« Non au béton, oui au bétail » !?

Nous ne parlons plus de la lutte à Notre-Dame-des-Landes depuis que nous considérons que celle-ci a pris un tournant, disons, conservateur. Un choix peut-être discutable, car il y a des aspects positifs comme négatifs, mais qui selon nous est justifié : nous ne considérons pas comme défendable le dernier appel concernant la ZAD, avec une conférence de presse à la clef.

Le mot d’ordre : « Non au béton, oui au bétail »…

Voici ce que cela dit :

[ZAD] Mobilisation à la Ferme de Bellevue

Voici un appel de la Confédération Paysanne 44

Comme vous le savez, la Ferme de Bellevue est occupée depuis lundi (lire communiqué de presse ci-dessous). Aujourd’hui, des travaux ont été entamés pour la remettre en état, mais il y aura encore besoin d’un coup de main demain !

C’est pourquoi nous appelons tous ceux qui le peuvent à se rendre demain, samedi 2 février sur la Ferme de Bellevue à Notre Dame des Landes, avec des pelles, des brouettes, … La Ferme doit être remise en état pour l’arrivée des animaux le lendemain et c’est notre rôle de le faire.

Vous êtes également invités à venir pour la réintroduction des animaux ce dimanche 3 février, à partir de 12h00.

Merci d’avance pour votre mobilisation.

Le Secrétariat de la Conf’ 44

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport (COPAIN), occupe depuis lundi, la ferme de Bellevue libérée la veille. Cette occupation la protège de sa démolition et de son démantèlement afin qu’elle garde son potentiel de production en attendant l’arrêt du projet.

C’est dans une démarche constructive qu’un jeune paysan s’est déclaré résidant et actif dans la ferme et qu’une réintroduction d’animaux (vaches, moutons, poules) va se faire dimanche 3 février et nous vous invitons à une conférence de presse lors de l’arrivée des animaux, dimanche à 12h sur le site de « Bellevue ».

Une conférence de presse organisée lors de l’arrivée des animaux condamnés à l’exploitation et à la mort, c’est une apologie ouverte de l’exploitation animale. Ce n’est pas parce que c’est en mode « petite entreprise », voire « petite entreprise individuelle », que cela en serait défendable.

On peut voir ici une vidéo de cette conférence de presse, avec des fermiers rigolards, « fiers » de « leurs » animaux. Des vaches ont même eu à subir des taggages anti-Vinci.

Cela se veut rebelle et cela fait défiler devant les journalistes des vaches avec des étiquettes…

Il ne s’agit pas d’opposer une lutte quelconque à la lutte pour la libération animale, il ne s’agit pas de sectarisme, mais simplement de voir qu’une lutte authentique exprime l’universalisme. Et qu’y a-t-il d’universaliste à exposer des animaux exploités devant des journalistes ?

Pour parler, qui plus est, de « potentiel de production », pour proposer comme modèle l’exploitation animale locale… Qui inévitablement, se transformerait de toutes manières en exploitation industrielle, comme en témoigne l’histoire. Le gros capitalisme vient du petit capitalisme ; il n’est pas difficile de comprendre que la concurrence, l’esprit d’accumulation, etc. aboutit inévitablement à ce que les petites entreprises donnent naissance à quelques grosses entreprises !

Il est temps de dire stop, il n’est certainement pas temps de revenir en arrière et de tout recommencer à zéro. C’est pourtant, comme nous l’avons dit, l’esprit désormais dominant, constitutif de l’esprit de la lutte à Notre-Dame-des-Landes.

L’ACIPA – Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes – soutient d’ailleurs la ferme, expliquant benoîtement :

« L’ACIPA apporte son soutien sans réserve, au COPAIN (Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’Aéroport) pour le maintien des activités paysannes sur le site de la ferme de Bellevue.

Ce beau corps de ferme, dans son environnement bocager exceptionnel, était voué à la destruction par AGO/Vinci, de même que le site de l’ancienne ferme de Saint Jean du Tertre rasé en toute hâte récemment, bafouant ainsi la période de trêve souhaitée par la « commission du dialogue ».

Nous nous engageons avec nos adhérents et sympathisants à venir défendre ce site autour du COPAIN, en participant au maximum de nos possibilités, tant matérielles que morales, à la reprise d’activités paysannes. »

Tout cela est une preuve indiscutable du caractère de la lutte à Notre-Dame-des-Landes. Ce n’est pas une lutte pour changer le monde, ce n’est même pas une lutte « contre ce monde », c’est une lutte pour revenir en arrière.