Nous avons parlé récemment des incendies, notamment de celui aux Canaries ravageant le parc naturel de Garajonay : le feu a repris alors que les combattants du feu étaient partis, le résultat est qu’une autre partie du parc a été détruit !
La question de la capacité de mobilisation se pose là, comme elle se pose en ce moment au sujet de l’incendie de Lacanau, qui a détruit 650 hectares de forêts. En fait, il n’y a que très peu de moyens. Alors entre cela et les pyromanes au service des promoteurs – un aspect totalement passé sous silence en France, il est facile d’imaginer le résultat.
Mais ce n’est malheureusement pas tout. Il y a également toute la conception dominante du rapport à la Nature qui compte, malheureusement.
Ce qui s’est passé donc, c’est que les Canadair étaient dans les Bouches-du-Rhône, et ils ont mis du temps à arriver en Gironde.
Et voici, ainsi, la réaction proprement hallucinante qu’on peut voir. Ce ne sont pas les arbres qui sont regrettés, ni la vie végétale et animale qui va avec, mais… le profit !
Voici ce que dit Bruno Lafon, le président du syndicat des sylviculteurs :
« Si le gouvernement veut une forêt de production en France, on la protège. Est-ce qu’il préfère protéger la garrigue ? C’est une question de politique forestière. »
Voilà bien une conception parfaitement condamnable et devant être rejeté fermement, totalement. Il est aberrant qu’au 21ème siècle, une conception aussi misérable et mesquine puisse même être exprimé.
On notera d’ailleurs qu’il est rejoint par Christian Pinaudeau, secrétaire général du Syndicat des sylviculteurs, qui rappelle que la filière bois représente « un chiffre d’affaires supérieur à celui des vins de Bordeaux, autour de 3 milliards par an. »
Il a parlé des conséquences « catastrophiques » de l’incendie… pour la filière bois !
Le véritable scandale est là. La négation de la Nature est au cœur du problème. Soit on reconnaît à la Nature une valeur en soi, soit on ne le fait pas. Mais si on ne le fait pas, alors même quelques canadairs en plus ne changeront rien au problème de fond, qui est que la Nature est niée et donc victime d’un processus d’anéantissement.
On notera justement que Florian Philippot, vice-président du Front National, s’est fendu d’un communiqué critiquant l’absence de canadairs. Son point de vue est très intéressant, car finalement justement malgré les apparences critiques, il reprend les arguments dominants :
« Le désengagement de l’Etat dans la sécurité civile, et en particulier dans le domaine de la lutte aérienne contre les feux de forêts, est ici clairement en cause. Rien ne peut justifier que l’Etat néglige une politique publique aussi fondamentale pour la sécurité de nos compatriotes et la préservation de nos espaces naturels.
L’Etat stratège doit se réengager dans ces secteurs essentiels à la vie du pays. Les moyens existent, à condition de faire enfin des économies sur les dépenses les plus nocives : dizaines de milliards d’euros transférés aux pays victimes de la monnaie unique, fraude sociale massive ou bien encore aide médicale d’Etat réservée aux clandestins. »
Non seulement il est parlé de choses n’ayant rien à voir (pour payer soi-disant les canadairs), mais surtout il est parlé de « la sécurité de nos compatriotes et la préservation de nos espaces naturels. »
C’est une vision totalement anthropocentriste, totalement conforme à l’idéologie dominante.
On notera enfin qu’en même temps qu’avait lieu l’incendie, sur les plages de Lacanau avait lieu une compétition internationale de surf… On reconnaît là le sens anthropocentriste des priorités… Alors que la Nature devrait être l’origine d’une mobilisation générale pour sa défense !