Un point de vue sur l’équitation

Voici un point de vue concernant l’équitation. Il est très intéressant, car tentant d’aborder la question de manière objective, l’auteur tente de faire la part des choses, mais est obligé de constater que par définition il y a un problème, sans pour autant parvenir à le définir précisément…

« C’est un médecin qui m’a recommandé de faire du cheval pour me soigner le dos. Mais oui : l’équitation muscle le dos, et cela évite des affaissements de vertèbres, à condition de ne pas faire de tape-cul (en langage correct : de trot assis).

Selon la Fédération française d’équitation, ce sport permet à l’enfant cavalier de maîtriser son équilibre, de se muscler le dos et le ventre, de redresser sa colonne, de coordonner et dissocier ses gestes, de savoir doser ses mouvements, de prendre confiance en lui, de maîtriser ses réactions émotionnelles, de développer ses capacités d’analyse et d’acquérir le sens des responsabilités.

Le contact avec le cheval, comme avec d’autres animaux, est souhaitable pour les enfants à condition qu’ils soient suivis par des adultes responsables. Le mot clé de la réussite des relations enfant/animal – comme de toute relation – est la réciprocité.

Si l’apprenti(e) cavalier(ère) peigne son poney comme une poupée Barbie et le « chouchoute » avec du matériel de luxe, il (elle) se fait plaisir en ignorant tout des vrais besoins de l’animal.

Si l’enfant considère sa monture comme une vulgaire bicyclette, qu’il ne s’en sert que pour son plaisir égoïste, l’esprit rivé sur la compétition et sans même apporter quelques carottes ni faire brouter l’animal après la séance de travail, c’est raté : il aura pris une bonne leçon d’irrespect.

Au contraire, si on lui fait comprendre l’être vivant qu’il côtoie, ses besoins et ses réactions, il apprendra vite la satisfaction de faire plaisir à autrui, et il assimilera la valeur de l’échange.

La partie sera gagnée avec les animaux, et c’est la voie royale pour s’engager dans des relations saines avec ses semblables, quels qu’ils soient.

De son côté, le cheval a besoin de brouter en groupe pour être équilibré – ses ancêtres vivaient en troupeaux dans des plaines. Or, les chevaux des centres équestres ne sortent généralement de leur box que pour être montés, en général par des débutants qui leur tirent sur la bouche sans ménagements et à qui on ne donne que des conseils techniques.

Or une telle pratique de l’équitation est également désastreuse pour le cheval, qui n’aura aucun rapport positif avec l’être humain, aucun échange non plus avec ses semblables, et qui exprimera vite des perturbations : refus d’être monté, agressivité, tics et coliques pouvant entraîner une mort rapide. Ces faits, pourtant graves, sont aujourd’hui encore si courants, si ancrés dans les mœurs qu’on n’y prête guère attention. » (Marc Giraud, le Kama-sutra des demoiselles)

L’auteur a une approche « rationnelle » et démocratique : il vise la réciprocité. Mais il est obligé de constater que la position de l’animal est par définition dénaturée. Il tente d’équilibrer cela avec des comportements « adéquats », mais cela ne tient pas.

Le problème de fond en effet qu’il se fonde sur l’individu seulement, qui pourrait agir de telle ou telle manière. Or, la situation de l’animal dépend de la société, pas d’un choix individuel. L’individu a une certaine marge de manœuvre par rapport aux animaux, mais celle-ci est encadrée par les valeurs sociales.

C’est justement là que le véganisme se pose en rupture, parce que s’il est authentique, alors il se place du point de vue globale et voit bien qu’il ne s’agit pas d’agir correctement individuellement seulement, mais bien d’oeuvrer à tout changer !

Ici, on retrouve le grand dilemme : faut-il privilégier l’adoption ou la révolution ? Les deux ne s’opposent pas, à nos yeux, mais leur rapport est compliqué !

Ici, on retrouve aussi une question difficile en pratique, celle du rapport de l’individu humain à l’individu animal dans des situations très concrètes, comme lorsque le second est en danger. L’enfer est souvent pavé de bonnes intentions et on peut penser bien faire, alors qu’en réalité on agit mal, car on dénature l’animal, on fait plus de mal que du bien, car on ne s’y connaît pas assez. Inversement, la passivité et l’absence d’émotions est inacceptable.

Et on peut toujours agir correctement, si on se donne les moyens de faire des efforts, d’apprendre. C’est une question de discipline, de rejet de son propre ego. Il faut savoir servir! Il faut savoir étudier, apprendre! Il faut savoir être là!

L’humanité a tout un apprentissage à faire. C’est une évidence ! Et ainsi, pour l’équitation, on ne peut pas laisser un animal, quel qu’il soit, être l’otage des caprices d’un enfant dont l’éducation a déjà été contaminée par l’idéologie de la domination. Pareillement, les adultes fondent leur démarche sur toute une démarche globale d’oppression et d’utilitarisme.

Il faut reconnaître non seulement le cheval individuellement, mais également savoir accepter sa nature, définie par la Nature… L’équitation est une oppression inacceptable!