Le journal suisse 24 heures a publié un article concernant quelque chose de totalement farfelu, d’irrationnel, mais dont il y a lieu de s’intéresser à l’arrière-plan, qui est pour le coup très digne.
Le titre dit d’ailleurs tout : « La télépathie pour animaux se développe dans le canton ».
Voici un court extrait :
« Les pieds doivent se connecter à de grandes racines rouges. L’esprit se mettre en veilleuse. «Le pont de lumière qui part de votre cœur est le chemin entre vous et l’animal. N’oubliez pas de toujours vous présenter et de lui demander s’il est d’accord de communiquer avec vous.» (…)
Comme une vingtaine de Vaudois repérés sur internet, Valérie Lebon se dit communicatrice animalière. En lui envoyant une photo, le nom, l’âge, le lieu de résidence de l’animal, et votre question, elle se connecte à votre compagnon. Mieux, elle dit pouvoir converser avec lui. Le tout pour 75 francs. «Je peux lui poser des questions et lui transmettre des messages. Je ne parle pas aux personnes avant ou après. J’envoie juste par mail ce que l’animal m’a communiqué», précise-t-elle. Et, en plus, à ses dires, cela s’apprend. Esprits cartésiens, au placard! (…)
A la Société de protection des animaux (SPA) de Saint-Légier, on est convaincu de l’utilité et de la réussite des télépathes animaliers. «Nous recueillons beaucoup d’animaux maltraités et faisons appel à des communicateurs pour connaître leur passé, révèle Emmanuelle Gros, éducatrice canine. Au début, j’étais sceptique. Puis j’ai essayé avec mon chien et ça a été la claque. La communicatrice a décrit des scènes avec beaucoup de détails. Depuis, je n’ai plus pu nier l’évidence.» »
C’est évidemment totalement absurde. Et avec la crise, il y a une explosion de l’irrationnel, depuis Dieudonné jusqu’aux religions, en passant par les voyants et l’astrologie.
Cependant, il y a une base qu’il ne faut pas perdre de vue : la volonté d’établir un pont culturel avec les animaux. Il existe un grand besoin d’apprendre à établir des rapports corrects et productifs avec les animaux dont on partage la vie.
L’absence de réflexion poussée fait qu’on arrive à ce genre de choses. Il faut ici préciser, bien entendu, que malheureusement il y a ici un infantilisme relativement grand issu du patriarcat.
Autant les femmes sont clairement beaucoup plus conséquentes dans leur sensibilité que les hommes qui sont facilement méprisants envers les animaux, autant on tombe vite, pour des raisons historiques, dans une certaine fascination pour des solutions irrationnelles.
Le patriarcat a tout fait pour cantonner les femmes, pour les mettre à l’écart et les borner à la charlatanerie, à la bigoterie, etc. La pièce de théâtre L’école des femmes, de Molière au 17e siècle, est un excellent exemple de cet état d’esprit.
L’image du Paris Vegan Day dernier, où le végétarien Aymeric Caron proposait des solutions ultra-réformistes et irrationnelles devant un public quasiment uniquement féminin, est un exemple assez parlant.
De la même manière, il y a le phénomène Fondation Brigitte Bardot : au nom de la sensibilité la plus directe, il y a trop souvent des moments où la rationalité est tout simplement balancée par-dessus bord.
L’exemple de la télépathie avec les animaux est ici un triste exemple de plus.
Toutefois, il faut bien voir que c’est comme pour la voyance : les « télépathes » sont en réalité de fins psychologues, qui donnent parfois de bons conseils.
Dans le cas d’une voyante, c’est plus complexe : la voyante fait d’abord parler la personne, puis évalue les réponses qu’il faut donner. Ici pour la télépathie, il est possible de faire des remarques plus générales, tellement nombre de gens sont à côté de la plaque qu’il suffit de quelques principes généraux de respect pour que cela « passe ».
Cela reste tout de même de l’escroquerie, parce que c’est une approche irrationnelle. Tout cela, encore, pour nier la Nature. Entre les « esprits cartésiens » qui voient tout de manière mécanique, et les personnes cherchant une communication dans « l’au-delà », il y a tout de même un monde…