Le magazine Le Point consacré aux animaux

Le magazine Le Point a consacré son numéro actuel, de début décembre 2013, aux animaux, dans un dossier se voulant « actuel » quant à la « question animale ».

Tout cela vaut le coup d’oeil, parce qu’on apprend des choses par-ci par-là : le dossier entend en effet jouer de « l’effet de surprise » en présentant « l’intelligence » ou les « émotions » de tel ou tel animal, et raconte des choses qu’on ne sait pas forcément.

Le dossier commence d’ailleurs avec la description d’un public dans un zoo qui est subitement éberlué en comprenant qu’un orang outan était en train de construire un hamac, en faisant même un nœud.

Sur ce point, il y a une remise en cause en effet nécessaire, et donc il y a des choses à prendre.

Malheureusement, le tout est présenté au moyen de sortes d’anecdotes au sujet d’animaux « extraordinaires » pris individuellement.

Ces exemples servent à proposer une sorte de remise à plat du rapport aux animaux. Cependant, l’esprit est seulement à l’ouverture, il ne faut pas s’attendre à une affirmation du véganisme, ni à une remise en cause de l’anthropocentrisme, qui est « critiqué » mais simplement pour être réorganisé, relancé sous une forme plus moderne et plus « adaptée. »

On retrouve dans le dossier évidemment Elisabeth de Fontenay, dont le discours est de pire en pire dans le relativisme (nous avons parlé d’elle à plusieurs reprises et rappelons qu’elle assume ouvertement de n’être même pas végétarienne), mais également Luc Ferry, le grand « philosophe » anti-écologie en France…

Inévitablement, et nous l’avons plusieurs fois expliqué également, on retrouve les variantes religieuses, qui tentent de profiter de l’écologie ou des animaux pour saluer la « création » et Dieu, etc. etc.

Le discours de tous ces gens consistent à dire qu’il faut modifier les limites, c’est-à-dire de notre point de vue, faire semblant de changer les choses. Ils ne défendent pas le véganisme, ni la libération animale, ils sont bornés par leur refus de reconnaître la Nature.

Il faut noter ici le rôle traditionnellement néfaste d’Aymeric Caron. Dans son texte, on croirait lire LTD : tant que les animaux seront des marchandises, ils seront échangés et leur situation ne changera pas.

Quelle est alors la conclusion ? Le véganisme, la révolution, la lutte sans compromis, jusqu’à la victoire ? Aymeric Caron lève-t-il le drapeau de la justice, de la libération animale ? Deviendra-t-il le porte-parole de l’ALF ?

Eh bien, non, bien sûr. Il reprend le même discours qu’au Paris Vegan Day, une sorte de mélange indigeste, un gloubi boulga juridique ne rimant à rien et bien entendu présenté comme une sorte d’étape.

Bref, il nous fait le coup classique des escrocs qui prétendent que changer la loi permettrait de changer la réalité, alors qu’évidemment c’est l’inverse qui est vrai… Seulement, un journaliste écrivant dans Le Point ne peut bien entendu pas expliquer que la société dépend de rapports de force…

Aymeric Caron se contredit: il dit que changer des mots du code civil ne change rien, puis il appelle justement à changer les mots du code civil! « Refonte totale » cela ne veut rien dire, car tout cela reste des mots qui dépendent de la réalité, des rapports de force. On sait bien qu’une loi n’est appliquée que selon des rapports de force précis. Ce qui se passe avec l’écotaxe en ce moment est un bon exemple…

L’origine de l’incohérence d’Aymeric Caron est facile à comprendre. Il est dans une position contradictoire, car on n’explique pas dans une revue lue par la bourgeoisie urbaine qu’il faut « changer » les choses, tout en faisant l’apologie de l’autobiographie du responsable pour la France de McDonald’s quelques pages plus loin…

Soit on assume que des entreprises ont intérêt à l’exploitation animale et alors on les affronte, on veut la révolution, soit on soutient des réformes. Mais prétendre qu’on peut changer les choses par le « droit », et cela nous l’avons déjà dit et nous le répéterons sans cesse, c’est de l’hypocrisie, c’est surtout de la trahison vis-à-vis des animaux.