La « vieille-folle-aux-chats »

C’est une figure classique de notre époque, une figure héroïque sans doute aussi. Car, en effet, elle est décriée par la société, voire même agressée physiquement.

Pourtant, rien n’entame son abnégation, qu’il vente ou qu’il neige, pas même la maladie ; cela sera en béquilles s’il le faut, mais rien n’empêchera cette vieille dame d’aller aider ses amis.

Ses amis, ce sont les chats errants ou bien les pigeons, selon. La vieille dame leur amène à manger, de manière régulière. Elle leur vient en aide, dans un élan de générosité propre aux personnes âgées ayant médité sur la valeur de la vie.

C’est un phénomène de société, respectable, et bien entendu considéré comme irrationnel par la société, qui n’y voit aucun « intérêt ». Pire : elle considère que la vieille dame contribue aux « nuisances », qu’elle est folle.

La série des Simpson, série qui se veut rebelle mais existe depuis une éternité et contribue en fait à rester dans sa propre beaufitude, se moque bien évidemment de la « vieille folle aux chats », comme elle est appelée.

Son nom est Eleanor Abernathy ; elle est évidemment présentée comme une personne normale ayant subi un échec (en l’occurrence un licenciement) et ayant sombré dans l’alcool et les chats, afin de « combler » son manque affectif.

On est là dans une vision utilitariste des animaux, qui nie la compassion, et la série les Simpson reflète le point de vue dominant ; voici comment on présente la « Crazy cat lady » sur Wikipédia :

« On voit son évolution dans l’épisode Tous les huit ans. Où à 8 ans c’est une enfant normale, à 16 ans une élève brillante, à 24 ans une avocate de talent, à 32 ans une avocate qui vient de se faire virer, devient alcoolique et commence a vivre avec les chats. Enfin à l’heure actuelle elle est devenue la folle aux chats.

Atteinte d’une grave maladie mentale (Animal hoarding), elle vit en permanence avec ses très nombreux chats, d’où son surnom de Folle aux chats. Elle jettera par ailleurs l’un de ses chats vers Lisa qui le recueillera, tous ses précédents chats étant morts. Il s’agit de [nom du chat] Boule de Neige V.

Homer parie même avec elle qu’elle ne peut pas lancer un chat au-dessus de leur maison, ce qu’elle fera très aisément.

Elle fait également une très courte apparition dans Les Simpson, le film dans lequel elle lave ses chats dans le lac comme elle laverait du linge sale (savon compris). »

La vieille femme aux chats, ou aux pigeons, mérite tout le réconfort et la dignité que la société doit lui accordée, car elle assume une compassion à contre-courant. Les bizarreries de ces « femmes courages » ne sont que le fruit de l’ostracisme et du mépris à leur égard.

Il est ô combien parlant d’ailleurs qu’une société vivant dans l’accumulation de choses achetées s’imagine que tout le monde soit comme cela, et que donc la vieille-femme-aux-chats ne saurait agir par altruisme, par compassion.

Et c’est cette compassion qui fait que les actes des vieilles-femmes-aux-chats ou aux-pigeons sont inébranlables ; ni amendes ni procès ni agressions ne les arrêtent. Elles portent en elles quelque chose de très grand, quelque chose qui s’appelle aussi l’avenir.