Une manoeuve de la police au Chefresne

Voici une nouvelle information sur la situation au Chefresne, avec aussi ce qui ressemble à une contradiction inévitable. Un éleveur s’oppose en effet à l’installation de pylônes, son terrain étant réquisitionné. Or, la vie des animaux qu’il « élève », il les a réquisitionné tout autant…

On a ici une contradiction propre à la lutte anti-THT: c’est presque une culture du terroir qui est parfois mise en avant. Et elle n’a rien de progressiste…

Car comment une société autorisant la réquisition de la Nature pourrait-elle s’opposer à la réquisition du terrain d’un élevage? C’est inévitablement une situation dans l’impasse.

Voici les trois infos dans l’ordre chronologique, où il n’est pas difficile de voir que la police entendait neutraliser la personne pour, une fois qu’elle est en garde-vue, pouvoir lancer les travaux:

Une journée (de plus) de résistance au Chefresne

Pelleteuse et camions bennes se sont présentés ce lundi 30 juillet au matin dans l’espoir de commencer les chemins d’accès vers les emplacements prévus de trois pylônes, numérotés 224, 225 et 227.

Stoppés par des taureaux présents dans les parcelles à terrasser, les engins de chantiers ont du rebrousser chemin.

RTE a alors mandaté un huissier accompagné de son escorte en bleu de rejoindre les domiciles des propriétaires présumés des bovins nerveux. Ceux-ci étaient malheureusement absents mais avaient laissé un mot sur la mort que leur apportait le rouleau compresseur RTE.

Du coup, un gendarme soudainement inquiet quant à la survie d’un des agriculteurs a appelé les pompiers. La présence du propriétaire du taureau auprès de sa bête a fini par rassuré la maréchaussée qui a promis de transmettre la parole du présumé suicidé, bien déterminé à ne pas lâché le morceau.

Cette résistance au travaux intervient alors que la section du contention en charge du jugement des recours contre la DUP s’est déclarée insuffisamment compétente pour statuer sur la légalité de celle-ci dont se prévaut RTE pour monter ses pylônes à marche forcé. En même temps, cela repousse la décision du Conseil d’Etat, date à laquelle RTE compte bien avoir terminer la totalité de la ligne.

Une reprise des travaux sous grands renforts étaient prévus dans la journée, avec quelques pontes de la filiale d’EDF et sa garde mobile rapprochée (composé de 4 bus et de son contenu) mais à 18h, rien ne va plus, même pas la garde mobile qui a disparu.

Les engins de terrassement de l’entreprise sous-traitante de RTE, en l’occurence JP Brionne de Saint

Clément-Rancoudrey, et les camions ont pris logement à la carrière de Tessy, qui fournit la caillasse à bousiller les champs.

Voici comment la presse a relaté l’information:

Un agriculteur de la Manche a été interpellé par les forces de l’ordre mardi matin alors qu’il tentait, comme la veille, de s’opposer à la construction dans son champ de deux pylônes de la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine, a déclaré à l’AFP un membre de sa famille.

Joints par l’AFP, la préfecture de la Manche, les services du procureur et la gendarmerie n’ont ni confirmé ni infirmé l’information.

La famille d’Yves Larsonneur, éleveur au Chefresne, a immédiatement contacté son avocat.

L’épouse de mon client m’a appelé pour me dire qu’il avait été interpellé et j’ai immédiatement envoyé un courrier au procureur pour dénoncer l’illégalité de l’interpellation et demander sa libération immédiate, a indiqué Me Gervais Marie-Doutressoulle à l’AFP.

Dans cette lettre, l’avocat demande au procureur de lui préciser l’endroit où se trouve Monsieur Larsonneur afin que sa femme puisse prendre attache avec lui.

Je vous serais également reconnaissant de bien vouloir faire en sorte que Monsieur Larsonneur soit remis immédiatement en liberté compte tenu de l’illégalité manifeste avec laquelle RTE, avec le concours des gendarmes, a pu investir les lieux, interpeller et emmener M.Larsonneur, écrit encore l’avocat.

Il a été interpellé vers 8h00 de façon assez violente. Il a été sorti de son tracteur et plaqué au sol puis emmené par les gendarmes, avait auparavant affirmé Damien Sineux, beau-frère de Yves Larsonneur.

Mardi matin, après l’interpellation, une cinquantaine de gardes mobiles faisaient face à une quinzaine de militants, très remontés, a constaté un photographe de l’AFP. Le face à face entre les deux parties s’était déjà prolongé une bonne partie de la journée de lundi.

Yves Larsonneur s’oppose à la construction sur son champ des pylônes 224 et 225 des 163 km de la ligne THT, qui doitacheminer l’électricité du futur réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville.

Nous lui avons fait des propositions d’indemnisation, s’élevant à plusieurs centaines de milliers d’euros, mais il a refusé de signer l’accord, a déclaré à l’AFP Martine Bernard, directrice régionale de RTE Normandie, la filiale d’EDF chargée des réseaux.

La ligne THT a été déclarée d’utilité publique et une mise en servitude a été prononcée.

Les travaux devaient commencer lundi, mais Yves Larsonneur avait disposé des engins agricoles et des bovins, dont des taureaux particulièrement réactifs selon un des opposants, dans son champ pour en bloquer l’accès.

Une guerre de tranchées oppose forces de l’ordre et militants anti-THT le long du parcours de la future ligne.

Des écologistes et des riverains campent depuis mars dans un bois proche de l’exploitation de M. Larsonneur pour bloquer les travaux, a rapporté Jean-Claude Bossard, maire démissionnaire du Chefresne et opposant à la ligne.

Le communiqué ds activistes anti-THT:

La filiale d’EDF, RTE, profite lâchement de la garde à vue du propriétaire des champs pour faire mener au Chefresne des travaux pour le terrassement des accès aux éventuels futurs pylônes 224 et 225.

RTE a même mis le paquet rameutant tous les véhicules, pelles mécaniques et autres engins de terrassement à disposition afin de s’assurer de pouvoir terminer les accès à ces pylônes avant la sortie de garde à vue du courageux agriculteur résistant au rouleau compresseur.

Nous sommes guère surpris de l’attitude de RTE qui a le pouvoir de décider des actes des gendarmes dans une société nucléaire, donc policière, quand elle se fait accompagner par grands renforts de maréchaussée là ou elle rencontre la moindre résistance, mais tout de même :

– Sur les trois pylônes déjà érigés au Chefresne, comme le plus proche sur la commune de

Montabot, les temps de séchage des fondations n’ont pas été respectés. A quelle vitesse de vent résisteront-ils ?

– Les sociétés ayant eu en charge la mise en place des chemins d’accès et plate-formes l’hiver dernier prenait le temps de bien mettre de côté la terre arable avant de réempierrer les emplacements nécessaires;

Qu’en sera-t-il de l’engagement de la remise en état avec de la terre arable écrasée par les grues énormes qui montent les pylônes ?

Qu’en sera-t-il de la sécurité du conducteur de ces mastodontes sur un chemin d’accès et des plate-formes constitués à la va-vite ?

Quand on pense que RTE parle de mise en danger à propos des petites mains qui démontent certains pylônes…

Rappelons que ce coup de force arrive au moment même où la section du contentieux se déclare pas suffisamment compétente pour juger de la légalité de la déclaration d’utilité publique, simple arrêté ministériel dont se targue RTE pour effectuer ses travaux, y compris au mépris de toute loi.

EPR – THT : population bafouée !