie, ce qui est bien sûr totalement faux, etc.):

« il faut être honnête : les pouvoir publics sont à un milliard d’années de tels changements, on préfère nous parler croissance (hahaha) et crise de la dette (hohoho), alors que pendant ce temps, on creuse les cimetierres pour trouver un peu plus de gaz, on continu de détruire les forêts à un rythme alarmant, on pollue les océans et on poursuit la construction de centrales nucléaires toujours plus grandes et consommatrices d’eau…

Alors ouvront un peu les yeux, nous vivons dans un monde de profit, pour le profit, par le profit.

Il n’y aura aucun changement dans les mentalités tant que les pôles n’auront pas fondus et qu’on ne devra se battre à mort pour un morceau de pain : nous (occidentaux) sommes bien trop attachés à notre petit confort, alors que Chinois, Indiens et autres Brésiliens (entres autres) ne demandent qu’a nous rejoindre…

La seule chose que je souhaite personnelement est qu’on disparaisse rapidement, avant d’avoir d’avoir détruit 95% de la biodiversité de notre magnifique planête bleue, et ce de manière irréversible. Nous ne sommes qu’une éspèce parmis d’autrres au final. »

Parmi les réponses, en voici une qui se veut intelligente mais qui est totalement social-darwiniste, car ce ne sont pas les huîtres qui saccagent la planète, elles n’ont pas besoin de parler écologie, elles:

« ‘tant que les pôles n’auront pas fondu’
En même temps, le pôle sud n’est pas prêt de fondre, c’est un continent.
Et je suis désolé mais nous ne sommes pas qu’une éspéce parmi d’autres. Quand on arrivera à parler écologie avec une huître, on en reparlera mais en attendant, je préfére voire tous les Hommes vivre correctement et dignement quitte à ce que se soit au détriments des autres éspéces. »

On retrouve beaucoup cette vision de compétition dans les commentaires, dont voici un florilège; très régulièrement les pro-écologie sont accusés de parler au nom de la planète (ce qui leur doit une sorte de « elle te l’a dit? »), mais inversement jamais les pro-écologie ne prennent fait et cause pour la planète comme point de référence absolue, nécessitant qu’on s’engage totalement pour elle:

« Oui je suis nombriliste humain et j’en suis fier. Et je pense qu’il est primordiale de conserver la planète et sa biodiversité. Non pas pour la planète, à peine pour la biodiversité (car je pense que même les plantes se fichent de vivre) mais pour nous, les humains, et nos descendants. »

« On s’en fiche qu’elle se porte bien la terre si il n’y a personne pour en profiter….La terre est là pour nous, pour notre espèce (car nous sommes a priori toujours les seuls assez intelligent pour en profiter) et c’est tant mieux.
Dans 100 ans, si tous les animaux sont morts (ce qui ne sera sans doute pas le cas) et que les être humains sont heureux, la « Terre » et l’humanité s’en porteront très bien tous les 2. »

« moi en tant qu’humain mais avant tout mammifère, j’assure ma survie et celle des miens dussé-je le faire au détriment des autres. »

« Mon conseil : ne vous occupez plus de ces histoires d’écologie. Elles ne riment à rien ; c’est comme pisser dans un violon. Voyez les Américains et les Chinois qui en ont rien à faire. Cela fait pas mal de monde! On peut donc s’en passer et vivre très bien. »

« La planète est qu’un gros cailloux et je suis sûr qu’elle se fiche royalement qu’on lui ait « pillé » ses réserves de pétrole. Elle ne se sent pas plus pauvre, et d’ailleurs elle ne se sent pas tout court. »

Toute cette mentalité, c’est du social-darwinisme: seul le plus « apte » doit survivre. Alors qu’en réalité la vie sur Terre c’est la participation, l’échange, la symbiose, la vie appelant la vie.

On a ici une mentalité de colon, comme si la planète n’était qu’une zone à engloutir. On voit d’ailleurs inversement à quel point le film « Avatar » n’a eu aucune influence, son scénario « écolo » n’étant que commercial et pour faire un succès dans l’air du temps.

C’est dire à quel point l’écologie radicale est nécessaire et demandée. Il est temps de refuser tant l’esprit colonial humain d’asservissement et de destruction, mais aussi l’individualisme misanthrope qui justement ne rompt en rien avec l’anthropocentrisme!