Comme on le sait, Cécile Duflot, grande figure d’Europe écologie les verts, est ministre de l’Egalité des Territoires et du Logement.
Or, justement, François Hollande a annoncé hier des mesures concernant le logement. A cette occasion, lui et Duflot sont allés à la ZAC (zone d’aménagement concerté) d’Alfortville dans le Val-de-Marne).
Cette ZAC, ensemble de bureaux et de logements sociaux, a mis 13 ans à se construire, se terminant l’année dernière ; Hollande et Duflot sont allés à la rencontre de la population locale, allant taper l’apéro chez les gens, avec même Hollande répondant une à nounou inquiète de savoir où est passé l’enfant qu’elle surveillait : « Ah, retrouvez-le, sinon on va encore dire que je suis responsable. »
Tout cela est évidemment de la politique traditionnelle (et minable), mais quel rapport avec l’écologie ? Eh bien justement, Hollande et Duflot ont donné un blanc-seing aux promoteurs.
Car naturellement, il y a un énorme problème de logements sociaux. Sauf que le problème est aussi que la France est un pays de petits propriétaires, avec une urbanisation s’étalant de plus en plus.
Tout cela ne peut pas être abordé bien entendu, par respect pour la propriété. La Nature doit donc affronter une autre offensive : celle des bétonneurs au nom du « social », alors qu’évidemment les populations les plus pauvres n’en profiteront pas.
Voici un exemple de ce que dit le document du gouvernement sur les mesures, pour que l’on voit l’ampleur des mesures prises :
La priorité du gouvernement de développer massivement l’offre de logement n’est envisageable que dans le respect des objectifs de la transition écologique. Au-delà des prescriptions, qui peuvent être renforcées en matière de performance énergétique du bâti, de limitation de l’imperméabilisation des sols, de densité et de qualité de la forme urbaine, d’autres initiatives doivent être soutenues :
– les initiatives privées permettant par exemple la transformation des tissus urbains peu denses, notamment pavillonnaires qui peuvent jouer un rôle massif dans un contexte d’évolution de la ville sur elle-même ;
– l’initiative publique dans les opérations d’aménagement, et notamment les ZAC, qui est un moyen de porter des ambitions vertueuses sur de grandes portions de territoire et de contrôler leur mise en œuvre, par des opérateurs publics (EPA, SPLA, SEM) ou dans le cadre de concessions à des opérateurs privés agissant sous commande publique
En langage normal, cela signifie : fini les zones pavillonnaires en périphérie des villes, car la ville s’agrandit et doit donc récupérer ces zones en en profitant pour les densifier.
Et aussi : bétonnage massif avec financement massif des entreprises privées, qui géreront selon leurs besoins.
Parmi les mesures prises, Hollande et Duflot comptent ainsi aussi diviser par trois les délais de procédure et par deux celui du traitement des contentieux, par exemple en sanctionnant financièrement plus durement les recours abusifs contre les permis de construire.
A côté de cela, la promulgation de nouvelles normes techniques sera tout simplement suspendue pendant deux ans, afin de laisser les bétonneurs aller « plus vite. » Ce n’est pas tout, les règles d’urbanisme seront « temporairement » assouplies afin de faciliter les constructions…
Voici un exemple du document officiel du gouvernement, un exemple parfaitement démagogique :
Un exemple concret
Prenons le cas d’un projet d’écoquartier, qui empièterait sur une zone déclarée inconstructible en raison de cavités souterraines. L’aménageur prévoit de combler la cavité afin de pouvoir réaliser son projet.
Les procédures actuelles nécessitent que soient révisés le plan de prévention des risques (PPR), le plan local d’urbanisme (PLU), voire le schéma de cohérence territoriale (Scot) : il faut compter au moins un an et demi. Avec les dispositions qui seront prises par ordonnance, la déclaration de projet simplifiera les procédures (adaptation du PPR et du PLU) et divisera par trois les délais (6 mois).
Non seulement, ce ne seront pas des écoquartiers qui seront construits, mais qui plus est cela signifie que l’État s’efface devant les exigences commerciales des bétonneurs.
C’est très parlant quand on sait que, comme le reconnaît le gouvernement, « plus de 2,5 millions de m² de bureaux sont vacants en Île-de-France, dont 500 000 m² le sont depuis 4 ans et plus. »
Par conséquent, le gouvernement veut aider à ce que ces bureaux soient transformés en appartements… ce qui est une sacrée conception de l’architecture, au nom de l’urgence et du social !
De la même manière, les organismes HLM pourront établir des « pactes » avec l’Etat, avec une TVA intermédiaire sur les logements locatifs sociaux de 5 % au lieu de 10% (en fait encore de 7% jusqu’au 1er janvier 2014).
Est-ce que cela veut dire que les logements seront moins chers ? Non, cela veut dire que les bétonneurs auront des contrats. Car on sait bien que les organismes HLM – qui s’occupent de 17 % des logements principaux en France, mais également de construction – sont de plus en plus tournés vers le simple profit et que ce sont des gestionnaires comme les autres, à ceci près que leurs « marchandises » sont bon marché.
Finalement, on aurait pu tout résumer avec cette simple information :
(Boursier.com) — Les professionnels du Bâtiment peuvent être contents ! Les 20 mesures du plan d’investissement pour le logement présentées ce jeudi par le Président de la République, François Hollande, reprennent bon nombre de leurs revendications.
Tout pour les bétonneurs, rien pour la Nature, et tout cela au nom des pauvres : c’est un sacré tour de passe-passe.
Pareillement, il va y avoir pour les particuliers une aide de 1350 euros par opération de rénovation thermique, d’avril 2013 jusqu’à mi-2015, l’opération totale devant être de 1800 euros. Or, quelle partie de la population peut se permettre de placer 450 euros là dedans avec la crise ? Sans compter que cela ne s’adresse qu’aux propriétaires…
Tout cela est de la blague. Il faut se forcer pour y croire, ce que dit justement France nature environnement, qui est d’accord avec ce plan « d’urgence » si cela ne se fait pas « au détriment de l’environnement. »
Et dans un grand discours plein de langue de bois et d’auto-intoxication, l’association raconte :
« La densification de l’habitat est souhaitable à condition de la réaliser dans les règles de l’art et si l’Etat lutte simultanément contre l’étalement urbain et le mitage.
De la même manière, Il est bon de vouloir lutter contre les recours mafieux à condition que cela n’entrave pas les recours légitimes des défenseurs de la nature et d’un urbanisme à visage humain.
Enfin, nous regrettons que la baisse de la TVA ne concerne que le secteur de la construction alors que la réhabilitation constitue le plus gros potentiel pour ce qui est de l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le bâtiment. »
Le mot est lâché : mafieux. Les bétonneurs forment une force de frappe terrible contre la Nature, mais aussi contre les humains qui dépendent d’eux pour se loger. Il n’y a pas ici à tergiverser: il faut mettre par terre tout cela et tout changer. C’est l’écologie radicale qui doit être le critère, l’épanouissement dans la Nature, et non le profit coulé dans le béton!