La « conférence environnementale » s’est terminée hier ; c’était la seconde, puisque c’est la « feuille de route » annuelle du gouvernement concernant l’écologie. La première conférence avait amené Duflot à être lyrique ; il faut se souvenir de sa fameuse tirade :
« Je pèse mes mots : ce discours du Président de la République est historique et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste. »
A l’époque, nous avions critiqué bien entendu très durement tout cela, voyons ce qu’il en est aujourd’hui.
Voyons déjà une chose simple comme l’agriculture biologique, dont la consommation en France grandit de plus en plus. L’année dernière avait été promis « un nouveau plan en faveur du développement de l’agriculture biologique. » Cependant, pour le plan « agro écologie », il faudra attendre… l’année prochaine.
Et alors que le Grenelle de l’environnement avait prévu 6 % de surfaces utiles bio, on en est encore à 4 %.
C’est bien entendu révélateur. On a la même tendance dans les énergies. Pour l’instant, on sera en 2020 à 17% d’énergies durables, alors que 23 % avaient été annoncés… Ce sont surtout les productions d’éoliennes qui font défaut, leur développement ne cessant de s’effondrer.
Ce n’est pas comme cela qu’on remplacera le nucléaire! Il est vrai que ce n’est pas l’objectif du gouvernement, qui entend seulement à 50 % d’électricité nucléaire en 2025.
Seulement, même pour cela, la conférence environnementale n’a donné aucun calendrier à ce sujet… Et le problème que si on peut facilement arrêter une centrale nucléaire, la démanteler est une autre affaire… Cela se programme sur des années!
Quant à la centrale de Fessenheim, censée fermer en 2016, c’est mal parti… Car il faut un « justificatif » technique à la fermeture d’une centrale, et il faut des mois et des mois pour le produire, sans parler que derrière l’entreprise va demander des compensations…
Ayrault a d’ailleurs été très clair:
« Pendant toute la durée de vie restante de nos centrales, et tout en assurant une sécurité maximale, notre parc nucléaire sera mis à contribution. »
Tant que les centrales voient leur prolongement « sûr », alors cela continuera… Mais de quelle contribution parle-t-il dans sa phrase? Là est la subtilité: cette phrase explique que le nucléaire continuera, mais pour qu’elle passe, Ayrault parle à la fin d’une prétendue taxe que l’industrie du nucléaire paiera à la « transition énergétique »… C’est une simple manipulation…
Et il y a bien entendu,la taxe carbone, appelée « contribution climat-énergie. »
Cette taxe vise à faire en sorte que les comportements soient « meilleurs. » La consommation d’énergies polluantes va être taxée, car une partie des taxes de l’énergie sera reliée aux émissions en CO2 effectuées (pour un prix de 7 euros la tonne de CO2 en 2014, 14,50 euros en 2015, 22 euros en 2016).
Ayrault a donné des chiffres :
« En 2014, première année de mise en oeuvre, l’impact de cette composante carbone sur les carburants et le fioul domestique sera nul. Cette mesure représentera 2,5 milliards d’euros en 2015 et 4 milliards en 2016. »
La majorité de l’argent récolté ira… au financement du crédit d’impôt compétitivité emploi à destination des entreprises, et une partie ira à la transition énergétique, pour faire passer la pilule.
Et quelles sont les modalités ? On ne sait pas encore, car de cette taxe, « son périmètre et sa trajectoire » seront expliqués la semaine prochaine… On sait déjà que les « professionnels des transports » et les pêcheurs ne seront pas concernés, ni les particuliers… pour l’instant.
Mais demain, c’est-à-dire dans deux – trois ans ils seront touchés, et il s’agira d’argent encaissé sur le dos des gens pris en otage par un pseudo sens de la culpabilité, car bien souvent les gens n’ont pas d’autres moyens, vue la situation des transports en commun !
Quand on voit la situation catastrophique sur ce plan à Marseille par exemple, quand on voit en général comment les banlieues s’étalent et l’architecture rurbaine se développe, on se doute bien qu’il faut tout changer, et non pas soi-disant réformer avec des taxes… Taxes qui rendront l’écologie impopulaire, « punitive »…
Même si, en définitive, le mode de vie actuel sera puni, s’il n’est pas dépassé. Un tel système économique épuisant et engloutissant la Nature n’a pas d’avenir. Toute cette conférence environnementale n’est qu’une mystification, sans aucune dimension écologiste.
La situation montre qu’EELV n’a aucune perspective concrète, et que de toutes manières le capitalisme n’est pas prêt même au moindre effort. Comme on le voit, tout est question de priorité, et la planète n’est pas celle d’EELV, du gouvernement, du capitalisme…