Le coût de la « transition énergétique » pour l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne

La plus célèbre des écoles de commerce française, HEC, s’est associée avec le « cabinet de conseil » en management Kurt Salmon (avec 1400 « consultants »), pour produire un intéressant document.

Il s’agit d’une évaluation assez poussée de la faisabilité économique de la « transition énergétique » annoncée par trois pays : l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne.

Le choix de ces pays tient notamment au fait qu’ils représentent 40 % de la consommation pétrolière de l’Union européenne en 2012, mais également qu’ils ont des stratégies assez poussées dans ce sens. Tant qu’à faire cela permet de contourner la question française.

Si on lit le rapport, en effet, on comprend en fait surtout que la « transition énergétique » est impossible, et qu’elle n’est gérable que très partiellement, et encore à un prix faramineux. Les faits parlent d’eux-mêmes : il faudra des centaines de milliards d’euros ; or on se doute bien, de notre côté, qu’avec la crise et la primauté du profit de toutes manières, on ne les trouvera jamais…

Si l’on regarde « l’ambitieux » projet allemand, selon le rapport, il va coûter 400 milliards d’euros, impliquant un hausse de 44 % du prix d’électricité par rapport à aujourd’hui, ainsi que de la production de la tonne CO2 (+ 467 %).

Ce qui signifie également que :

Si la part des énergies renouvelables doit être doublée, des investissements cumulés s’élevant à plus de 200 milliards d’euros seront nécessaires entre 2010 et 2020 (jusqu’à 580 milliards d’euros entre 2020 et 2050).

Le résultat serait alors une réduction de 50 % de la consommation en énergie primaire, avec également l’accroissement de la part des énergies renouvelables jusqu’à 60 % dans
la consommation finale à l’horizon 2050. Grosso modo, c’est éventuellement faisable, mais en faisant en sorte que les gens paient le prix fort pour la modernisation du capitalisme, car il ne s’agit pas ici d’écologie…

Voici ce que le rapport dit pour l’Espagne :

Le déficit tarifaire du système électrique espagnol résultant du fort niveau de soutien aux énergies renouvelables (augmentation de 497 % en 8 ans) et de son non financement initial par le consommateur particulier, aboutit à une dette cumulée entre 2005 et 2013 de + 26 milliards d’euros ;

Le caractère tardif et limité de la réponse des pouvoirs publics à travers la Reforma del sistemo electrico de 2013 a finalement conduit à une explosion de la facture pour les ménages : + 63 % en 8 ans.

Le prix de l’électricité pour le consommateur final y est désormais l’un des plus élevés d’Europe en 2013, avec une augmentation de la facture électrique de 63 % en 8 ans

Donc cela fait 400 milliards d’euros d’ici à 2030 pour l’Allemagne, l’Espagne qui a déjà 26 milliards d’euros de dette cumulée pour le secteur électrique entre 2005 et 2013, quant au Royaume-Uni, il faudrait 200 milliards d’euros d’ici à 2050 dont 130 milliards pour la restructuration du secteur électrique à l’horizon 2030 !

Tout cela veut dire que ce n’est pas praticable. Et d’ailleurs ce ne même pas prévu. Le rapport constate tout simplement que :

A l’exception d’une étude produite le 4 juin 2012, à l’initiative de la Direction Générale de l’Emploi au sein de la Commission Européenne « The jobs potential of a shift towards a low-carbon economy », il n’existe pas d’étude économique des implications des transitions énergétiques sur l’emploi à l’échelle des pays. Chaque pays continue de présenter les bilans annuels de l’emploi par secteur et filière, sans analyse des transferts/destructions/créations d’emplois induits par les orientations de leurs politiques de l’énergie.

On voit donc facilement que le Royaume-Uni est tourné vers une certaine « transition énergétique » dans la mesure où il y a un intérêt commercial (exportation de « savoir-faire ») et que l’Allemagne entend être à la première place d’un nouveau « type de développement », notamment en s’appuyant sur la Russie et les achats de gaz.

Naturellement, on voit d’avance se pointer ici l’industrie française du nucléaire, qui va utiliser les arguments suivants: le nucléaire est la seule énergie « propre » et alternative au charbon (passant sous silence les déchets…).

 

Est-ce qu’alors l’histoire s’arrête là? Est-ce qu’il faut dire: c’est trop cher, ou alors passons par le nucléaire? La réponse est non, la réponse est: révolution. Ou bien la planète est reconnue comme un système global et alors l’humanité s’organise de telle manière à planifier un rapport correct avec ce système.

Ou bien on continue à aller droit dans le mur au nom d’intérêts particuliers.

Il n’y a pas 36 possibilités; seule une remise à plat peut permettre d’organiser une vie qui ne soit pas antagonique à notre planète. Il n’y aucune raison d’accepter que les destructions continuent sous prétexte de la course aux profits. Il faut casser la logique dominante, tourner la culture vers la Nature, afin d’enrayer une véritable machine à engloutir la planète.

La libération animale et la libération de la Terre sont ici les valeurs fondamentales qui permettent à l’humanité de se rattraper et de se ré-intégrer correctement à la vie de la planète, et le prix à payer pour cela c’est la rupture avec la dynamique actuelle!