Une revue, un journal, un zine pour la libération animale?

Nous avons parlé de la revue Arkangel et comme dit nous allons parler de toute une série de journaux, revues et zines ayant pu exister, dans différents pays.

Nous voulons par contre, de manière succincte, parler de la question de savoir dans quelle mesure aujourd’hui un journal, une revue, un zine… consacré à la libération animale pourrait être utile, souhaitable, faisable.

Dans le principe, ce qu’on pourrait trouver dedans est assez facile à imaginer : des appels à des initiatives, des compte-rendus d’initiatives, des discussions, des dossiers sur des animaux et des zones naturelles, des infos sur la protection animale, sur comment s’occuper d’animaux, sur les refuges et comment les aider, des trucs et astuces pour agir de manière écologiste dans son quotidien, des recettes, etc.

Un tel projet serait, inévitablement, quelque chose de très bien, nous-mêmes avons décidé de compiler certains textes à chaque saison (ici par exemple pour l’été 2013) et c’est pour cela nous voulons présenter certains aspects pour bien voir dans quelle mesure c’est faisable, souhaitable, etc. ou pas.

Mais naturellement, il s’agit de notre point de vue, de notre côté; d’autres peuvent avoir une autre expérience, et avoir un avis différent, voyant d’autres possibilités! Dans tous les cas, si on peut faire avancer les choses, il faut bien entendu le faire, et toute expérience même ayant échouée va dans le bon sens si on en fait un bilan après et que cela sert pour la suite!

La première chose, bien entendu, est l’aspect financier. Faire une revue coûte très cher, enfin, de notre point de vue, nous n’avons pas les moyens faramineux de certains, comme les gens ayant fait VegMag, qui a lamentablement foiré malgré des soutiens (réciproques) comme Governatori, les moyens d’avoir une revue propre, régulière, etc. etc.

Il y a les frais d’impression, mais aussi et surtout de distribution : 75 % de la presse française est distribuée par Presstalis, les ex-NMPP, qui ont des exigences exorbitantes pour distribuer une revue de petite taille.

On remarquera au passage qu’il y a là une grande faillite, puisqu’à la base les NMPP étaient tenus par les syndicalistes, d’où par exemple cette anecdote donnée par wikipédia :

Fin 1991, la direction des NMPP découvre une cache d’armes de 5 000 fusils, carabines, armes de guerre avec leurs munitions dans l’un des hangars de Saint-Ouen. Ces armes, détournées lors de la faillite de Manufrance et stockées là par des ouvriers CGT en 1980, ont été clandestinement stockées au sein même des NMPP en attendant un hypothétique « Grand Soir ». La direction des NMPP alerte la justice mais s’abstient de porter plainte, le scandale est étouffé, le gouvernement négociant directement avec la CGT.

Donc, là le grand soir c’est fini et c’est par contre le grand capital : une revue ne peut plus être distribuée dans les kiosques et les librairies. C’est trop cher. Restent alors les contacts que l’on peut avoir, seulement pour qu’une revue ait un sens, il en faut directement 2000 exemplaires, et il n’y a pas les gens pour assumer de prendre chacun 150 revues et les dispatcher.

De plus, une telle revue devrait être déclarée (quelques exemplaires à chaque fois à l’Etat), et il va de soi que la répression ne tarderait pas à vite tomber si la revue marchait… Si Arkangel tenait, c’est parce qu’il y avait des gens très motivés, avec un mouvement derrière.

Or, en France, les seules personnes très motivées sont dans les refuges, et ne sont pas forcément véganes ; les véganes, de leur côté, privilégient le comportement narcissique visant à manger du chocolat vegan en pleurant sur son sort et au mieux se tourner vers des structures ultra-soft comme L214.

Les personnes véganes n’ont, dans leur grande majorité, surtout pas envie d’entendre parler de radicalité ; ils veulent du simili-carné et la tranquillité. Elles ne veulent pas avoir à voir avec l’exploitation animale (ce qui est déjà pas mal!), mais cela s’arrête là.

Il y a une tendance, générale dans la société d’ailleurs, à l’égocentrisme, la consommation pseudo-militante, d’où notre refus catégorique des choses comme Facebook, Twitter, etc. Nous ne comprenons pas comment des gens progressistes peuvent utiliser ce genre de choses égocentriques, d’un militantisme commercial et en plus fournissant à la police toutes les informations qu’elle veut !

Nous sommes peut-être des utopistes, mais nous croyons encore en l’esprit d’organisation des gens une fois qu’ils assument la maturité face à la réalité. Et nous croyons tout à fait qu’un média alternatif peut, de manière autonome et à force de travail, être un succès au moins relatif.

En quelques années, nous avons eu plus d’un million de personnes différentes sur LTD, à nos yeux c’est la preuve qu’un chemin autonome est possible, quand on y croit et qu’on se donne les moyens d’avancer. Ce que nous avons fait, d’autres peuvent le faire, il suffit de s’y mettre avec cohérence et sérieux.

Un journal, une revue, un zine… pourraient tout à fait fonctionner et avoir un succès similaire. Mais le problème est que le réseau doit être construit d’abord, alors que pour un site internet, le réseau est tout de suite là.

Tout cela pour dire donc : une revue pour exister aurait besoin d’un réseau, un réseau qui ne peut exister que par un mouvement, et un mouvement par une culture. LTD propose une culture ; nous espérons qu’il y aura un mouvement (et à petite échelle il y en a déjà un, bien sûr).

Aussi, si des gens, avec leurs conceptions, veulent faire une revue ou un zine, nous dirions plutôt : faites un blog, notamment lié à la réalité locale. C’est le premier pas pour qu’il y ait un réseau végan en France, car des groupes locaux se confrontent à la réalité, parviennent à s’ancrer dans la population. Nous avons déjà exprimé ce point de vue dans Nous avons besoin d’un mouvement !

Cela ne veut pas dire que cela soit le seul chemin possible. Mais, à nos yeux, c’est le plus réaliste.