Le soi-disant « Grumpy Cat »

Nous avions déjà parlé des chats qui sont les rois d’internet (Les chats et leur succès sur internet). Et naturellement, l’engouement populaire a été récupéré par le business.

Les « lolcats » (bien évidemment contraction de LOL et de cats) sont organisés par des entreprises. Un blog comme Can Has Cheezburger? (http://icanhas.cheezburger.com) fait 500 000 visites par jour, et avait été vendu deux millions de dollars en 2007 (il avait alors 1,5 millions de visites quotidiennes).

Le dernier exemple est assez terrible. Un chat dénommé Tardar Sauce, c’est-à-dire « sauce tartare », est devenu un phénomène sur internet, sous le nom de « grumpy cat », chat grincheux. En réalité, cette pauvre chatte qui n’a même pas un an n’est pas du tout grincheuse, elle aurait en réalité une malformation ou une maladie, sans doute un nanisme facial.

Et dans l’ambiance sordide et pseudo-humoristique du moment, son image est régulièrement utilisée pour les « memes », les images au commentaire comique que l’on trouve notamment sur la plate-forme Tumblr.

Par exemple, sur l’image suivante, avec l’image du chat on lit : « Je me suis amusé une fois, c’était horrible. »

Sur celle-ci, on lit : « Chose que j’aime? Rien. »

Sur l’image suivante, on lit: « Amis? Je préfère terme ennemi je hais moins. »

Sur celle-ci, où on voit bien le déguisement imposé au chat qui est très révélateur, on lit un jeu de mot: au lieu de « joyeux Noël » (Merry Christmas), on a « joyeux embrasse mon cul. »

On a compris que ces blagues sont lamentables; quand on lit « Une guerre nucléaire ? Bien » avec un pauvre chat dessus, on ne peut qu’être atterré. Ce pauvre chat est utilisé pour un humour noir,  des blagues se voulant délirantes mais en fait glauques.

Un dernier exemple, avec ce « Tout ceux que tu as pu connaître sont morts. Bien. »

Ce qui s’est passé, c’est que des photos du chat ont été mises en ligne fin septembre 2012. C’est devenu instantanément un phénomène internet, sur l’interface Imgur l’image a eu plus d’un million de vues dès les premières 48 heures.

En quatre jours, tous les sites américains à prétention humoristique l’avait repris, et alors est immédiatement apparu le site Grumpycats.com, avec des images, des vidéos, etc. Le twitter @GrumpyCatTard fut créé une semaine après.

En ce moment le pauvre chat doit être à présent à Austin au Texas, à l’occasion du South By Southwest Interactive conference (SXSW), un important festival de musique, de film, de médias internet, etc.

Ses « propriétaires » ne se contentent donc pas de faire du business dès la reprise de l’image du chat ; payés par le blog Mashable, ils l’amènent pendant la durée du festival, où les hipsters alcoolisés et les visiteurs sans cœur peuvent venir se prendre en photo avec le pauvre chat qui doit subir les mains inconnues, les lumières, le bruit, l’impossibilité de partir quand ça lui chante, etc.

PeTA a considéré que c’était acceptable, ce qui montre la faillite de PeTA, même plus capable d’assumer le b-a-BA. Car en théorie le chat ne peut pas être touché et ne peut être pris en photo que pendant une heure, puis il aurait droit à une pause.

En pratique, le net dispose déjà de nombreuses photos de personnes souriant de manière totalement stupide en prenant d’une main le pauvre chat pour le rapprocher d’eux.

Comme on le voit, l’exploitation animale a beaucoup de facettes. Mais il est également impressionnant de voir comment un pauvre chat est utilisé pour mettre en avant un esprit glauque, triste et se voulant pourtant marrant. On est là au-delà du minable, déjà dans la maltraitance, le glauque.