Le projet ALISTER pour le grand hamster d’Alsace

La région Alsace a lancé hier un programme afin de protéger le grand hamster d’Alsace,  il y en a entre 500 et 1000 et l’objectif est de faire remonter le chiffre à 1500.

Le programme a comme nom  Alister, signifiant « Alsace Life Hamster », en allusion au programme LIFE qui finance, aidé par la Commission Européenne, des causes environnementales. C’est d’ailleurs l’Union Européenne qui avait critiqué la France en 2012, considérant que la protection du grand hamster était insuffisante.

Voici les principaux points du programme.

Les 4 axes et 23 actions du projet
Améliorer l’habitat du grand hamster

A1 Élevage de hamsters pour les actions de conservation
A2 Synthèse des besoins biologiques et des références concernant l’habitat favorable au hamster
A3 Tests en conditions contrôlées de l’impact des cultures innovantes sur la biologie du hamster
A4 Identification des pratiques agronomiques à fort potentiel biologique
C1 Expérimenter en milieu ouvert les pratiques agricoles les plus prometteuses
D1 Évaluation biologique des pratiques agricoles innovantes
D5 Évaluation de l’impact social, économique et environnemental des actions concrètes testées dans le projet Alister
E1 Échanges, partage et diffusion des résultats à destination des agriculteurs
E5 Diffusion des résultats du projet Alister auprès des décideurs nationaux et européens

Reconnecter les zones de présence

A1 Élevage de hamsters pour les actions de conservation
C2 Limiter le risque de prédation au niveau des passages à faune des infrastructures de transport
D2 Suivi du franchissement des infrastructures routières par les hamsters au niveau des systèmes anti-prédation
D5 Évaluation de l’impact social, économique et environnemental des actions concrètes testées dans le projet Alister
E2 Élaboration et diffusion de recommandations pour les passages à faune
E5 Diffusion des résultats du projet Alister auprès des décideurs nationaux et européens

Créer de nouvelles opportunités de développement de l’espèce

A1 Élevage de hamsters pour les actions de conservation
A5 Étude préparatoire à l’introduction de hamsters en milieu périurbain ?
C3 Introduire des hamsters en milieu périurbain
D3 Suivi des populations de hamsters en milieu périurbain
D5 Évaluation de l’impact social, économique et environnemental des actions concrètes testées dans le projet Alister
E5 Diffusion des résultats du projet Alister auprès des décideurs nationaux et européens

Améliorer l’image du grand hamster

C4 Sensibilisation du public alsacien à la problématique de préservation du Grand Hamster
C5 Améliorer l’image du Hamster dans l’opinion publique à travers la presse
D4 Évaluation de l’image du Hamster dans l’opinion publique
D5 Évaluation de l’impact social, économique et environnemental des actions concrètes testées dans le projet Alister
E4 Colloque européen sur les expérimentations menées en faveur de la préservation du hamster en zones urbaines
E5 Diffusion des résultats du projet Alister auprès des décideurs nationaux et européens
E6 Outils communs de communication et de diffusion des résultats du projet ALISTER

Un oeil avisé aura noté le point A1 – l’élevage – mais également le point A3, qui consistera en des expériences sur la biologie du grand hamster d’Alsace. La présentation plus approfondie de ce point nous dit:

Objectifs de l’action :

Cette action vise à tester précisément les effets de plantes identifiées comme potentiellement favorables en A2 sur :

– l’hibernation du hamster, sa condition corporelle à l’émergence et sa reproduction ;
– pendant la lactation des femelles ;
– pendant la croissance des jeunes. Cette action est réalisée en conditions contrôlées afin d’éviter l’effet de facteurs confondants. Elle participera au choix des cultures ensemencées en plein champ dans le cadre de l’action C1.

Élevage et expériences sont donc au programme, il n’est pas difficile de comprendre que cela ira jusqu’à la vivisection. Puisque des hamsters sont élevés et qu’il faut faire des tests, dans la logique des choses, il n’y aura pas de limites, c’est une évidence…

Il ne faut également pas du tout croire que le projet ALISTER est un projet en soi, en toute autonomie, reconnu tel quel. C’est un montage, une construction rassemblant différents organismes, avec un budget global (3 millions d’euros).

On a ainsi, comme le montrent les deux tableaux ci-dessous, la chambre régionale de l’Agriculture d’Alsace (CARA), le CNRS qui s’occupe de la recherche du côté de l’État, l’Office national de la Chasse et de la Faune sauvage,  mais également une association comme le Groupe d’Étude et de Protection des Mammifères d’Alsace, ou encore une boîte de consultants spécialisé dans l’écologie, ACTeon

Tout cela est un bricolage: au lieu d’avoir un véritable organisme, avec des gens responsables devant rendre des comptes et ayant un pouvoir de décision, on a des contrats signés de-ci de-là et des exigences abstraites.

Jean-Paul Bastian, président de la Chambre de l’Agriculture d’Alsace (12000 exploitations), a affirmé que pour aider les grands hamsters à s’alimenter, une partie des champs serait consacrée à ce qu’ils mangent: « Sur une surface de 100 hectares (cultivés), l’objectif est d’atteindre 25 hectares de luzerne ou de blé sur cinq ans« .

Mais en même temps, fin 2013, il y a eu la reconnaissance par la préfecture du projet de rocade autoroutière de contournement de Strasbourg, appelé « Grand Contournement ouest ».

C’est inévitable: sans pouvoir de décision réel fondé sur une démarche authentiquement écologiste, on n’a que du bricolage pour compenser, avec une logique administrative coupée des valeurs qui devraient être mises en avant, avec le respect et la reconnaissance de la Nature comme un « tout ».

Le projet ALISTER c’est aussi, voire surtout, une sorte de construction administrative au milieu d’une logique globale d’urbanisation, une démarche d’apprenti-sorcier où des gens vont s’imaginer « élever » des grands hamsters pour « aider » la Nature…