Qatar 2012: la conférence de l’ONU sur le réchauffement climatique

Aujourd’hui se termine la conférence de l’ONU sur le climat, et nous parlerons des décisions prises. Mais cela promet d’être quelque chose d’assez terrible quand on voit à quoi ressemble cette conférence…

Elle se déroule en effet au Qatar, pays de presque 2 millions de personnes où le taux d’émission de Co2 par personne est le plus haut du monde.

25 0000 personnes participent au congrès, venant de 194 pays. Voyageant par avion, cela signifie la production de 130 000 tonnes de Co2. Déjà, chacune des personnes produit individuellement rien qu’avec cela autant qu’une personne du Mali en cinq années.

A cela s’ajoute les taxis, bus, limousines, etc. Soit 200 tonnes de plus. Naturellement, il faut également de la lumière et surtout de la climatisation. On ajoute donc 3 500 tonnes de Co2.

On ajoute 800 tonnes de Co2 avec la nourriture, et 1800 autres tonnes pour les hôtels (douches, climatisation, rafraîchissements, etc.).

Cela donne 136 300 tonnes de Co2. En Europe de l’Ouest, chaque personne émet à peu près 8 tonnes par an.

Au Qatar, par contre, le chiffre par personne est de 38 tonnes… C’est un pays de limousines (20 cents le litre d’essence), de buildings et de centres commerciaux climatisés. Une catastrophe en lien direct avec notre mode de vie en Europe de l’Ouest, imposé par les grands producteurs d’énergie, mais également la société de consommation en général.

La conférence sur le climat au Qatar est donc une vaste blague, et ce ne sont pas les fauteuils et les tables en carton recyclé qui vont changer grand chose à cela !

On peut également se demander où est la crédibilité du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a appelé à « gagner la course contre la montre et vaincre le réchauffement. » Surtout qu’on sait déjà que le réchauffement sera là (et est là), reste à savoir dans quelle mesure.

D’ailleurs Ban Ki-Moon a rappelé le problème, en disant : « Les pays développés doivent conduire la lutte contre le changement climatique. Ils ont l’argent, les technologies et portent une responsabilité historique. »

Car les pays les plus développés s’en moquent afin de ne pas remettre en cause leur modèle, et les pays se « développant » considèrent qu’ils ont le droit de se développer suivant ce même modèle, quitte à contribuer au réchauffement climatique, et quitte à subir de lourds problèmes : rien qu’en Chine, ce sont pas moins d’officiellement 340 millions de personnes qui ont été touchées par des événements climatiques extrêmes.

D’ailleurs, la conférence est censée organiser un protocole « Kyoto 2 », or sont seulement prêts à le signer des pays qui ne représentent que 15% des gaz à effet de serre globaux ! Rappelons qu’entre 2000 et 2011, la croissance de ces gaz a été de plus de 3 % par an…

On est bien parti pour avoir une hausse de la température qui pourrait excéder 5°C en 2100, alors que rien qu’une hausse de 2°C, qui est l’objectif de l’ONU, est déjà considérée comme le seuil maximum pour éviter de grosses catastrophes.

Le véritable problème à l’arrière-plan, c’est le modèle de développement, déséquilibré, fondé sur une production gigantesque et chaotique de marchandises juste pour satisfaire une course aux profits.

Dans ce panorama, les pays les plus actifs sont ceux qui vont être confrontés directement et à moyen terme, notamment ceux regroupés dans l’Alliance des petites îles, dont l’acronyme est AOSIS en anglais (Alliance of Small Island States).

L’AOSIS compte 43 membres et observateurs du monde entier, dont 37 sont membres des Nations unies, soit 28 % des pays en développement et 20 % de tous les pays membres de l’ONU, pour un peu moins de 1 % de la population mondiale.

Voici une liste des pays concernés, pour avoir un aperçu.

Les pays de l’AOSIS veulent par exemple que Kyoto 2 ne soit valable que cinq ans, afin de pouvoir relancer un processus d’exigences par la suite, alors que l’Union Européenne veut « figer » les choses pour huit ans.

C’est très révélateur, parce qu’ici en France on nous présente l’Union Européenne comme un « modèle » face aux « vilains » Américains, alors qu’en réalité l’Union Européenne essaie surtout de se moderniser et de pratiquer une sorte de protectionnisme « environnemental. » Les pays de l’AOSIS ne sont pas dupes de tout cela et même s’ils ne valent pas mieux, ils jouent leur survie et cela les empêche de faire semblant…

Récapitulons : une conférence dont personne ne parle, qui a lieu dans un pays symbole du grand n’importe quoi et de l’émission démesurée de Co2, avec seulement 15 % des émissions concernées par un accord éventuel, et encore cet accord n’ira pas loin…

Voilà la situation ; comprendre ce qu’elle exige n’est pas difficile !