Gaïa et la surpopulation humaine

On nous pose parfois la question de la surpopulation, et il est vrai que nous n’en parlons jamais. En fait, la question de la surpopulation est tellement marquée que nous la considérons comme ne valant même pas la peine d’en parler.

Naturellement, il n’y aura pas de retour à une vie sauvage présente massivement sur la Terre sans que l’humanité ne recule sa présence, c’est une évidence.

Seulement, cela n’a pas de rapport direct avec la théorie expliquant qu’il y a surpopulation et que c’est un problème majeur.

Cette théorie, formulée par Thomas Malthus (1766–1834), n’a rien été d’autre qu’une théorie pour expliquer que si la grande masse des gens est extrêmement pauvre, c’est parce que trop d’enfants sont faits. Pour parler plus clairement : c’est la faute des pauvres s’ils sont pauvres, ils font des enfants qui ensuite sont trop nombreux adultes, etc.

Au 20ème siècle, la même théorie a été formulée au sujet de la population du tiers-monde, les « blancs » seraient « assiégés » par une horde de barbares, etc. etc. La nouvelle « La planète des singes », à l’opposé des excellents films des années 1970, se situe directement dans cette tradition.

Regardons les choses simplement. Constatons d’abord la très rapide progression de la population humaine, profitant des techniques toujours plus avancées.

Voici d’abord un tableau estimant la démographie mondiale depuis la fin de la dernière glaciation (10 000 ans environ).

Voici maintenant les estimations pour le futur de la part de l’ONU.

Mais cela n’est pas encore assez. Regardons à l’horizon 2100, avec trois variantes possibles.

Quand on voit cela, on ne peut qu’être d’accord avec le savant James Lovelock, un des théoriciens de la conception comme quoi notre planète est vivante.

Constatant les pollutions qu’amènent les humains, il explique que :

« Même avec un milliard d’humains, il serait encore possible de limiter ces pollutions. Mais vu notre nombre — près de sept milliards — et notre mode de vie actuel, elles sont intolérables. Si rien n’est tenté pour les limiter, elles tueront un grand nombre d’humains et d’autres espèces, et modifieront la planète de manière irréversible. »

Lovelock est par contre très pessimiste, au point de privilégier les centrales nucléaires pour freiner le réchauffement climatique.

Mais tout cela témoigne d’une incompréhension de ce qu’est Gaïa en tant que tel. Si l’on dit que les humains sont trop nombreux, on considérerait en effet que les humains ne font, en quelque sorte, pas partie de Gaïa.

C’est une vision anthropocentriste, qui est d’ailleurs celle de Lovelock, sauf que dans sa vision il est possible que Gaïa fasse le ménage et se débarrasse du cancer que serait l’humanité.

Or, pour nous les humains sont des animaux. Des animaux ayant suivi un chemin particulier, porteur de destructions et de changements, mais un chemin inévitable, issu de la Nature elle-même.

La théorie primitiviste qui prône un retour en arrière est absurde, car inévitablement le processus recommencerait. De la même manière, les gens luttant contre l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et estimant qu’il faut en retourner à des petites communautés passent à côté de la question.

Est-ce que cela veut dire que les destructions et le béton, ce soit très bien ? Pas du tout, et justement.

Ce que nous pensons, c’est que l’humanité est à la croisée des chemins et doit comprendre qu’elle n’est pas indépendante de Gaïa, qu’elle est une composante.

L’humanité a amené des changements, et il va en ressortir une crise, mais de cette crise va sortir quelque chose de nouveau. Naturellement, tout cela fait beaucoup d’humains.

Mais si l’on prend l’écrivain Asimov, célébré comme le plus grand auteur de science-fiction, la crise écologique sur Terre oblige l’humanité à coloniser des planètes et à y amener la vie. A la fin du processus, on a droit à une fusion des êtres vivants sur la planète, dans Gaïa, et même Galaxia (voir notre article ici).

C’est bien sûr une vision très pessimiste pour la Terre, qui donne naissance à la vie mais devient une planète morte, alors que des centaines de milliers d’autres vont abriter la vie par la suite.

Cependant, cela a le mérite de poser les choses dans leur contexte. Gaïa n’est pas un caillou, elle évolue, elle change.

L’humanité la fait changer, mais l’humanité fait partie de Gaïa et en est issue. C’est là la clef de la question.

Donc, oui la surpopulation est une question importante, mais pas dans le sens où on le pense. C’est un problème qui appelle non pas à être supprimé, mais une solution !