Une marche dans les institutions pour les « droits des animaux »…

L’association « Droits des animaux » a totalement changé de site, ce qui correspond à un changement apparent de stratégie.

Jusqu’à il y a peu de temps, cette association se voulait ultra-activiste, et son site ressemblait à cela :

Désormais, on a droit à cela :

 

L’explication qu’on peut lire est la suivante :

 « 17 avril 2013

L’association Droits des Animaux étrenne ce nouveau site plus en rapport avec ses activités. Droits des Animaux ne délaisse pas l’action sur le terrain, indispensable pour sensibiliser le public à la condition animale, mais cette action, qui prédominait sur le site précédent, ne résume pas la diversité des actions entreprises par sa petite équipe.

Au-delà de la communication médiatique, qui sans doute permet de sensibiliser le grand public à la condition faite aux animaux, mais ne conduit pas nécessairement à des améliorations concrètes, il convient d’informer plus spécifiquement les responsables politiques des enjeux de cette question de société.

C’est pourquoi, forte de son expertise, l’association Droits des Animaux entreprend-t-elle prochainement d’intervenir sur demande des personnels administratifs, politiques, associatifs etc. dans le cadre de séances de formation. Il est possible de solliciter l’association en suivant la procédure prévue à cet effet. »

On passe donc de tout un « foklore » activiste très précis (habits en noirs, etc.) à une volonté ouverte de rentrer dans les institutions.

Pourquoi LTD parle-t-il de cela, alors que nous avons toujours dit, comme en décembre 2009 par exemple, que :

La Terre d’abord est pour la libération animale. Et la libération animale, cela n’a rien à voir avec la protection animale, c’est une culture radicale, qui notons le bien n’est nullement propre à La Terre d’abord, comme le montrent par exemple les nombreux liens sur le côté du site.

On peut voir à ce sujet qu’aucun site consacré notamment au véganisme, à part LTD ne parle de ces sites là, par exemple de ce qui se passe au Chili. Justement parce qu’il s’agit de libération animale, et pas de protection animale!

Et voilà précisément ce qui dérange ce qu’on peut appeler une scène franco-française rêvant de pratiques légales, de reconnaissance médiatique, de recettes de cuisine, de publication d’ouvrages universitaires et juridiques illisibles, d’apolitisme béat, etc.

Eh bien, parce que tout simplement, quiconque lit un tant soit peu sérieusement LTD a parfaitement compris qu’il n’y avait aucune contradiction de la part de « Droit des animaux » dans ce passage de l’activisme « austère » et « juridique » à une marche ouverte dans les institutions.

Nous avons toujours expliqué que cette mouvance était à la recherche d’une reconnaissance officielle, par le biais d’une fédération « animaliste » reconnu par l’État, etc.

On peut cependant trouver un peu hypocrite que cette stratégie n’apparaisse au grand jour qu’aujourd’hui, alors qu’en fait c’était clair depuis le début quand on s’intéressait « intellectuellement » à la question.

De plus, ce passage, qui a l’air d’un retournement à 180° puisqu’on passe de gens en noir avec la culture du « hunt sabotage » au poste de conseiller juridique, est un peu forcé.

Il n’est pas un grand secret que l’association L214 a repris le relais de l’activisme en mode « hyperactif » et moraliste, tel que « DDA » (Droit des animaux) l’avait en quelque sorte lancé.

Mais revenons deux-trois ans en arrière, pour quelque chose dont nous parlions dans l’article « « Le terrorisme végétarien » et un étrange droit de réponse… ».

Ce qui s’est passé à l’époque, c’est qu’un article de la revue le Nouvel Observateur faisait le « rapprochement » entre une « journée contre le spécisme » et une action de l’ALF en Corrèze.

Strictement rien à voir disaient alors en choeur les Droits des Animaux, PeTA France, Association Végétarienne de France, L214, CLEDA, etc.

Le communiqué ne faisait pas que se dissocier de l’ALF, il parlait également de la question de la criminalisation en Autriche, tentant de construire un équivalent entre ce qui se passe en Autriche et ce qui se passe en France sur le plan « légal. »

Nous notions déjà que cela n’avait rien à voir :

En parlant d’assimilation caricaturale, le communiqué explique donc clairement que l’ALF n’a rien à voir avec le mouvement pour les animaux. C’est une position guère tenable, quel que soit le point de vue qu’on puisse avoir sur l’ALF.

Et on peut remarquer d’ailleurs que ce n’est pas du tout le point de vue des gens inculpés en Autriche. L’association VGT, la principale concernée, ne défend pas la libération animale mais le principe de réformes allant au véganisme; cela n’est pas pour autant qu’elle tient ce discours sur les « terroristes. »

Rappelons d’ailleurs comme nous l’avions dit que l’une des personnes passant au procès en Autriche est arrivée habillée d’un t-shirt avec sur le devant la photo d’une personne masquée tenant un chien Beagle, avec inscrit « Smash HLS » et au dos le slogan « I support the ALF. »

Il y a également durant ce même procès des ballons roses placées au niveau de la fenêtre de la salle, avec accroché en dessous un poster de l’extra-terrestre de la célèbre série télévisée ALF.

Car là est le cœur du problème. En fait, les partisans français de la marche dans les institutions pour les « droits des animaux » ont osé tenter de récupérer le modèle autrichien, inventant un mythe comme quoi ce serait le mouvement « légal » pour les droits des animaux qui aurait inventé la situation très favorable pour le véganisme en Autriche.

C’est là nier plus d’un siècle de mouvement en Autriche en faveur de la Nature (les « amis de la Nature »), la culture populaire progressiste, le refus généralisé du nucléaire, l’énorme culture végane dans la capitale, etc., qui a donné naissance à la scène végane.

Ainsi, si l’association « Droits des animaux » a cédé en quelque sorte la place sur le plan de « l’activisme » apparent, en réalité rien n’a changé dans l’état d’esprit d’une scène qui s’imagine changer la société française à travers des réformes, par l’intermédiaire des institutions, etc.

Ce qui signifie également, tout comme auparavant, se placer comme queue de la comète Marine Le Pen, par l’intermédiaire de Brigitte Bardot, en mode « l’avenir nous appartient » par l’intermédiaire d’un « renouvellement de la vie politique. »

C’est improductif, opportuniste, et toujours plus éloigné d’une morale stricte.