PeTA condamnée pour sa campagne « l’holocauste dans votre assiette »

L’association PeTA avait tenté il y a plusieurs années de rééditer en Allemagne une de ses campagnes américaines (intitulée « l’holocause dans votre assiette ») rapprochant le meurtre des animaux dans le cadre de l’exploitation animale avec l’holocauste mené par les nazis.

L’Etat allemand avait interdit la campagne en 2009 et PeTA est allée jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme, où l’association a de nouveau perdu.

C’est une personne juive de PeTA qui avait proposé la campagne, financée par une autre personne juive, et le texte sur l’affiche fait référence au principal écrivain yiddish de l’après-guerre, Isaac Bashevis Singer, qui dans une nouvelle raconte:

« En pensée, Herman prononça l’oraison funèbre de la souris qui avait partagé une partie de sa vie avec lui et qui, à cause de lui, avait quitté ce monde. »

Que savent-ils, tous ces érudits, tous ces philosophes, tous les dirigeants de la planète, que savent-ils de quelqu’un comme toi ?

Ils se sont persuadés que l’homme, l’espèce la plus pécheresse entre toutes, est au sommet de la création. Toutes les autres créatures furent créées uniquement pour lui procurer de la nourriture, des peaux, pour être martyrisées, exterminées. Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, la vie est un éternel Treblinka. »

Voici l’information telle que relayée par le quotidien Le Figaro :

Holocauste: Peta déboutée par la CEDH

La Cour européenne des droits de l’homme a estimé aujourd’hui que l’Allemagne, au vu de son Histoire, était fondée à interdire une campagne de l’association de défense des animaux Peta comparant l’abattage d’animaux d’élevage au sort des victimes de l’Holocauste.

L’interdiction par la justice allemande de la campagne d’affichage lancée en 2004 par Peta (« People for the Ethical Treatment of Animals ») n’a pas porté atteinte à la liberté d’expression, a tranché la cour basée à Strasbourg.

Une décision saluée par le président du Conseil central des juifs d’Allemagne, principale organisation représentative de la communauté, Dieter Graumann. « Les juges ont eu raison de conclure que l’interdiction ne porte pas atteinte à la liberté d’opinion mais que cette campagne d’affichage banalise l’Holocauste de manière irresponsable », selon le dirigeant.

« Instrumentaliser ainsi l’Holocauste pour protester contre l’abattage de masse d’animaux est absolument inacceptable », a-t-il encore jugé évoquant le « manque de sensibilité incroyable » de l’organisation et son « mauvais goût » face aux victimes de la Shoah.

Cette campagne intitulée « L’Holocauste dans votre assiette », mettait en parallèle des photos de cadavres dans les camps nazis avec des images de poulets en batteries ou de porcs abattus.

Le coordonnateur des campagnes, Matt Prescott, avait alors estimé que ce qui a rendu possible l’Holocauste est le même système de pensée « qui nous autorise chaque jour à perpétrer des actes cruels à l’encontre des animaux ».

Mais le Conseil central des juifs d’Allemagne, dénonçant une initiative « monstrueuse », avait obtenu en justice son interdiction. Cette décision avait ensuite été validée par la Cour constitutionnelle, soucieuse d’éviter « la minimisation et la banalisation du sort des victimes de l’Holocauste ».

Pour les juges européens, s’il est indéniable que le sort réservé aux animaux d’élevage est un sujet « d’intérêt public », ce dossier ne peut être détaché du « contexte spécifique de l’Histoire allemande ».

La Cour a donc « accepté la position du gouvernement allemand selon laquelle il a une obligation particulière vis-à-vis des juifs d’Allemagne » et débouté l’association.

Selon les juges, Peta, connue pour ses publicités controversées, aurait pu utiliser d’autres moyens pour attirer l’attention sur la cause des animaux. L’association a trois mois pour demander un éventuel nouvel examen de sa requête par la Grande chambre de la CEDH, qui n’est toutefois pas tenue d’accéder à cette demande.

De notre côté, à LTD, nous considérons que le rapprochement, fait par exemple dans le très intéressant ouvrage de Charles Patterson, est tout à fait pertinent.

Le social-darwinisme est l’idéologie qui affirme qu’il faut écraser les « faibles », et lorsque le fascisme affirme qu’il faut l’élimination des « nuisibles », ce n’est pas pour rien qu’il utilise très souvent des métaphores animales.

De plus, affirmer cela est très important en France, pays où sont nombreux les adeptes de la « protection animale », parfois dans le giron de Brigitte Bardot qui plus est.

En Allemagne, les personnes progressistes sont contre l’affirmation de ce rapport en public, considérant que chez les gens cela contribue à relativiser le génocide nazi. Cela est tout à vrai en Allemagne, où la question animale a un grand écho social, et où le message peut facilement être « distordu. »

Mais en France, pays où est célébré le « terroir », le caractère industriel de l’exploitation animale est niée, purement et simplement, tant par les journalistes que les campagnes médiatiques de l’industrie de l’exploitation animale.

Il est donc certainement correct de dire les choses telles qu’elles sont et cela directement : l’exploitation animale va de pair avec le meurtre de masses, avec la torture d’êtres vivants.

Paradoxalement, pourtant, à LTD, nous ne montrons pratiquement jamais d’images de l’exploitation animale. Cela manque et il faudrait réaliser de notre côté des dossiers à ce sujet. Mais ce qui compte, c’est la proposition constructive, en toute conscience de l’exploitation animale.

Si nous ne sommes pas en adéquation avec les positions de la mouvance de l’action antispéciste en Allemagne, force est de constater que nous avons la même démarche de critique générale de la société selon notre perspective de refus de l’exploitation animale ou de l’exploitation en général.

Il ne s’agit pas que d’une question d’oppression, il s’agit d’un véritable système, et ce système a, dans sa substance, la même nature que l’holocauste nazi, dont les valeurs suintent d’ailleurs, et ce n’est pas pour rien, de nouveau avec la crise économique.