La productivité dans l’industrie du lait exploitant les vaches

Le lait de vache « conditionné de manière industrielle sous sa forme liquide », cela représente 3,6 milliards de litres en 2012, pour un chiffre d’affaires annuel de 25,3 milliards d’euros. Il faut avoir cela en tête pour comprendre ce qu’est l’exploitation animale dans ce secteur, mais également pourquoi les personnes végétariennes sont les complices de l’exploitation des vaches.

Il y a un autre aspect plus particulier qui est toutefois ici le thème de cet article : la course à la productivité. Parce que pour combattre l’exploitation animale, il faut connaître ses dynamiques et ses tendances.

Il faut savoir que dans l’Union européenne, si l’on prend les neuf pays présents depuis 1957, en trente ans (donc en 1997), le rendement annuel en lait d’une vache avait doublé. En France, le chiffre est de 74 % d’augmentation entre 1975 et aujourd’hui.

La FAO, organisme des nations-unies, constate par exemple que :

« Les rendements laitiers moyens varient considérablement entre les pays, principalement en raison des différences dans les systèmes de production (par exemple, l’alimentation des animaux, les races). Dans des pays tels que l’Afghanistan, le Bangladesh, l’Éthiopie et le Nigeria, le rendement laitier moyen des vaches est inférieur ou égal à 500 kg/an. Dans les pays où le secteur laitier est en développement, comme la République islamique d’Iran, le Pérou et le Viet Nam, le rendement laitier moyen des vaches est supérieur à 2 000 kg/an. »

Or, dans les pays « développés, le rendement est de 6300-6700 kg/an. Voici le tableau montrant l’évolution pour les 20 dernières années.

Il faut saisir les enjeux de ce que cela signifie. Les vaches sont davantage sélectionnées, encadrées, nourries, sollicitées, bref, exploitées. Cette tendance à accroître la productivité est gigantesque, et il ne faut jamais perdre de vue que cette croissance est directement assumée par un être vivant : la productivité qui augmente, c’est ici la souffrance qui croît de manière qualitative et quantitative.

C’est absolument infernal. On est dans tout sauf l’abstraction.

A quoi faut-il d’ailleurs s’attendre pour le futur? Déjà à davantage de production, en raison des exportations : le modèle occidental de la consommation de lait est diffusé massivement, surtout en Asie.

Mais revenons ici à la productivité. Car s’il y a productivité, c’est aussi car il y a concurrence. Afin de davantage rentabiliser, on pressurise davantage : c’est vrai pour les humains dans les usines, comme pour les animaux. Ici les vaches paient donc un prix terrible, et ce tableau est très révélateur.

Il montre comment a évolué le nombre de « producteurs » de lait en France, et on peut voir qu’en neuf ans, le chiffre s’est effondré.

La raison en est bien sûr la concentration économique. Dans le capitalisme, les gros mangent les petits.

La carte suivante montre que certaines régions sont également des « poids lourds ». On parle du « croissant laitier », allant de la Bretagne à l’Auvergne,en passant par la Normandie, le Nord Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne, l’Alsace-Lorraine, la Franche-Comté et la partie nord de la région Rhône-Alpes.

Le tableau plus bas donne des chiffres par région ; et montre l’effondrement du nombre de « livreurs de lait »…. Qu’est-ce qu’un livreur ? C’est, selon un bulletin gouvernemental :

« Un « livreur » est défi ni comme étant une exploitation dont au moins 80 % de sa référence totale (livraison + vente directe) est dédiée à la livraison. Il s’agit à la fois des exploitations livrant 100 % de leur lait en laiterie mais également de celles exerçant une activité vente directe, qui dans ce cas ne doit pas dépasser 20 % de leur activité totale. »

Les autres exploitations sont en fait des « vendeurs directs » et non plus des livreurs (qui alimentent par conséquent le système de manière « moderne »). Le tableau indique en fait la même chose que le tableau précèdent : l’effondrement du nombre de producteurs, alors que la productivité des vaches s’intensifie et que la production augmente.

Ainsi, quand on parle de l’exploitation animale, il ne faut pas voir cela seulement une horreur morale; c’est également tout un système économique qui évolue, tendant toujours vers le pire!