Le biocentrisme est un humanisme

Le biocentrisme, c’est placer la vie au centre de la réflexion. C’est considérer que l’anthropocentrisme est erroné, que la vie en général a des droits, et pas simplement les êtres humains.

Le biocentrisme est donc une révolution intellectuelle, la négation absolue de toute religion. L’être humain n’est plus considéré comme le « meilleur » aboutissement de l’évolution de la Nature, mais comme une composante seulement de la Nature.

Le biocentrisme est ainsi un humanisme, le véritable humanisme même, parce qu’il définit l’être humain tel qu’il est vraiment. Il n’y a pas d’être humain sans Nature, les jardins à la française sont une aberration intellectuelle, car la pensée n’existe pas de manière abstraite, elle est une faculté sensible.

Le cerveau est une réalité sensible, il n’y a pas d’âme ou que ce soit du genre. Prétendre que l’humanité est supérieure, c’est prétendre que l’être humain serait d’une nature différente. La religion a prétendu cela en disant justement que les humains avaient une « âme. » Beaucoup d’autres idéologies font de même : la psychanalyse prétend qu’il y a un inconscient et que la « civilisation » permet de s’extirper de la Nature, le queer prétend qu’on peut choisir sa propre nature, sa propre identité (homme, femme, rien de cela…), etc.

On ne peut choisir rien du tout : on est ce que l’on est. L’humanité doit en terminer avec son problème d’ego, et saisir qu’elle n’est qu’une partie d’une planète vivante, en évolution. L’humanité se définit justement par sa compréhension de cette réalité, et selon nous son programme doit être la responsabilisation la plus grande.

Les opposants anthropocentristes au biocentrisme affirment que défendre la Nature, c’est nier l’humanité ; en réalité, seule l’affirmation de la Nature permet à l’être humain d’avoir un regard correct sur lui-même, car il est naturel.

Même un individu vivant dans une grande mégalopole, aliéné au point de rien aimer de naturel, vivant dans le béton et célébrant non pas la culture mais les objets de consommation, reste un être vivant, un être vivant forcément tourmenté de par un environnement aseptisé, neutralisé, statique.

La vie est mouvement, elle est rencontre, elle est formation de liens, de plus en plus constructifs. Les destructions provoquées par les humains sur la planète vont avoir comme conséquence directe un retournement de situation où l’être humain va devoir contre-intervenir contre ses propres interventions.

Cela va le façonner différemment ; après 10 000 années de guerre contre la Nature, l’être humain est arrivé au point où il doit saisir qu’il ne peut plus aller plus loin, d’ailleurs le réchauffement climatique est la crise qui le lui rappelle.

Évidemment, il y a des interprétations conservatrices du biocentrisme, qui expliquent que tout doit rester pareil, que rien ne doit changer, ou bien encore que les humains doivent se réconcilier avec la Nature… Sauf que les humains ont dès leur formation connu un rapport conflictuel avec la Nature.

En période de crise, la Nature est prise en otage par certains pour un discours romantique, qui regarde en arrière, qui veut en revenir, comme les gens de la ZAD d’ailleurs, à une sorte de monde idéalisé dans les films où l’on voit des petites communautés paysannes et artisanales, homogènes et où tout un chacun est à sa place, etc.

C’est de la fiction. De toutes manières, les humains ne peuvent pas trouver dans le passé une forme adéquate de rapport avec la Nature, même si la période avant la domestication et l’agriculture était marquée d’un rapport moins conflictuel.

D’ailleurs, les humains veulent conserver leur progrès, la culture et la capacité d’avoir celle-ci par un travail moins important, surtout alors qu’encore pour la grande majorité de l’humanité, vivre est quelque chose de très difficile.

Une société mondiale biocentriste ne pourra pas trouver un modèle dans le passé, elle ne pourra exister que comme société où l’humanité est organisée à l’échelle mondiale, organisant sa production de manière rationnelle, en accordant tout l’espace nécessaire pour que la Terre redevienne bleue et verte.

Et pour cette même raison, inévitablement l’humanité tentera la « terra-formation » d’autres planètes, pour que la vie se développe. L’humanité, comme composante d’une planète vivante, a inévitablement cette fonction de préserver et de diffuser la vie !