S’ancrer dans la réalité locale est nécessaire !

La société française deviendra-t-elle végane un jour ? C’est la grande question que doit se poser toute personne végane, en pensant : oui, et il faut travailler pour cela.

Travailler pour cela ne veut dire pas « témoigner » à travers des tables de presse, des happenings (des gens nus dans des barquettes, des gens déguisés en animaux, des gens s’aspergeant de sang, etc.), des « marches », des rassemblements, des pétitions, etc.

Parce que ce genre de démarche se développe hors de la société française, de son histoire, de sa culture, de sa réalité sociale. S’adresser aux « individus » n’a pas de sens, il faut au contraire voir la réalité sociale et les possibilités qui existent.

Travailler pour cela ne veut dire pas non plus espérer que les choses se déroulent d’elles-mêmes, que l’on va « naturellement » vers le véganisme à grande échelle. Chaque jour les choses prouvent le contraire.

Les riches et les bobos ont leur magasin bio, mais le véganisme reste fermement rejeté en France, il n’est que toléré comme végétalisme branché à la « Paris Vegan Day. »

Car nous sommes en France ! Et on ne peut pas dire qu’on veut le véganisme en France et faire comme si la situation était pareille dans tous les pays. L’exploitation animale a ses traditions, ses valeurs, qui sont différentes dans chaque pays, tout comme l’importance de telle ou telle industrie.

Preuve en est le récent discours de François Hollande annonçant des centaines et des centaines de millions d’euros chaque année pour l’élevage (voir Sommet de l’élevage : un milliard d’euros par an en soutien aux éleveurs), ou encore le développement du foie gras comme « spécialité nationale. »

Si l’on ne prend pas cela en considération, comment avancer ?

Cela est d’autant plus vrai dans un contexte de crise économique. Ainsi, s’il est possible de créer son petit environnement végan en Angleterre ou en Autriche dans les grandes villes, ce n’est pas possible en France, où vraiment rien n’avance tant que les failles n’ont pas été trouvées.

Et les échecs amènent des gens à se précipiter dans le populisme d’extrême-droite, par désespoir, avec l’illusion que la situation changerait dans le bon sens. Voilà une réalité qui ajoute à la complexité de la chose.

Alors, que faire ? Eh bien faire en sorte que les activités militantes n’existent pas « en général », mais en s’appuyant sur le terrain local et avec la compréhension des problèmes actuels des gens.

On ne peut pas promouvoir le véganisme pareillement à Marseille, Paris, Nevers ou Le Havre ! A part sur quelques points justement fondamentaux, comme le véganisme et la libération animale, le soutien aux refuges… qui forment notre identité.

Mais dans le feu de l’action locale, il faut partir de la réalité des gens. Il faut donc enquêter et voir quelles perspectives sont possibles, quels points d’accroches il y a. Sinon on en arrive à des aberrations comme celle d’individus s’imaginant qu’arriver avec une pancarte « fermons les abattoirs » sur un carrefour fera changer les choses…

Sinon on en arrive à l’erreur de penser qu’on peut penser « au-dessus » des gens, à coups de pétitions auprès des institutions, à coup de racolage par l’intermédiaire de « stars »…

Or, on ne peut pas passer au-dessus de la tête des gens ! Si le véganisme n’est pas une véritable perspective, il reste dépendant de la « bonne volonté », et restera toujours marginal ! S’ancrer dans la réalité locale est nécessaire !