L’alcool et les tests sur les animaux

On nous a posé une question au sujet de l’alcool et des tests sur les animaux qui sont pratiqués en ce domaine. Nous allons répondre ici à cela, mais sans doute d’une manière qui peut surprendre.

Déjà, il faut savoir qu’un nombre très important d’alcools contiennent des produits issus de l’exploitation animale. Sur le net, on peut trouver des listes donnant les alcools végétaliens.

Seulement, il y a autre chose qu’il faut voir, donc, les tests sur les animaux. Et ce qu’il faut comprendre, c’est que tout est testé. Les expériences sur les animaux font partie du b-a-BA de la « science » dominante.

Il suffit de jeter un coup d’oeil aux rapports scientifiques publiés dans les principales revues, comme Science ou Cell, on y voit aisément que l’expérimentation sur les animaux est pratiquement systématique.

Tout « problème » humain analysé est marqué par l’expérimentation animale ; il y a quelques mois les médias se faisaient « les choux gras » au sujet des « mouches mâles de la drosophile frustrées de ne pouvoir s’accoupler » qui « trouvent une consolation dans une alimentation riche en alcool » !

Pour voir à quoi cela ressemble, voici un extrait d’un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM).

On peut lire une prose pseudo scientifique tentant de s’auto-justifier en prétendant analyser les degrés de « vulnérabilité » individuelle à l’alcool.

C’est-à-dire que cette recherche ne sert à strictement à rien, ou alors il faudrait faire des études des réactions individuelles pour absolument tout et n’importe quoi, pour savoir le degré de vulnérabilité si l’on est jeté dans la lave, précipité dans un gouffre, atteint de la peste bubonique, etc.

Sans compter, et c’est là le principal, que l’alcoolisme est un problème social et non pas une simple question de « vulnérabilité individuelle. »

Ici on voit bien à quoi servent les expériences sur les animaux : criminelles et inutiles, elles servent à justifier l’idéologie dominante.

Modèles animaux pour l’étude des relations entre consommation et stress

L’un des objectifs des recherches actuelles qui s’adressent aux modèles animaux est de mettre en évidence les mécanismes neurobiologiques systémiques, cellulaires et moléculaires qui contribuent à la consommation d’alcool, en particulier au niveau des systèmes motivationnels.

L’usage de l’alcool peut résulter de ses propriétés de renforcement positif, voire de plaisir (effets gustatifs et pharmacologiques centraux), de son action sur l’humeur (propriétés euphorisantes), de l’amélioration des états émotionnels négatifs (action anxiolytique) et de la cessation des états aversifs engendrés par la privation d’alcool (sevrage).

Dans cette perspective, l’étude des relations entre stress et consommation d’alcool est particulièrement pertinente, en raison de leurs interactions nombreuses, tant au niveau psychologique que biologique. Ces relations peuvent être envisagées de nombreux points de vue parmi lesquels trois questions principales se dégagent.

• Existe-t-il des relations entre les caractéristiques individuelles de réactivité au stress et la consommation d’alcool ?

• Les situations de stress influencent-elles la consommation d’alcool ? L’alcool influence-t-il les réponses de stress ?

• Quel est le rôle des systèmes dopaminergiques qui sont à la fois très réactifs au stress et impliqués dans les processus de renforcement positif  ?

Réactivité comportementale au stress et consommation d’alcool

Les relations entre la réactivité émotionnelle et comportementale des animaux étudiés et leur consommation d’alcool présentent des variations à la fois individuelles et entre les différentes souches.

Différences individuelles

Les variations interindividuelles de consommation d’alcool sont larges et plusieurs études ont recherché les traits de réactivité émotionnelle associés.

C’est ainsi que Spanagel et coll. (1995) ont montré que les rats les plus anxieux dans un labyrinthe en croix surélevé boivent plus d’alcool que les non anxieux. En revanche, Sandbak et Murison (1996) sont arrivés à la conclusion inverse en évaluant l’anxiété à l’aide d’un autre test (defensive burying).

Chez les primates non humains, Higley et Bennett (1999) retrouvent des typologies proches de celles décrites chez l’homme par Cloninger (1987). La consommation d’alcool est plus importante chez les animaux les plus anxieux et sensibles au stress, d’une part (alcoolisme de type I), et chez les animaux qui montrent le plus d’impulsivité et d’agression sociale, d’autre part (alcoolisme de type II).

Variations génétiques

Certaines souches d’animaux de laboratoire qui diffèrent pour leur réactivité comportementale à des stimulations aversives divergent aussi pour leur consommation d’alcool. Il faut cependant mentionner la difficulté de bien définir actuellement la réactivité émotionnelle des animaux. En effet, les modèles multidimensionnels développés par les psychologues sont encore peu utilisés en psychologie expérimentale (Ramos et Mormède, 1998).

Le but est de rechercher des modèles qui correspondraient aux différents « types » d’alcoolisme décrits chez l’homme (Cloninger, 1987), afin d’en analyser les mécanismes psychobiologiques et neurochimiques.

Des souches d’animaux de laboratoire sélectionnées sur la base de leur réactivité comportementale divergent aussi pour leur consommation d’alcool. Par exemple, les lignées de rats Roman high- (RHA) et low- (RLA) avoidance ont été sélectionnées selon leur performance dans un test d’évitement actif. Ces

souches diffèrent pour leur consommation d’alcool (RHA > RLA) mais aussi pour leur préférence vis-à-vis de la quinine.

Alors que pour les RLA, la quinine est aversive en raison de son goût amer, les rats RHA préfèrent une solution de quinine à l’eau. Ces animaux ont d’ailleurs des caractéristiques de « chercheurs de sensations ». Les rats « Wistar Kyoto » (WKY) et « Wistar Kyoto Hyperactifs » (WKHA) ont été sélectionnés pour leur comportement locomoteur en environnement nouveau.

Les WKHA sont plus renforcés par la saccharine (Razafimanalina et coll. 1996) et boivent plus d’alcool en administration forcée ou en libre choix. Cependant, les données divergent selon les auteurs pour ce qui concerne la consommation d’alcool par les WKY (Paré et coll., 1999 ; Cailhol et Mormède, 2000, 2001, 2002), selon le sexe, le protocole d’alcoolisation et probablement d’autres facteurs non contrôlés.

Cette difficulté à caractériser les comportements de consommation d’alcool sont bien illustrés par les travaux menés avec les souches de rats Maudsley Modèles animaux pour l’étude des relations entre consommation et stress sélectionnées en open field pour leur niveau de défécation, supposé proportionnel à leur réactivité émotionnelle.

La souche « Maudsley reactive » à défécation élevée, consomme spontanément de grandes quantités d’alcool, par rapport à la souche « Maudsley non reactive » (Satinder, 1975 ; Adams et coll., 1991). Cependant, des divergences existent dans la littérature et un travail récent de Adams et coll. (2001) sur ces souches et plusieurs souches recombinantes consanguines issues de celles-ci montre l’importance des facteurs de procédure dans les différences entre ces souches et entre les sexes.

Pour répondre donc à la question : oui, l’alcool est testé. On peut arguer bien entendu que les pseudos scientifiques pratiquent les expériences sur les animaux pour tout problème de santé publique, que l’achat d’alcool (végétalien) ne participe pas à cela, ou en tout cas pas plus que d’acheter des cartouches d’encre pour un stylo plume, vu que l’encre est testé aussi.

C’est là, cependant, passer à côté de la question de la Nature : l’alcool produit des ravages pour la santé. L’alcool est un énorme problème de santé publique, et boire de l’alcool en public c’est cautionner cela.

De par la nature de l’alcool, en boire signifie également chercher une ivresse, quelque chose manquant au corps qui serait insuffisant dans sa forme naturelle, par ses sensations. Boire de l’alcool seul dans son coin, c’est également affirmer, à soi-même, un manque.

Et toute situation fondée sur le manque amène à bouleverser la nature du corps, à poser un problème de santé, et inévitablement la réponse des organismes de santé publique sera des tests sur les animaux pour tenter de comprendre à partir de la seule perspective individuelle.