Des fermiers laissent mourir des milliers de poulets lors de la canicule

Hier, nous parlions de cet étang assassiné dans le Gers, par des agriculteurs. Aujourd’hui, c’est d’un autre aspect de l’agriculture dont nous allons parler, directement liée à l’exploitation animale.

C’est d’ailleurs une situation récurrente en cas de forte chaleur, et à chaque fois on a le même discours honteux des médias. Des animaux meurent dans des fermes, et les articles de presse les plaignent, en niant leur condition concentrationnaire et le fait qu’ils doivent être tués. Puis immédiatement après, l’article plonge dans un appel pathétique en défense des « pauvres producteurs. »

C’est toujours le même scénario dans ce genre d’articles, dont voici malheureusement un exemple (tiré de la Montagne), lié à la canicule que l’on vient de subir dans certains endroits.

11.000 poulets tués par la canicule

Plusieurs élevages ont souffert de la canicule dans l’Allier.

Un sacré coup dur pour l’entreprise. Ces derniers jours, une exploitation agricole a perdu presque la totalité de son élevage de poulets, à cause de la chaleur. Malgré les précautions prises, avec de la ventilation et de l’eau déversée sur le toit du hangar, ce sont 11.000 volatiles qui ont péri.

« On a arrosé les toits, on a ouvert pour aérer, et malgré tout les poulets sont morts. Ils meurent à partir de 33°C car ils ne transpirent pas et il faisait 36,6°C dans le bâtiment », a expliqué lundi à l’AFP Christian Robin, l’agriculteur.

Les volailles ont commencé à mourir samedi, puis l’hécatombe a continué jusqu’à dimanche. « On n’a pas eu de benne, on est obligés de fermer les fenêtres, l’odeur est nauséabonde, pour les voisins aussi », a ajouté sa femme, Barbara Roux. « C’est du jus maintenant à l’intérieur », a-t-elle encore déploré.

Le couple possède un autre poulailler de 25.000 bêtes dans un autre hangar équipé d’un brumisateur, où il n’y a pas eu de décès massif à déplorer.

Dans l’Allier, le cas de ces éleveurs n’est pas isolé. « Il y a eu un cas à Barrais-Bussolles, et d’autres ailleurs, assure Louis Salles, maire d’Isserpent, mais aussi agriculteur et président Groupama pour le secteur. Uniquement dans le secteur de Lapalisse et du Donjon, il y a au moins une dizaine d’élevages hors sols qui ont été touchés, juste pour les gens qui sont assurés chez Groupama. Cela a commencé samedi soir, puis dimanche. Cela ne concerne pas toujours des élevages aussi importants que celui d’Isserpent, ce qui fait qu’il y a moins de mortalité. »

La phrase « C’est du jus maintenant à l’intérieur » fait froid dans le dos et on devine le niveau culturel. On est là dans la gestion barbare et le déni de tout rapport correct à la réalité. On est même plus dans un rapport réel, même d’exploitation, on est carrément dans la gestion barbare, avec un déni complet du glauque, du sordide.

Ces morts en masse sont banalisés, rationalisés selon les échelles du profit. Un être vivant mort est réduit à une odeur « nauséabonde » et au statut de « jus. »

Que dire aussi de la référence à la question des assurances. C’est peut-être le pire : il est parlé de certaines fermes en précisant qu’elles forment un groupe : celles assurées chez Groupama.

C’est dire à quel point le profit façonne l’identité de ces usines de la mort. C’est tout simplement terrifiant.