Une installation dans un ours empaillé?

Voici une information totalement grotesque, diffusée ici par le quotidien Le Figaro : au début du mois d’avril, à Paris, une personne issue du milieu se voulant artistique va vivre pendant quinze jours dans le corps d’un ours naturalisé….

Le but de cette manœuvre serait, selon l’initiateur du projet, d’avoir un accès mystique à la vie de l’animal lui-même! On va tout de même très loin dans l’obscurantisme….

Mais cela n’est pas étonnant, puisque cela se passe au « musée de la chasse et de la nature » – on reconnaît là tout le « mysticisme » propre à l’idéologie de la chasse, dont nous parlons malheureusement bien souvent.

On n’échappe d’ailleurs pas non plus à l’egotrip typiquement décadent, puisqu’il y aura des caméras pour filmer la personne non stop, comme l’explique le communiqué de presse:

Allongé dans l’animal taxidermé, ne disposant que du strict nécessaire à sa survie, le performeur sera épié en permanence par deux caméras de surveillance. L’expérience de l’artiste s’appliquant à « devenir animal » sera relayée en permanence et en direct sur le nouveau site Internet du musée.

Voici comment le quotidien Le Figaro présente ce « happening » sordide.

INSOLITE – Du 1er au 13 avril, au Musée de la Chasse et de la Nature, un performeur va vivre à l’intérieur d’un ours brun naturalisé.

Ça va sentir le fauve! Tel Jonas dans sa baleine, Abraham Poincheval va s’isoler treize jours durant dans un ours empaillé. Au Musée de la Chasse et de la Nature on promet que ce n’est pas un poisson d’avril mais une performance artistique qui «puise son inspiration dans le chamanisme».

Du 1er au 13 avril, donc, Abraham Poincheval dormira, mangera, fera ses besoins, et passera le temps en lisant dans son animal de 115 kilos qu’il a reconstitué et aménagé en capsule de survie. La bête sera installée au centre du salon de Compagnie de l’hôtel de Guénégaud, au premier étage de ce musée parisien.

L’artiste va tenter «d’accéder à un état méditatif»

Assis comme dans une chaise longue rembourrée de coussins, le performeur, ne disposant que du strict nécessaire, tentera «d’accéder à un état méditatif, d’expérimenter les conditions de vie de l’animal et la perception du monde qui est la sienne».

Son expérience sera médiatisée en direct via le site du musée. Elle a déjà connu quelques précédents. Abraham Poincheval a été emmuré une semaine dans une librairie et enterré sous le parvis de l’hôtel de ville de Tours pendant huit jours.

« Expérimenter les conditions de vie de l’animal et la perception du monde qui est la sienne« , voilà que cet « artiste » ne doute de rien ! Comme si un ours empaillé allait lui « transmettre » quelque chose parce qu’il s’installe dedans, de manière aménagée avec de la nourriture lyophilisée et des tubes pour boire et évacuer les déchets… C’est complètement délirant.

On atteint ici un très haut niveau de négation de la Nature, au profit du pure « esprit ». Car expérimenter les conditions de vie de quelqu’un, c’est vivre avec lui au quotidien, partager les joies et les peines, la facilité et la dureté de la vie, et certainement pas se mettre en avant devant un public en faisant son show dans le corps d’un animal mort.

Ici, ce pseudo artiste crucifie une fois de plus la dignité animale et cela au nom de l’expérience « personnelle ». Encore et toujours on retrouve le culte de l’ego contre la Nature.

D’ailleurs, le type met son « expérience » sur le même plan que la découverte « des Amériques » (voir la vidéo ici), rien que ça!

Alors que l’art pourrait être un moyen pour représenter, et aussi dénoncer, critiquer, pour servir des causes nobles (comme cet artiste qui fait des portraits des chiens dans les refuges)….

Ici, une nouvelle fois, on a les animaux pris en otage pour un geste décadent pseudo artistique anti-végan, pour « expérimenter » des actions futiles où vulgarité, perversion et égocentrisme sont de mises et érigées en norme !