Cartes postales et « oeufs de Pâques »

Revenons un peu sur les oeufs de Pâques et ce qu’ils véhiculent historiquement, en regardant un peu dans le passé. Aujourd’hui, en effet, on est un peu confus avec les mélanges commerciaux et religieux.

Se confronter aux cartes postales d’il y a à peu près cent ans est donc très utile. Bien entendu, l’esthétique peut être considéré comme assez particulière, et pour certaines personnes ces cartes relèvent du « kitsch », voire de l’atroce.

On peut cependant facilement voir que le rapport à Nature se lit de manière pratiquement ouverte…

Prenons deux cartes parfaitement représentatives de cela. Voici tout d’abord une carte qui reprend ouvertement l’option religieuse. On a un enfant tiré par des animaux, dans une logique typique de l’exploitation animale.

Et c’est lié à la religion: l’œuf est rouge, en allusion au sang du Christ (avec comme expliqué l’œuf symbole de la résurrection, car il passe d’être « mort » à vivant). Les animaux sont bien entendu des agneaux, pauvre animal sacrificiel du monothéisme.

Voici une carte dont la dynamique est tout à fait contraire. Au lieu des agneaux, on retrouve le fameux lièvre, symbole de fertilité. Il y en a plusieurs, et que font-ils? Ils attaquent, avec les oeufs symboles de la vie, « Jack Frost » (Jack le Gel), symbole de l’hiver dans les pays de culture anglo-saxonne. Il est même écrit « compliments de la saison », allusion au Printemps qui triomphe!

Regardons deux autres cartes, fort étranges, et pour cause: elles témoignent de l’irruption de la révolution industrielle dans la question des oeufs de Pâques. Ici, les animaux sont directement montrés comme au service des humains, voire comme étant reliés à la production.

Cela a donc l’air absurde, comme dessin, mais le fond qui se révèle témoigne de la modernisation économique, avec malheureusement donc l’intégration des animaux dans la production de masse…

Dans un autre registre, un des principaux leitmotivs est l’harmonie. C’est la Nature qui parle et qui, de manière hallucinée, « offre » les oeufs. La recherche du lien avec la Nature est évident.

Il va de soi que les enfants sont omniprésents dans cette question de l’harmonie. Ces cartes témoignent du sentiment de « fusion » avec les animaux.

La dernière carte présente une fusion assez étrange et dénaturée. En fait, les « oeufs de Pâques » reflètent un rapport très perturbé, on est entre le jeu et l’exploitation.

Concluons donc sur les deux tendances générales: il y a ainsi l’exploitation, avec l’arrière-plan religieux…

Et il y a à l’inverse la quête d’un rapport non dénaturé à la vie. Sur la carte postale suivante, l’église est à l’arrière-plan, présente mais dans un décor bucolique, avec une femme représentant la Nature, marchant sur les oeufs symbole de la vie, tenant des lapins symbole de pacifisme…

Avec également une sorte de disque, allusion au Ciel, mais en mode mystique. Mais au-delà de l’hallucination de type religieuse, il y a une vraie salutation de la vie. Retrouver ce sens du Printemps, sans la religion, fait partie du combat pour la Nature!