La situation de l’exploitation animale des oeufs bios

Puisque nous en sommes beaucoup à parler de l’économie de l’exploitation animale, jetons un oeil sur les oeufs bios.

Depuis plusieurs mois, en effet, les personnes végétariennes ont pris d’assaut la question animale, au nom du réformisme soi-disant réaliste, et l’un de leurs grands thèmes consiste en les œufs bios. L’association L214 est à la pointe de ces campagnes qui, par définition, s’opposent à la libération animale.

Jetons un oeil sur les faits, et rien que les faits, qui contredisent absolument que les oeufs bios seraient une forme de « transition ».

Voyons déjà quelle est l’évolution de la production d’oeufs dans le monde. Celle-ci est-elle stable, voire en train de régresser? Pas du tout: l’exploitation animale amenant des bénéfices élevés, il y a bien sûr une hausse continue et mondiale.

 

 

Précisons ici à quoi cela ressemble pour l’Union européenne. Il y a oscillation de la production – il y a « surproduction » récemment (voir La grande crise des œufs) – mais au final cela grimpe toujours.

 

 

Ces simples statistiques montrent déjà que la question des oeufs bios est faussée si l’on pense qu’il y a remplacement de la consommation d’oeufs non bios par les oeufs bios.

La tendance aux oeufs bios vient, en quelque sorte, se surajouter et vise un public particulier capable de payer le prix.

Parlons ici un peu de ce qu’est l’économie capitaliste des œufs bios. La production d’oeufs bios relève en effet du même système industriel que la production non bio ; il ne s’agit pas d’un capitalisme différent.

Constatons par exemple qu’il y a 1,7 million de poules « pondeuses » bios en France (hors élevages familiaux). C’est un chiffre énorme.

Et est-il difficile de deviner ce que deviennent ces poules une fois leur niveau production ayant baissé ? Il serait naïf en effet de penser que l’industrie capitaliste du bio laisse vivre 1,7 million de raisons de se faire de l’argent facilement, ce qui reste leur but unique.

Cela signifie ainsi que faire la promotion des œufs bios, c’est faire indirectement la promotion de l’exploitation animale de la « viande » issu du meurtre des poules.

Ces poules sont, également, « sélectionnées » de manière génétique afin de produire davantage, de faire en sorte par exemple qu’elles « préfèrent » manger des aliments difficiles à digérer, comme les céréales (pour qu’elles grossissent plus vite).

Ces poules « modifiées » génétiquement sont bien « créés » par des grands industriels, de manière particulièrement surveillée et de manière totalement enfermée. Là aussi, rien ne change dans l’organisation économique de la production.

De la même manière, la concentration est forte : près de 40 % de ces poules « pondeuses » sont en Bretagne.

Et bien sûr, tout est fait pour renforcer la productivité. Voici des chiffres pour les oeufs bios:

 

Si l’on regarde d’ailleurs le tableau suivant, on peut voir que les bénéfices sont plus importants dans les oeufs bios que les oeufs dits traditionnels…

 

En volume il y a un certain rapport entre les types d’oeufs, mais en valeur – l’argent – on voit que les chiffres changent.

Voici un tableau montrant ce que signifie les différents types de production, donné par volaillesoeufsbio.com qui est le syndicat de ce secteur économique.

 

 

On l’aura compris, le résultat de cela est qu’il y a toujours plus de poules pondeuses « bios », comme le montrent les chiffres ci-dessous.

 

 

Et qu’en est-il de la prétendue « transition » affirmée par certains? Les chiffres parlent encore une fois d’eux-mêmes. Il y a toujours plus de poules pondeuses, le bio n’étant pas un substitut, mais un complément de l’augmentation de l’exploitation animale…

 

 

Et, il faut le mentionner, les poules pondeuses bios vont malheureusement évidemment de pair avec les « poulets » destinés directement à l’abattoir « bio », dans une évolution parallèle…

 

 

Que dire? L’exploitation animale grandit: c’est un fait. La théorie comme quoi il y a une transition en cours vers le bio – et hypothétiquement vers l’abolition – ne tient pas.

Ce n’est même pas que le réformisme a tort, c’est juste qu’il n’existe tout simplement pas.

La lutte contre l’exploitation animale ne peut donc s’attaquer qu’au système tout entier et ne pas faire de compromis avec le végétarisme, qui est devenu un allié objectif de certains secteurs de l’exploitation animale justement en expansion dans tous les secteurs possibles.