« Monsieur le président de la République, l’urgence climatique est là »

A l’opposé de notre critique complète de la réalité et de son anthropocentrisme allant de pair avec la quête de profit, il y a bien entendu la critique des associations institutionnelles. Celles-ci sont placées dans une situation toujours plus difficile, car elles doivent « justifier » leur démarche institutionnelle alors qu’en pratique la situation est toujours plus catastrophique…

Alors pour apparaître comme constructive, elles proposent une critique « de gauche » de la transition énergétique… Sans bien entendu jamais parler de la Nature, et encore moins des animaux en particulier…. Et en jouant sur l’émotion, dans un appel au « grand chef », comme si c’était comme cela que ça marchait!

Monsieur le président de la République, l’urgence climatique est là : qu’attendez-vous pour agir ?

Liste des signataires : Pierre Perbos, président du Réseau Action Climat ;  Alain Guinebault, délégué général du GERES ; Gilliane Le Gallic, présidente d’Alofa Tuvalu ; Luc Lamprière, directeur d’Oxfam France ; Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France ; – Hélène Connor, présidente d’HELIO International ; Vaia Tuuhia, déléguée Générale de 4D ; Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement ; Bruno Gentil, président de France Nature Environnement,  Madeleine Charru, présidente du CLER- Réseau pour la transition énergétique

Le Groupe d’experts sur l’évolution du climat (Giec) vient de pousser à nouveau un cri d’alarme. Son rapport publié ce vendredi rappelle combien il est urgent d’agir. D’ici la fin du siècle, la température moyenne globale pourrait s’élever de près de 5°C et le niveau des mers de plus d’un mètre !

Ces changements climatiques sont déjà une réalité, au Nord comme au Sud. En 2012, les sécheresses à répétition dans le Sahel ont causé une crise alimentaire sans précédent, touchant 19 millions de personnes. Aux Etats-Unis, l’ouragan Sandy a causé près de 100 milliards de dollars de pertes. Mais malgré les alertes répétées de la communauté scientifique, la plupart des gouvernements, dont le vôtre, continuent de repousser l’action à plus tard. A trop tard.

C’est aujourd’hui qu’il faut agir pour éviter des changements climatiques dangereux et irréversibles. Des solutions éprouvées existent. Loin d’être une contrainte, elles sont une opportunité et la réponse aux crises qui affectent l’emploi, la santé, la justice sociale ou le portefeuille des ménages.

Monsieur le Président, il ne s’agit plus d’annoncer la transition écologique, il faut l’engager. Combien de temps allons-nous rester à la traine en matière d’énergies renouvelables, alors que l’Allemagne a su créer dans ce domaine 380 000 emplois non-délocalisables?

Combien de temps comptez-vous écarter les transports de la transition énergétique, malgré leur impact croissant sur la santé et le climat ? Combien de temps la rénovation énergétique des logements va-t-elle faire l’objet de micro-mesures quand elle est l’un des moyens les plus efficaces de réduire la facture énergétique des ménages, dont 4 millions sont en situation de précarité énergétique ?

Combien de temps maintiendrez-vous le verrou nucléaire qui bloque, en Europe, la route au développement des renouvelables ? Combien de temps allons-nous payer une facture énergétique de 70 milliards d’euros, soit la quasi-totalité du déficit de notre balance commerciale ? Combien de temps la France va-t-elle perpétuer un système fiscal qui encourage la pollution et grève chaque année le budget de l’Etat de 20 milliards d’euros ?

Combien de temps encore la France hésitera-t-elle à mener une politique climat nationale et européenne véritablement solidaire et cohérente avec les objectifs de développement durable et les droits humains des populations vulnérables au Sud ?

Monsieur le Président, tout retard pris par la France dans sa transition écologique rendra plus coûteuse l’atteinte des objectifs que notre pays s’est fixé. En proposant d’accueillir en 2015 la conférence des Nations unies sur le climat, vous avez pris la responsabilité de faire de la France un pays exemplaire. Vous pouvez montrer votre détermination sans attendre en agissant pour :

– une contribution climat-énergie efficace et juste socialement, et la suppression des subventions dommageables à l’environnement et aux finances publiques ;

– un projet de loi ambitieux sur la transition énergétique, qui prévoit la puissance nucléaire à désinstaller d’ici à 2025 pour laisser la place aux alternatives, présenté au plus vite et non pas au printemps 2014 ;

– un nouveau paquet énergie-climat européen pour 2030, reposant sur trois objectifs contraignants et adoptés simultanément en mars 2014 : réduction des émissions de gaz à effet de serre, développement des énergies renouvelables et efficacité énergétique ;

– une politique de coopération cohérente et la mobilisation de financements publics, innovants et additionnels à l’Aide publique au développement pour la lutte contre les changements climatiques dans les pays du sud.

Ces mesures sont autant de jalons qui engageront notre pays dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et le développement de filières créatrices d’emplois. Nous attendons.