« Est-ce un péché de mettre à mort les animaux et même les plantes? »

Nous avons déjà parlé régulièrement des religions, et puisque en ce moment c’est le catholicisme qui est à l’offensive, autant rappeler certaines vérités.

Voici un extrait de la Somme théologique, œuvre écrite à la fin du 13ème siècle par Thomas d’Aquin.

Thomas d’Aquin est plus qu’un « saint », c’est un « père de l’Eglise » ; la « somme théologique », qui fait deux millions de mots, est un « classique » dont les valeurs sont incontournables quand on est catholique (romain).

Nous soulignons cela, car le catholicisme, comme toutes les religions, prétend représenter la vraie compassion. Cela n’est bien entendu pas vrai.

On remarquera également que ce que dit Thomas d’Aquin correspond exactement à ce que pensent bon nombre de gens s’imaginant athée…

ARTICLE 1: Est-ce un péché de mettre à mort les animaux et même les plantes?

Objections:

1. Il semble qu’il soit illicite de tuer n’importe quel être vivant. En effet, S. Paul écrivait aux Romains (13, 2): « Celui qui résiste à l’ordre voulu de Dieu, attire sur lui-même la condamnation. » Or c’est l’ordre providentiel qui conserve tous les êtres en vie, selon ce mot du Psaume (147, 8): « Dieu fait croître l’herbe sur les montagnes et donne au bétail leur nourriture. » Donner la mort à un être doué de vie est donc illicite.

2. L’homicide est un péché parce qu’il prive un homme de la vie. La vie est commune à tous les animaux et à toutes les plantes. Il semble donc que pour la même raison ce soit un péché de tuer des animaux et des plantes.

3. La loi divine ne fixe de peine déterminée que pour le péché. Or elle établit une peine déterminée pour celui qui tue le boeuf ou la brebis d’autrui, comme le montre l’Exode (22, 1). Donc le meurtre des animaux est un péché.

Cependant, S. Augustin déclare « Quand nous entendons le précepte « Tu ne tueras pas », nous ne croyons pas que cela concerne les arbres fruitiers, qui n’ont aucun sentiment, ni les animaux, qui n’ont pas la raison en commun avec nous. C’est donc de l’homme qu’il faut entendre cette parole: « Tu ne tueras pas. » »

Conclusion:

On ne pèche pas en utilisant une chose en vue de la fin pour laquelle elle existe. Or, dans la hiérarchie des êtres, ceux qui sont imparfaits sont créés pour les parfaits; comme aussi dans la génération d’un seul être, la nature va de l’imparfait au parfait.

De même donc que dans la génération de l’homme ce qui existe d’abord c’est ce qui a vie, puis un animal et en dernier lieu l’homme; ainsi les êtres qui n’ont que la vie, comme les végétaux, existent tous ensemble pour tous les animaux, et les animaux eux-mêmes existent pour l’homme.

Voilà pourquoi, si l’homme se sert des plantes pour l’usage des animaux, et des animaux pour son propre usage, ce n’est pas illicite, comme le montre déjà Aristote.

Parmi tous les usages possibles, le plus nécessaire est que les plantes servent de nourriture aux animaux, et les animaux à l’homme, ce qui comporte inévitablement leur mise à mort. Voilà pourquoi il est permis de tuer des plantes pour l’usage des animaux et des animaux pour l’usage de l’homme, en vertu de l’ordre divin.

Car on lit dans la Genèse (1, 29): « Voici que je vous donne toutes les herbes et tous les arbres; ce sera votre nourriture, et tous les animaux… »; et encore (9, 3): « Tout ce qui se meut et tout ce qui vit vous servira de nourritures. »

Solutions:

1. Si l’ordre divin conserve la vie des animaux et des plantes, ce n’est pas pour elle-même, mais pour l’homme. Aussi S. Augustin peut-il écrire: « Par la disposition très juste du Créateur, la vie et la mort de ces êtres sont à notre service. »

2. Les bêtes et les plantes ne possèdent pas cette vie rationnelle qui leur permettrait de se conduire par eux-mêmes; ils sont toujours menés par l’instinct naturel comme par une force étrangère. C’est là le signe qu’ils sont par nature esclaves, et destinés à l’usage d’autres êtres.

3. Celui qui tue le boeuf de son prochain pèche, non parce qu’il tue un boeuf, mais parce qu’il porte préjudice à autrui dans ses biens. Ce n’est donc pas un péché de meurtre, mais de vol ou de rapine.