Nous avons déjà parlé de la véritable catastrophe des refuges en France, qui dans la pratique n’ont aucune envergure nationale et n’existent que par la volonté, le courage, l’abnégation d’individus dispersés se donnant corps et âmes.
L’Etat ne fait rien, la société s’en moque, et c’est sur la bonne volonté d’individus que tient une solidarité absolument nécessaire. Parfois, il y a des erreurs, voire des fautes.
La mort par asphyxie de 24 chiens lors d’un transport agréé par la SPA de Paris est une expression de plus de la honte de la situation.
Surtout quand on voit apparemment une personne responsable de la SPA de Paris se pointer… en avion à Tarbes pour officialiser un tel transport, dans un camion traditionnel de type déménagement…
Et il y avait également un responsable des services vétérinaires, validant le transport!
Et ce transport allait de Tarbes (sud ouest de la France) jusqu’à Paris, 830 kilomètres de route et plus de sept heures de route: n’y a-t-il aucun autre refuge entre Tarbes et Paris?
Nous parlions encore récemment des scandales en série révélés par le Canard enchaîné au sujet de la SPA de Paris (voir « A la SPA, on se goinfre sur la bête »), montrant que dès que les comptes des grandes associations deviennent opaques, l’esprit de corruption est vite présent, puisqu’il n’y a aucun garde fou culturel et démocratique…
Ce dont on a besoin c’est de structures véganes, avec une morale absolument incorruptible, où les animaux sont placés comme aspect principal. C’est indiscutable.
On en est loin et tout cela fait froid dans le dos. En France, au 21ème siècle, un tel transport d’animaux abandonnés est une honte complète, qui n’a aucune excuse. Ce n’est pas rechercher à bien faire, c’est de l’amateurisme criminel.
Bien entendu, les moyens sont terriblement faibles. Mais il faut savoir dire stop, surtout quand il y a des moyens comme les a la SPA de Paris…
Ce qui se révèle ici c’est un problème d’ampleur national, demandant un engagement de fond, une réflexion capable de continuité. Il faut, pour aider les animaux, des moyens d’ampleur : il faut les arracher à l’État, tout comme finalement il faut tout changer pour pouvoir mettre en œuvre des choses concrètes, réelles, quotidiennes.
Voici une présentation de cette affaire dramatique – et non tragique, car il y a des coupables – par Le Parisien:
«On s’en veut, on n’aurait jamais dû les laisser partir!», regrette Maud Starck, la vice-présidente de la SPA de Tarbes (Hautes-Pyrénées). Depuis plus de trois semaines, un profond malaise règne dans son refuge. En cause : 24 chiens sur les 38 transportés le 23 avril vers Paris, à la demande des pouvoirs publics pour cause de surpopulation à Tarbes, sont morts asphyxiés en cours de route.
Depuis ce drame, les différents protagonistes se rejettent les responsabilités. Le refuge de Tarbes assure que toute l’opération a été coordonnée par la SPA de Paris. Or, la SPA de Tarbes et celle de Paris mettent en cause le transporteur, la Sapca. De son côté, le PDG de la Sapca, Jean-François Fonteneau, reconnaît que le camion de 20 m3 qu’il avait loué pour l’occasion n’était «pas agréé», mais il s’en prend au fonctionnement «dramatique» de la SPA de Tarbes.
Le parquet de Tarbes devrait rapidement décider, au vu des analyses toxicologiques, si l’enquête reste à Tarbes ou si elle doit être transmise à Agen, près du siège du transporteur, ou encore à Paris, siège national de la SPA, en fonction des responsabilités principales, informe la procureure Chantal Firmigier-Michel. Quant à la présidente du refuge de Tarbes, Paulette Cassou, elle a porté plainte contre X le 28 avril. La présidente nationale Natacha Harry a indiqué avoir fait de même de son côté le 24 avril.
Un camion non agréé
Selon Maud Stark, ce 23 avril, 38 chiens ont été transportés dans un camion de déménagement sans aération, conçu pour le transport de meubles, pas d’animaux vivants. «Nous n’avons pas osé nous opposer au transport: il y avait sur place quelqu’un des services vétérinaires, ainsi qu’une déléguée de la SPA nationale, le chauffeur a assuré qu’il faisait cela depuis longtemps et s’arrêterait toutes les deux heures», déplore-t-elle.
Les chiens, enfermés dans des cages individuelles, pourraient avoir été tués par la dispersion des gaz d’échappement rentrant dans le véhicule par le hayon entrouvert, estiment la SPA nationale et le PDG de la Sapca. Le chauffeur a constaté que 24 chiens avaient péri à son troisième arrêt à mi-parcours, selon le PDG de la Sapca.
Selon le chauffeur, le camion loué n’était effectivement «pas ventilé» à la différence de ses véhicules habituels, plus petits. «En cas de demande urgente de la SPA nous sommes amenés à louer des véhicules de grande taille, non agréés, cela s’est toujours bien passé car le chauffeur prend des précautions avec les animaux», a-t-il expliqué.
«Un fonctionnement dramatique, de longue date»
La mort de ces chiens met «tout le monde mal à l’aise», déclare le PDG de la Sapca. S’il reconnaît une «possible négligence» du chauffeur, ses coups les plus durs vont au refuge de Tarbes qui a «un fonctionnement dramatique de longue date».
Selon lui, les analyses devraient permettre «de vérifier l’hypothèse du monoxyde de carbone, mais aussi de savoir si ces animaux avaient reçu un traitement antipuces excessif ou des tranquillisants avant le voyage, ce que nous indiquent des bénévoles et ce qui aurait pu aggraver la situation».
«Le milieu des amis des animaux est extrêmement violent, les passions y sont exacerbées», conclut le transporteur, en évoquant les nombreuses prises de position que suscite cette affaire sur les réseaux sociaux.
Le transporteur raconte n’importe quoi, si le milieu des amis des animaux était violent, les choses se passeraient bien différemment…
Voici également le communiqué de la SPA de Paris.
Société Protectrice des Animaux (SPA)
INFORMATION SUR LE DRAME DES CHIENS DE TARBES
Comme certains d’entre vous le savent déjà, notre association vient d’être confrontée à un drame épouvantable. Au début de ce mois, nous avons appris le décès de 24 chiens lors d’un transfert entre un refuge indépendant à Tarbes et nos propres refuges.Des bénévoles de Tarbes nous avaient appelés à l’aide car le refuge était surpeuplé et seule la Société Protectrice des Animaux pouvait faire échapper ces animaux en surnombre à une euthanasie. A la suite d’un contrôle de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de Protection de la Population, le refuge a été mis en demeure de se séparer de 40 chiens, et la DDCSPP nous a contacté afin que nous puissions prendre en charge ces animaux.
Nous sommes intervenus le 23 avril en présence de la DDCSPP pour 38 chiens. Il est peu de dire que nous avons été horrifiés en découvrant ce qui s’était passé. Nous avons décidé immédiatement de porter plainte contre X afin de nous assurer que toute la lumière soit faite sur les responsabilités de chacun dans cette terrible affaire. La prudence s’impose toujours dès lors qu’une enquête est en cours et nous nous refusions à faire circuler des données parcellaires qui pouvaient s’avérer fausses. Nous disposons désormais de résultats que nous pouvons communiquer sans risque d’être démentis.
Les premières constatations des vétérinaires lors des autopsies ont montré un taux excessif de gaz carbonique dans le sang des chiens. Nos investigations laissent désormais entrevoir un début d’explication. Il semble que le haillon du camion soit resté ouvert pendant le transport, créant ainsi un appel d’air et provoquant la dispersion des gaz d’échappement dans l’habitacle. Cette erreur mortelle constituerait la cause principale de ce désastre.
Notre association prendra bien évidemment sa part de responsabilité dans ce drame si celle-ci devait être établie par l’enquête en cours. Ceci n’enlèvera rien au chagrin, à la colère et à l’émotion que nous ressentons tous au sein de la SPA, de ne pas avoir pu sauver et soigner ces chiens qui étaient attendus dans nos refuges.
Les 14 survivants qui vont bien, sont choyés dans les refuges d’accueil en région parisienne que nous leur avions choisis. Piètre consolation sans doute.
Arrivée il y a un an à peine à la tête de la Société Protectrice des Animaux, j’ignorais qu’aucun texte ne régissait les conditions de transport des animaux au sein de notre association. Ce texte existe désormais et chacune de ses dispositions devra être respectée à la lettre avant d’autoriser un quelconque transport.
Nos services et seulement eux, seront chargés d’organiser et d’effectuer les transferts futurs.
Nous avons pour cela lancé un plan d’investissement visant à acquérir des camions plus grands que ceux dont nous disposons aujourd’hui.A l’avenir, aucun risque ne pourra, ne devra être couru qui serait susceptible de porter atteinte à la santé ou à la vie des animaux dont nous avons la charge. C’est la vocation même de la SPA, son ADN, sa raison d’être.
Je voulais pour finir, présenter à mon tour, toutes mes excuses au refuge de Tarbes dont les bénévoles et salariés nous avaient appelés à l’aide. Je leur ai d’ailleurs adressé un courrier en ce sens. Nous restons aujourd’hui, et sans doute pour longtemps encore, sous le choc de cette catastrophe.
Natacha HARRY
Présidente de la SPA