« Trafic d’espèces illégales »: 14,2 milliards d’euros au service du crime organisé

Le « trafic d’espèces illégales » vaut 14,2 milliards d’euros, et « Une grande partie du commerce illicite est gérée par des organisations criminelles qui mènent une planification détaillée, disposent de moyens financiers importants, comprennent et utilisent les nouvelles technologies et sont souvent bien armées. »

C’est le constat de l’association internationale IFAW (Fonds International pour la Protection des Animaux), qui vient de publier un rapport à ce sujet, téléchargeable en cliquant sur l’image.

Cependant, et ce n’est guère étonnant, l’axe n’est pas la vie animale en elle-même : l’IFAW exprime la panique complète des institutions devant le rôle de ce trafic pour le crime organisé.

Les Etats « découvrent » ce trafic et ne lui accorde d’importance que parce qu’ils s’aperçoivent que les organisations criminelles, parfois « politiques » comme les Shebab en Somalie ou l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en Ouganda, s’appuient en partie dessus.

De notre point de vue, ce n’est qu’une preuve de plus de l’implosion d’une société humaine dénaturée au point même, dans son effondrement, de vouloir emporter les animaux en enfer. A moins que nous renversions la vapeur, vite, et sur tous les plans !

Voici le point de vue de l’IFAW dans un communiqué parallèle au rapport.

« Dans un rapport inédit préfacé par Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères et Nicolas Hulot, Envoyé spécial du Président pour la protection de la planète, le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) révèle aujourd’hui la menace que fait peser le trafic d’espèces sauvages sur la sécurité nationale et internationale.

En publiant le rapport La nature du crime: répercussions du commerce illicite d’espèces sauvages sur la sécurité mondiale, IFAW devient l’une des premières organisations à dénoncer publiquement les conséquences de l’intensification des pratiques de braconnage sur la sécurité à l’échelle mondiale.

« Ce rapport montre que le trafic d’espèces sauvages est aussi alarmant que le trafic de drogues, d’armes ou d’êtres humains », explique Céline Sissler-Bienvenu, Directrice France et Afrique francophone d’IFAW. « IFAW appelle donc de ses vœux un plan d’action à l’échelle de l’Union européenne similaire à ceux mis en œuvre pour lutter contre ces autres formes de criminalité. Ce serait pour l’UE le meilleur moyen de juguler ce fléau mondial. »

Selon ce même rapport, le niveau de braconnage sans précédent et les équipements de plus en plus sophistiqués dont disposent les contrebandiers témoignent irréfutablement d’une activité criminelle organisée, ce qui compromet sérieusement la sécurité des rangers chargés de la protection des animaux sauvages, mais aussi celle de communautés et de régions tout entières. Au cours des dix dernières années, plus de 1000 éco-gardes ont trouvé la mort face aux trafiquants dans 35 pays à travers le monde.

« C’est le caractère peu risqué et très rentable du trafic d’espèces sauvages qui incite les criminels à s’y livrer, d’autant que les peines encourues sont peu dissuasives », poursuit Mme Sissler-Bienvenu. « Des produits comme la corne de rhinocéros et la bile d’ours valent parfois plus que l’or ou la cocaïne, avec un retour sur investissement pouvant largement dépasser 1 000 pour cent. Rien d’étonnant, donc, à ce que les milices et autres groupes rebelles lourdement armés, les Shebab en Somalie ou l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en Ouganda tuent des animaux menacés d’extinction pour financer leurs atrocités. »

Selon Europol, le trafic d’espèces sauvages et le braconnage représentent un commerce mondial dont la valeur annuelle est comprise entre 18 et 26 milliards d’euros, soit la quatrième activité illégale la plus importante du monde après le trafic de stupéfiants, la contrefaçon et le trafic d’êtres humains.

« Un tiers des saisies d’ivoire illégal a lieu au sein de l’UE, qui serait l’un des principaux marchés destinataires des produits illicites dérivés d’espèces sauvages dans le monde », déplore Mme Sissler-Bienvenu. « Il nous incombe de sensibiliser l’opinion et d’inciter les consommateurs à réfléchir avant d’acheter des produits dérivés d’animaux sauvages menacés. »

« Outre la demande croissante de produits dérivés d’espèces sauvages, certains facteurs contribuent à la montée en puissance du commerce illicite d’espèces sauvages, et notamment les lois inadaptées, le manque de mesures répressives, l’émergence de marchés en ligne et l’apparition d’un commerce légal d’espèces sauvages. »

Et Mme Sissler-Bienvenu d’ajouter : « IFAW s’efforce de mettre un terme à ce commerce illicite en s’attaquant à chacun des maillons de la chaîne du trafic, de la source aux pays consommateurs en passant par les régions de transit. Nous estimons nécessaire une action internationale au plus haut niveau afin de sauver les espèces sauvages menacées et de rendre ce monde plus sûr pour les populations humaines. »

Dans le cadre d’une initiative internationale visant à renforcer les capacités de lutte contre ce trafic, IFAW forme les forces de l’ordre à la prévention du trafic d’espèces de faune sauvage dans de nombreux pays d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, d’Océanie et des Caraïbes. IFAW a récemment signé un mémorandum d’entente avec INTERPOL, le premier jamais signé avec une ONG par le Programme de lutte contre la criminalité environnementale d’INTERPOL. IFAW et INTERPOL ont collaboré sur de nombreux projets depuis 2005, et notamment l’année dernière, lors de la plus grande opération de lutte contre le trafic d’ivoire jamais menée à l’échelle internationale qui a abouti à 214 arrestations et à la saisie de deux tonnes d’ivoire, de 20 kg de corne de rhinocéros et de 30 armes à feu. »