Le « zoo de Paris », un projet commercial sur toute la ligne

En 2008, le zoo de Vincennes a fermé ; il a rouvert il y a deux jours, 167 millions d’euros de travaux après, sous le nom de zoo de Paris.

On le devine, on est là dans le business. La nouvelle directrice, Sophie Ferreira Le Morvan, a fait une école de commerce et est une spécialiste du marketing international.

Elle est notamment passée par la direction du développement économique du Centre des monuments nationaux, en tant que responsable de la promotion touristique et de la stratégie commerciale.

Sur le site « linkedin », une sorte de Facebook du CV pour cadres supérieurs, voici comment elle présente elle-même son activité actuelle…

Conduite du projet de rénovation totale du site (travaux évalués à 167 M€ TDC). Mise en exploitation : recrutements et formations (100 personnels en propre + 70 en sous-traitance), élaboration des procédures de travail, de logistique et d’organisation opérationnelle, gestion des achats et des marchés publics (investissements et fonctionnement), définition et mise en oeuvre de la stratégie de marketing, de promotion et de commercialisation de l’offre de visite, de restauration et de la librairie-boutique, pilotage de la sécurité du site…

Commerce, boutique, sous-traitance, que de mots si parlant !
D’ailleurs sur le plan financier, le zoo de Paris est une arnaque typique de notre époque. Le financement vient quasi totalement du secteur privé, de « Chrysalide », qui regroupe la Caisse des dépôts, la Caisse d’épargne, Icade, Bouygues bâtiment Ile-de-France et Exprimm…

Le zoo va devoir payer un loyer de 12,7 millions d’euros par an durant 25 ans… et donc les places sont désormais à 22 euros, car on l’aura compris, la rentabilité est le grand mot d’ordre… Par conséquent, les animaux vont devoir subir entre 1,5 et 2 millions de personnes par an…

On devine bien qu’il ne faut pas s’attendre à grand chose pour les animaux. D’ailleurs, Alexis Lecu, vétérinaire et directeur scientifique du Zoo de Paris, ne le cache pas. Lorsqu’on lui demande si les animaux sont heureux, il répond… que ce n’est pas vraiment le problème !

« On me demande souvent si ces animaux sont heureux, confie-t-il. Je ne sais trop quoi répondre car c’est un concept humain, très anthropomorphique. Notre mission est plus modeste et pourtant aussi essentielle : il s’agit de respecter leur animalité. En leur évitant, tant que possible, tout stress. »

Enlever tout stress avec deux millions d’humains, dont beaucoup d’enfants hurlant, tapant sur les vitres ? C’est complètement ridicule ! Même si bien entendu, le « zoo de Paris » utilise désormais une parade « moderne » des zoos, avec le coup des « biozones ».

Nous en reparlerons quand on en saura davantage sur l’organisation de ceux-ci, non terminée encore, mais pour comprendre l’idée, le parc est désormais divisé en cinq « biozones » : Savane–Sahel, Europe, Patagonie, Guyane, Madagascar, dont deux non encore réalisées.
Cela signifie que les humains se « baladent » dans des structures fermées, et « tombent par hasard » sur les animaux dans une sorte d’environnement « reconstitué » (en fait de manière totalement fictive).

Les réactions des premiers visiteurs dans les médias ont d’ailleurs été édifiantes, remplies de déception, voire d’amertume en raison de la non visibilité facile de certains animaux.

Il va de soi qu’en fait ces « biozones » ne sont qu’une démarche commerciale, où les humains se voient proposer une « immersion » avec à terme, c’est à craindre même si personne ne l’a vu encore, des « interactions » qui seront proposées.

On est là dans une perspective commerciale et dénaturée de très haute volée. Avec toute une idéologie bien précise, dont voici deux témoignages, consistant en deux commentaires signés de la même personne dans des articles du Monde au sujet de l’ouverture du zoo.

Vous êtes pathétique avec votre culte absurde de la Nature. La Nature est très dure, cruelle, on s’y entretue, on y meurt, de faim, de soif, de maladie, on y meurt sous les couprs des braconniers. Dans lez zoos modernes les animaux sont bichonnés, soignés, aimés (eh oui !) et sont proabablement plus « heureux » que dans leur terrible milieu naturel.

Il semble tout au contraire que dans les zoos actuells les animaux vivent bien mieux que dans cette « nature » terrible que vous semblez adorer sottement. Ils y sont nourris, soignés, vaccinés, protégés de tout dans un environnement soigneusement étudiés pour leur bien-être. Assez de fariboles sur les vertus de la vie « naturelle » svp.

De tels propos sont typiques de l’idéologie dominante qui règne en maître en France, pays de Descartes (où même les « antispécistes » défendent cette position).

Au lieu de voir la Nature comme un tout, ce qu’on fait bien sûr à l’inverse les philosophes des Lumières, on réduit tout à des individus et à la lutte pour la survie, sans voir l’entraide et la symbiose, bref sans voir que la vie avance, évolue, progresse, devient toujours plus complexe.

La Nature, ce serait la concurrence, la guerre de chacun contre chacun… Pas facile de voir que ces gens définissent la Nature comme une sorte de miroir de notre société humaine à nous, marquée par l’exploitation, l’individualisme, les guerres, les meurtres.

Et dans la logique dénaturée de ces gens, les zoos seraient le paradis pour les animaux… ce qu’ils sont obligés de dire, par anthropocentrisme, et aussi pour présenter notre société bétonnée comme un grand aboutissement…

Le zoo moderne devient, dans ce contexte, un « happening » sympathique, une immersion du même type que les jeux vidéos, un lieu de « divertissement »…