C’est un problème récurrent, qui tient aux définitions. Dans les commerces alimentaires ou dans les revues en effet, il est possible de trouver des produits mentionnés comme étant d’origine végétale ou des recettes « végétales ». Nous avions déjà évoqué ce problème.
Mais quand on y regarde de plus près, ces produits ne sont pas du tout végétaux…
Par exemple, en supermarchés se trouve la « pizza végétale Ristorante » de la marque Dr Oetker. Seulement, la liste des ingrédients montre immédiatement que cela relève de la supercherie intellectuelle : Farine de blé, 19% purée de tomate, 12% fromage (mozzarella, edam), 9% tomates cerises, 9% poivrons, eau, crème aigre, huile végétale, 3% oignon, 3% préparation de piments (piments, eau, vinaigre de vin, sel, antioxydant (acid ascorbique), acidifiant (acide citrique), 1.5% olives, levure, sel iodé, sucre, amidon modifié, ail, origan, cosses de piment, poivrons, concentré de tomates, protéines de soja hydrolysées, acidifiant (acide lactique), extrait de levure, matière grasse végétale, vinaigre de vin, farine de riz, caramel, dextrose, carottes en poudre, oignons en poudre, poivre.
Le fromage n’est bien sûr pas un produit végétal, le lait étant produit par les vaches qui attendent un veau, les produits laitiers (et de ce fait le fromage) sont donc des produits venant des animaux.
Seulement, bien sûr, le lait a une définition « floue », parce qu’il rentre de plein pied dans l’exploitation animale. Ainsi, selon le Règlement (CEE) n° 1898/87 du Conseil du 2 juillet 1987 concernant la protection de la dénomination du lait et des produits laitiers lors de leur commercialisation :
La dénomination «lait» est réservée exclusivement au produit de la secrétion mammaire normale, obtenu par une ou plusieurs traites, sans aucune addition ni soustraction.Toutefois, la dénomination «lait» peut être utilisée:
Suivent alors diverses exceptions. En tout cas, suivant cette définition, le beurre et la crème… ne seraient pas des produits laitiers, mais des « matières grasses ». Même les glaces ne sont pas considérées comme des produits laitiers!
Et donc, de manière intéressante, le lait en tant que sécrétion mammaire de la vache est séparé du reste des productions du corps, qui sont alors des « sous-produits » comme le précise de manière pseudo « subtile » la législation européenne :
Les sous-produits animaux sont définis comme les cadavres entiers (ou parties) d’animaux ou les produits d’origine animale non destinés à la consommation humaine, y compris les ovules, les embryons et le sperme. Ils représentent plus de 15 millions de tonnes de viande, de produits laitiers et d’autres produits, y compris le lisier. Ces matières sont ensuite éliminées ou transformées et réutilisées dans un grand nombre de domaines, y compris le secteur cosmétique ou pharmaceutique, ainsi qu’à d’autres usages techniques.
Voilà de sérieuses subtilités n’aidant pas à la clarté. Ainsi, et ce cas n’est pas rare, et si l’on y prête un peu attention, il est facile de voir que bon nombre de produits définis comme « végétaux » contiennent une matière d’origine animale. Le flou légal permet d’entretenir le flou général, et inversement.
En voici un autre exemple avec cette recette issue d’un quotidien régional de « galette végétale » qui contient… du yaourt !
Parce qu’un aliment ne contient pas de « viande » il n’en devient pas pour autant un produit végétal. Le miel, les œufs, les produits laitiers, sont des éléments produits par les animaux et qui sont issus de leur exploitation.
Un plat aux légumes et au fromage n’est pas un plat végétalien, c’est un plat végétal… et au fromage! C’est pourtant simple, mais voilà, il y a une idéologie dominante.
Pourtant, tout le monde sait que le lait n’est pas un végétal, quelque chose qui pousse dans les arbres ou dans la terre.
Il serait ainsi grand temps d’arrêter ces fausses appellations, qui sont totalement aberrantes. Pour cela, il faut de la rationalité, des définitions.
Pour cela, il faut arrêter le jeu de la confusion entre végétarisme et véganisme, tout le discours relativiste; il faut barrer la route à l’absence de définitions strictes et de règles, car c’est aussi à cause de ce genre de dénominations mensongères qu’apparaissent des personnes qui se prétendent végétariennes tout en mangeant les poissons ou les poulets, qu’il y a la porte ouverte aux flexitariens et aux laxistes en tout genre, hipsters et autres.