Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a donc rendu public hier la première partie de son rapport.
Rappelons très brièvement le programme, que nous avions déjà donné, mais cela a son importance :
– Groupe de travail n°1: Les bases scientifiques et physiques du changement climatique, les 23-26 Septembre 2013, à Stockholm, en Suède.
– Groupe de travail n°2 : Conséquences, adaptation et vulnérabilité des sociétés face au changement climatique, les 25-29 Mars 2014 à Yokohama, au Japon.
– Groupe de travail n°3 : Mesures d’atténuation du changement climatique et préconisations, les 7-11 Avril 2014 à Berlin, Allemagne
– Rapport d’évaluation, rapport de synthèse final (SYR), les 27-31 Octobre 2014 à Copenhague, au Danemark.
Pourquoi est-ce important ? Parce que cela permet de comprendre le fond de la démarche du GIEC. Il ne s’agit pas de sauver les animaux ou bien de préserver l’environnement. Ce n’est pas son but.
Le GIEC a été fondé pour évaluer les conséquences, prévoir des stratégies pour les atténuer le cas échéant, et enfin pour informer quant à ces conséquences.
C’est pour cela qu’a été publié le seul document qui aura véritablement un impact au-delà du rapport : le « summary for policymakers » (« Résumé pour les décideurs »). Il s’agit de 36 pages en anglais visant la – disons, environ et à la louche – cinquantaine ou centaine de personnes qui « pèsent » dans chaque pays concernant les décisions importantes concernant ce thème.
On voit tout de suite le caractère non démocratique : un document uniquement en anglais, visant uniquement une élite bien définie.
Que dit le document ? Il explique que le réchauffement climatique est d’origine humaine surtout et qu’il est prouvé, de par le fait que « l’atmosphère et l’océan se sont réchauffés, la quantité de neige et de glace a diminué, le niveau de la mer a monté, et les concentrations de gaz à effet de serre ont augmenté. »
Voici un tableau constatant l’augmentation de la température sur la planète.
Expliquons ici tout de suite un point important. Un peu partout sur le net, on peut lire que la planète ne se réchaufferait plus. Voici par exemple ce que dit lachainemeteo.com :
L’un des défis du GIEC 2014 sera d’expliquer pourquoi, alors que les modélisations élaborées depuis les années 2000 envisageaient une hausse de +1° à +4° d’ici à 2100, on constate en fait une pause dans le réchauffement climatique mondial : depuis 15 ans, le climat ne se réchauffe plus, selon les climatologues.
Or, ce n’est pas exact. En réalité, il y a une pause dans l’accélération du réchauffement… ce qui n’a rien à voir. Ainsi, entre 1951 et 2012, il y a eu 0,12°C d’augmentation par décennie, en moyenne. Le chiffre pour ces quinze dernières années a été de 0,05°C par décennie.
La planète se réchauffe moins vite, mais se réchauffe quand même… C’est une différence de taille. Bien entendu, cela semble peu et sans intérêt direct et à court terme pour les entreprises capitalistes et leur industrie. Mais pour la vie, pour la Nature, c’est très important…
Revenons cependant à notre « résumé pour les décideurs. » Ce qui est constaté, c’est que c’est l’océan qui absorbe la grande majorité de la chaleur qui s’est développée. Il est considéré comme pratiquement certain que les premiers 700 mètres de profondeur se sont réchauffés depuis 1971, et il est probable selon le GIEC que cela a commencé à la fin du 19e siècle.
On l’aura compris : ce qu’il y a derrière, c’est ce qu’on appelle la révolution industrielle. Et la question brûlante ici est celle de l’acidification de l’océan, qui signifie la mort de la vie. Voici un tableau avec deux prévisions à l’horizon 2100, celui à gauche étant moins « pessimiste » que celui de droite.
Le rapport parle également du Groenland et de l’Antarctique, qui perdent leur glace. Pour l’Arctique, cela donne un demi-million de km² disparaissant tous les dix ans entre 1979 et 2012 (évidemment le chiffre est encore plus grand à la fin de l’été, où la glace a perdu environ 30 % par rapport à 1945).
Le chiffre est de 0,12-0,2 million de km² pour l’Antarctique. L’Arctique se réchauffera par ailleurs plus vite que le reste de la planète, en particulier les terres.
Le rapport parle ensuite bien sûr du Co2 qui ne cesse d’augmenter sa présence, ainsi que du niveau de la mer qui s’élève, de 26 à 82 cm d’ici à 2100. Voici un tableau avec les prévisions de la montée des eaux (horizontale: un mètre, verticale: les années).
Continuons avec le réchauffement et ses chiffres.
Déjà, selon le GIEC, la température va continuer d’augmenter de 0,3 à 4,8 °C d’ici à 2100.Voici un tableau avec deux prévisions différentes, celle à gauche étant moins « pessimiste » que celle à droite, à l’horizon 2100.
Ce fameux 0,3 signifie que la hausse ne sera finalement que de 2° au total en 2100 (par rapport à l’ère préindustrielle), si on en reste là et qu’on parvient à bloquer la tendance d’ici 2030 (ce qui est la position par exemple de la France).
Seulement ce fameux 0,3° d’augmentation d’ici 2100, dans la situation actuelle on y parviendra pas. Pétrole, charbon, gaz naturel restent incontournables dans les prévisions et aucun effort n’est fait pour aller vers le tout solaire.
Ce n’est pas tout, cependant ! Le rapport le précise bien : le processus continue après 2100. Eh oui, et c’est là le grand problème, qui fait que le slogan « la Terre d’abord ! » a une fois de plus tout son sens.
Le rapport du GIEC parle ainsi d’effet de changement climatique multi-siècles. Il est dit explicitement que les conséquences seront présentes même plusieurs siècles après… que les émissions de Co2 soient stoppées.
Or rappelons le, on veut là freiner leur augmentation, pas les stopper, les faire disparaître…
Voici le tableau des prévisions pour le réchauffement à l’horizon 2100. A l’horizontale, il y a l’augmentation de la température, et à la verticale les émissions de Co2.
Un autre tableau montrant les choses sur le long terme.
Et là il faut encore ajouter quelque chose. Le GIEC ne peut pas prévoir avec certitude dans quelle mesure il y aura des événements météorologiques extrêmes plus intenses. En fait, il ne peut pas prévoir grand chose.
Il reconnaît qu’il est bloqué dans sa compréhension du système-Terre.
Aussi y a-t-il pour la première fois, et il est très important de le noter, une référence à la géo-ingénierie. Cette référence est faite, de manière subtile, tout à la fin et pour critiquer.
En effet, il est dit qu’en l’état actuel des connaissances, parvenir à stocker le Co2 sous forme de briques ne serait pas efficace car cela modifierait le cycle de l’eau, sans par ailleurs stopper l’acidification des océans.
De la même manière, la gestion des radiations solaires – ici on est dans la science-fiction, car cela consisterait par exemple en des satellites parasols – est extrêmement dangereuse, car si pour une raison ou une autre le processus de blocage s’arrêtait, tout s’accélérerait sans contrôle.
Donc il est considéré – pour l’instant, bien sûr… – que c’est trop risqué et qu’en cas de souci, cela se retournerait en son contraire.
Cependant, et c’est cela qu’il faut noter, c’est la première fois que le GIEC parle de la géo-ingénierie… ce qui revient à, de la manière dont c’est fait (avec une remarque en passant, donc, tout à la fin), ouvrir la boîte de Pandore. On imagine très bien comment on va rajouter à la catastrophe avec une humanité dirigée par des apprentis-sorciers!
Ainsi, le réchauffement climatique est un problème concret, incontournable et les problèmes ne peuvent que s’accumuler, car l’humanité est égocentrique et s’imagine le centre du monde.
Or, seule la reconnaissance de Gaïa comme système global, avec la morale qui va avec, peut permettre d’agir de manière adéquate, sur la base d’une compréhension réelle de la planète, après avoir rejeté tout anthropocentrisme.