Les 40 ans du périphérique parisien

Les 40 ans du « périphérique parisien » sont une excellente occasion de rappeler ce dont nous ne voulons plus. Car cette construction est un condensé de tout ce qui est insupportable.

Le périphérique parisien est une voie rapide (80 km/h autorisés) de 35 km de long et de 40 m de large. Elle est empruntée par 1,1 million de véhicules par jour, ce qui en fait l’axe le plus fréquenté d’Europe !

C’est polluant, bruyant, mais c’est aussi une barrière sociale. Le périphérique a été construit sur l’emplacement des anciennes fortifications parisiennes, et il sert désormais de « frontières » avec les 29 communes avoisinantes.

« Passer le périphérique » semble impossible à beaucoup, ce qui dérange grandement les plans capitalistes d’un « grand Paris » (en surface, Paris intra-muros est bien plus petite que les autres « grandes villes »).

Et évidemment les abords du périphérique sont pour les pauvres, qui se tapent la pollution. Le journal Le Monde donne des informations assez folles sur le mélange pollution / grand nombre de crèches, d’écoles, de stades… Et même du « Parc des princes », construit en même temps que le périphérique…

Principale nuisance pour les 100 000 riverains qui vivent à moins de 200 m du boulevard périphérique : des concentrations de polluants atmosphériques qui dépassent deux, trois ou quatre fois les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Airparif, l’association de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, a ainsi relevé sur l’année 2012, à sa station de mesure à la porte d’Auteuil, une moyenne de 108 microgramme de dioxyde d’azote par mètre cube d’air (µg/m3), alors que la valeur limite s’établit à 40 µg/m3.

Elle a en outre enregistré 135 jours de dépassement de la valeur limite journalière de 50 µg/m3 de particules fines PM10, bien au-delà du seuil de 35 jours par an.

« Ces taux entraînent des problèmes sanitaires pour les riverains, notamment les personnes sensibles », explique Arthur de Pas, ingénieur chez Airparif. Or, à proximité du périphérique, les tours d’immeubles – essentiellement des HLM – côtoient pas moins de 20 crèches, 32 écoles, 11 collèges, 13 lycées, 2 hôpitaux et 27 stades.

On croit rêver : des endroits rassemblant des jeunes, des malades, des personnes sportives, qui sont établis dans des zones polluées…

Et les environs du périphérique, ses entrées-sorties, sont également des lieux où s’établissent des personnes sans abris, formant des mini favelas, donnant à l’ensemble une image assez terrible.

La mairie de Paris aurait aimé recouvrir le périphérique, mais d’abord cela coûterait trop cher, et de plus avec la misère, les parcs qui seraient mis en place deviendraient des refuges pour les sans abris, ce que la mairie veut éviter, bien entendu.

Il y a en fait un précèdent : dans la seconde partie du 19e siècle, les fortifications avaient été abandonnées, et c’est devenu « la zone », avec des « zonards » vivant dans des bidonvilles…

Une terrible preuve qu’on en revient à cette époque, avec un capitalisme moribond tentant de se sauver en engloutissant la Nature.

Car en fait, la réalité capitaliste du travail fait que les voyages sont innombrables, une obligation, même si bien entendu les bobos aimeraient disposer de la ville pour eux seulement…

Voici la carte de la construction en plusieurs années du périphérique, et en-dessous la carte actuelle des liaisons du périphérique avec d’autres routes…

Donc soit on change tout, soit tout s’effondre: le périphérique, cette aberration anti-Nature, en est une preuve assez terrible !

On note avec ironie ce que disait le premier ministre Pierre Messmer, dans son Discours pour l’inauguration du dernier tronçon du boulevard périphérique de Paris, le 25 avril 1973 :

Et, puis enfin, on peut dire que c’est un succès car ce Boulevard périphérique s’est, dans l’ensemble, bien intégré dans le paysage parisien. Certes, tout n’est pas parfait, mais on peut dire que dans les sections les plus récentes et en particulier la section que nous inaugurons aujourd’hui, les ouvrages ont été réussis non seulement techniquement mais artistiquement, et l’on peut dire aussi que l’environnement a été, dans l’ensemble, sauvegardé ou à peu près reconstitué.

La seule solution est de tout changer, radicalement, de tout réorganiser, afin que le périphérique soit le lieu d’un réseau ferré, c’est la seule solution pratiquable, mais dans l’état actuel, c’est bien sûr impossible…