Nous avons beaucoup parlé de la ZAD sur LTD, en allant cependant toujours plus en direction d’un questionnement de fond. Cela pouvait sembler abstrait. A d’autant plus de valeur cette évaluation de la question de la lutte sur la ZAD de la part de gaRENNES; chaque phrase est véritablement soupesée, afin de toucher la substance même de la question, et cela toujours du point de vue concret.
Un point sur la lutte à Notre Dame Des Landes
Le projet d’aéroport à Notre Dame Des Landes va dans le sens de la concurrence de Nantes avec d’autres villes de même envergure.
Vinci (un des trois grands groupes de Batiments et Travaux Publics en France) profiterait de nouveaux revenus par la construction de l’aéroport et d’infrastructures (barreau routier, tram-train) et la gestion de l’aéroport.
Le site de Bouguenais (Sud de Nantes), serait lui en partie attribué à des opérations de promotion immobilière qui étendraient la ville par le sud.
Le camp action climat sur la ZAD (Zone à Défendre) en 2009 mettait en relation cette lutte, axée principalement sur la défense des terres agricoles avec l’enjeu écologique du réchauffement climatique et dans une perspective globale de changement social et écologique.
Peu à peu, la promotion d’une autonomie vis-à-vis du reste de la société a pris le pas sur le reste.
Aujourd’hui, l’auto-production alimentaire occupe une place importante sur la ZAD et la prochaine grande action (“Sème Ta ZAD“) est basée sur la mise en culture des terres.
Depuis les expulsions d’octobre 2012, la lutte a attiré beaucoup de personnes de milieux alternatifs, contestataires, sans briser un isolement relatif vis-à-vis d’une part importante de la population locale.
Sur place, la lutte est essentiellement soutenue par des exploitantEs agricoles, éleveurEUSEs, habitantEs déjà engagé ou sympathisantEs.
Si la ZAD refuse différentes formes d’oppression, cela ne se vérifie pas forcément sur place.
Seule une minorité a activement lutté contre les comportements sexistes et homophobes (injures au flics pour se “défouler”, mises à l’écart lors de constructions, agressions sexuelles…).
L’opposition à un certain mépris de la Nature reste encore peu écouté (pas de vraie gestion des déchets, défrichage massif, coupe d’arbres vivants pour les barricades). Le refus de l’exploitation des animaux reste aussi un “choix personnel”.
Vouloir “construire une alternative” surtout basée sur une culture paysanne (presque disparue) empêche de faire face aux problèmes que pose le capitalisme dans cette lutte.
Après avoir contraint les paysans à aller en ville, les capitalistes relèguent les classes populaires dans des zones pavillonnaires sans vrai contact avec la Nature et éloignées de l’activité culturelle des villes.
Ils bétonnent des espaces naturels restants et des campagnes déjà transformées par l’industrie agro-alimentaire.
Sur la ZAD, le peu de coordination entre différents lieux et projets ne permet pas non plus de confrontation réelle au niveau collectif qui permettrait de dépasser cette situation.
Il est toujours possible de soutenir les projets qui ont des bases claires (refusant réellement les logiques capitalistes, racistes, patriarcales, dont le mépris pour la Nature et les animaux). Par contre, sans une remise en question des aspects réactionnaires que porte la ZAD, il n’est plus possible de soutenir la lutte dans son ensemble.