Hier a commencé une « conférence environnementale », qui continue aujourd’hui. Elle est organisée par le gouvernement et consiste en une sorte de bric-à-brac censé justifier la dimension « écologiste » des décisions prises par l’Etat.
Voyons simplement ce qu’il en est, à travers le psychodrame qui s’est encore une fois déroulé chez Europe Ecologie-Les Verts.
Initialement, tout est parti de Pascal Durand, justement secrétaire national d’EELV. Il y a une semaine, il a expliqué :
« Nous avons six jours devant nous, pas plus, pas moins, pour définir la capacité qu’a ce gouvernement à intégrer le logiciel écologiste. »
Selon lui, il faudrait sinon en tirer les conséquences. EELV est en effet en panique pour trois raisons :
– la participation à un gouvernement nuit à l’image d’EELV, en particulier alors qu’il y a les élections municipales dans six mois ;
– il est évident que le Parti Socialiste se moque des propositions d’EELV ;
– le gouvernement a été habile et a réduit l’écologie à une question de taxes, rendant celle-ci d’autant plus impopulaire et donc inapplicable, ce qui arrange le gouvernement.
Une personne a ici été particulièrement sincère : Noël Mamère. Il a parfaitement compris ce qui se passe, et voici son explication dans une interview accordée à Sud-Ouest :
« Notre ultimatum a fait pschitt et il n’y pas eu besoin d’attendre six jours pour savoir que pour le Président de la République l’écologie n’est pas une priorité. Il oppose d’une certaine manière l’écologie et l’intérêt public.
Il a ouvert un piège qui est en train de se refermer sur nous qui fait passer les écologistes pour des adeptes de la taxe et de la fiscalité et des promoteurs de l’écologie punitive.
Tout cela ça veut dire que la contribution climat énergie c’est fini. Il l’a reportée. Il n’a pas mis en œuvre ce sur ce quoi il s’était engagé : une grande réforme fiscale qui inclut la fiscalité écologique (…).
On ne peut pas accepter les renoncements successifs auxquels on assiste : la taxation sur les poids lourds, c’est la victoire du lobby des transporteurs.
On est en train d’assister à la victoire du lobby du nucléaire car je ne suis pas sûr que Fessenheim ferme. On a assisté à la victoire du lobby pétrolier avec l’éviction de madame Bricq sur la recherche en Guyane.
Cela fait déjà beaucoup. Et là on renvoie la contribution climat énergie aux calendes grecques. Quel intérêt les écologistes ont-ils à rester dans un gouvernement qui passe son temps à les balancer sur le bord du chemin ? (…)
Nous sommes en train de vivre notre automne politique, je crains que nous ne passions pas l’hiver. Si on décide de rester c’est suicidaire. »
C’est on ne peut plus clair, mais bien entendu ce n’est pas la ligne des opportunistes contrôlant EELV…
Voici leurs réactions à « l’ultimatum » de Pascal Durand :
« Ce n’était pas approprié, ni équilibré » (Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au Sénat)
« La question n’est pas celle d’une mise en scène d’un départ, mais la manière dont nous portons des exigences qui orientent la majorité. » (Cécile Duflot, ministre du logement)
« On doit éviter de faire des ultimatums, parce que ce n’est pas forcément la meilleure méthode. La meilleure méthode, c’est de hausser le ton quand il faut hausser le ton mais aussi, et c’est ce qu’on est en train de faire, de discuter » (Barbara Pompili, présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale)
« Ce qui est le plus grave, c’était le côté solitaire de son discours. Personne n’était au courant de sa sortie. » (Isabelle Attard, députée du Calvados et secrétaire de la Commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée nationale)
La blague, dans cette histoire, c’est que Cécile Duflot avait préféré se reposer, en raison de son activité au gouvernement, plutôt que d’aller au conseil fédéral d’EELV, où Pascal Durand a lancé son ultimatum. C’est très parlant ! Jean-Vincent Placé n’y était pas non plus, préférant la fête de l’Humanité.
Tout cela à un moment clef, d’ailleurs Nicolas Hulot attend au tournant : le 25 septembre sort son livre « Plus haut que mes rêves », où il raconte sa « mésaventure » face à Eva Joly…
Et donc hier a commencé la Conférence environnementale. Hollande a fait un discours, et voici le commentaire incroyable de langue de bois de Jean-Philippe Magnen, porte-parole national d’EELV :
« Après plusieurs mois de tergiversations et de difficultés à traduire en actes les engagements pris lors de la première « Conférence environnementale », le discours du Président de la République ce matin permet désormais d’engager concrètement la transition énergétique. »
Tout cela parce que Hollande a raconté que d’ici 2050, il y aura une réduction de 50 % de la consommation énergétique. C’est risible.
Si on ajoute à cela un scandale à Marseille où une partie d’EELV conteste l’élection, pour elle magouillée, du député européen Karim Zeribi comme candidat aux municipales, et on a un panorama terrible.
Nous reparlerons demain de la « Conférence environnementale », mais remarquons déjà qu’EELV agonise. L’écologie est à un tournant en France.