L’armée contre le trafic de drogues?!

Les drogues sont au cœur de l’actualité en ce moment, avec la proposition d’un député PS de faire des « salles de shoot » et les propos militaristes d’une sénatrice PS.

Il n’est pas difficile de comprendre ce qu’il se passe : les drogues pullulent et si la société faisait semblant, c’est de plus en plus impossible, avec la crise.

Et si des gens se shootent n’importe comment, dans les cages d’escaliers par exemple, ce n’est pas par gaieté de cœur, mais en raison de conditions de vie terrible. C’est toute l’hypocrisie de la société, une hypocrisie qui continue puisque l’idée est encore de parquer les personnes consommant des drogues dures, de leur permettre de se droguer, avec du matériel stérilisé, et d’oublier les problèmes de fond.

C’est encore plus vrai avec Samia Ghali, sénatrice PS et maire des 15 et 16e arrondissements, qui a lancé une véritable bombe qu’on s’attendrait plutôt à venir de l’extrême-droite.

Même si le PS est aux avant-postes du « on ne change rien, on met plus de policiers » : la position de Samia Ghali est dans la lignée de ce que disait hier un représentant du Mouvement des Jeunes Socialistes, qui mettait en avant qu’il y allait avoir 10 000 policiers de plus, etc.

Voici donc ce qu’elle a dit, suite à des règlements de compte à Marseille, sur fond de trafics de drogues :

« Aujourd’hui, face aux engins de guerre utilisés par les réseaux, il n’y a que l’armée qui puisse intervenir. Pour désarmer les dealers d’abord. Et puis pour bloquer l’accès des quartiers aux clients, comme en temps de guerre, avec des barrages. Même si cela doit durer un an ou deux, il faut tenir »

« Ca ne sert plus à rien d’envoyer un car des CRS pour arrêter des dealers. Quand dix d’entre eux sont arrêtés, dix autres reprennent le flambeau. C’est comme combattre une fourmilière »

« La vérité, c’est qu’aujourd’hui, le premier employeur des jeunes dans certaines cités, c’est le trafic de stupéfiants. La drogue fait vivre des familles entières. Les armes prolifèrent. On se tue pour un oui ou pour un non. Si rien ne bouge, on se dirige tout droit vers un système à l’américaine, avec des gangs qui se font la guerre sur des territoires où la loi n’a plus cours »

« Je propose de rétablir une forme de service militaire qui permettrait à des jeunes déscolarisés, sans emploi, sans formation de sortir de leur quartier, et même de quitter Marseille pour huit mois, un an »

« Je ne supporte pas ces pseudo-gauchos-intellos-bobos qui vous disent que fumer un chichon ce n’est pas grave. Moi, j’ai grandi dans une cité, je sais ce que c’est que les dégâts de la drogue »

Nous ne sommes pas des « pseudo-gauchos-intellos-bobos » et refusons les drogues, y compris le cannabis. Mais justement parce que nous sommes pour une société sans drogues, nous savons qu’il est absurde de criminaliser, de culpabiliser le « fumeur de chichon. »

Nous ne disons pas que ce n’est pas grave de fumer du « chichon », mais la posture de Samia Ghali ne tient pas debout trente secondes.

Car nous savons très bien que derrière les drogues festives, il y a un malaise social énorme. Les drogues servent, en apparence du moins, à se déstresser, à fuir la réalité, à trouver une échappatoire.

C’est une fuite, bien souvent une fuite en avant, avec des conséquences terribles pour soi et les autres.

Nous ne trouvons pas cela bien, mais il en va des drogues comme des religions : il ne suffit pas de dire que ce n’est pas bien pour que les gens arrêtent. Par les drogues ou les religions, les gens comblent un manque…

Et ce manque, c’est bien sûr la Nature. Nous savons justement que tout le monde veut être heureux, vivre sa vie paisiblement, du ver de terre au rhinocéros, en passant par le pigeon ramier et la truite.

Comme le dit la sénatrice PS d’ailleurs, « la drogue fait vivre des familles entières », alors que veut-elle, en apportant l’armée ? Laisser mourir les gens ?

Finalement justement, quand elle a peur de « territoires où la loi n’a plus cours », elle ne comprend pas que déjà sur l’ensemble du territoire, la Nature et ses « lois » n’ont plus cours, puisque dominent un style de vie dénaturé et une destruction systématique de la vie sauvage.

Là est le problème. Ce n’est pas en envoyant les jeunes à l’armée que les problèmes seront résolus, mais par la véritable compréhension de Gaïa, du véganisme, de l’écologie radicale.

Quelles perspectives propose la société sinon ? De sur-vivre dans le béton ? Comment ne pas comprendre que triomphent alors la consommation la plus barbare et la déprime la plus totale !

Samia Ghali se trompe donc lourdement en imaginant qu’il suffit de faire un « blocus » militaire et de simplement empêcher les consommateurs de drogues de venir en acheter. Elle nie la question de la culture et de la Nature.

Mais elle a aussi tort par rapport aux dealers. Et que ce soit quelqu’un « de gauche » qui en appelle à l’armée montre en tout cas le désarroi de tous les ennemis de la Nature. On notera d’ailleurs qu’il y a peu de temps, Stéphane Gatignon d’EELV appelait à « envisager une présence de l’armée 24 heures sur 24 » sur certains territoires.

Elle a tort, parce que comme elle est obligée de le constater elle-même, c’est une question de pauvreté. Mais aussi parce que l’argent de la drogue ne disparaît pas, il fait partie d’un système, d’un mode de vie.

Les trafiquants de drogues rejoignent les gens qui sont riches, avec toute la culture de destruction et de superficialité qui va avec.

Tant que cette culture sera mise en avant, il y aura des gens pour vouloir se faire de l’argent rapidement, et ce par les moyens qui rapportent le plus : le trafic d’armes, le trafic de drogues, la prostitution et… le trafic d’animaux.

Il n’est pas possible de faire comme Samia Ghali et de tronçonner la société. Tout est lié et on ne peut pas faire comme si des questions aussi essentielles que le rapport à la Nature, aux animaux, aux végétaux, n’avait aucun rapport avec la question des drogues, ou avec absolument tout par ailleurs !