L’interdiction des sacs plastiques: enfin?

Les députés n’ont pas fait que modifier la loi concernant les maltraitances d’animaux, ils viennent également d’adopter en commission un amendement sur les sacs plastiques (le vote aura lieu en automne). Cela fait des années qu’on en parle : leur interdiction est une exigence très vieille de tous les écologistes.

Dans certains pays, c’est déjà la règle : par personne, seulement quatre sacs de ce type sont consommés chaque année dans des pays comme le Danemark ou la Finlande, où l’écologie a un poids important. Au Portugal ou en Slovaquie, le chiffre est de 450…

En France, on peut lire qu’on en utilise 700 millions par an, contre encore 10 milliards il y a une dizaine d’années. En réalité, le chiffre ne concerne que les grandes surfaces pour l’alimentation, il est en fait de 5 milliards, à quoi s’ajoutent 12 milliards pour les fameux sacs de fruits et légumes au marché.

Les chiffres sont donc très mauvais… Et la démarche reste intouchable : en 2010, on avait entendu parler d’une taxe de 6 centimes par sac plastique ayant un usage unique, il fut ensuite dit que cela s’appliquerait à partir de janvier 2014, mais bien entendu c’est passé à la trappe.

Des solutions existent pourtant, avec des sacs réutilisables, ou bien des sacs biodégradables. Mais le problème est que cela demande de l’organisation, et par définition dans le capitalisme règne la concurrence et l’individualisme.

La personne qui achète quelque chose ne pense qu’à pouvoir transporter son achat. Elle ne raisonne pas plus loin, alors qu’au-delà des 20 minutes d’utilisation en moyenne, le sac plastique va mettre 400 ans à se désagréger…

On considère d’ailleurs que 14 400 sacs plastiques déboulent sur les plages en France, par… heure, soit 126 millions de sacs annuellement. Ce qui amène des décès par millions chez les mammifères marins et les oiseaux. Cela participe de manière terrible à l’écocide.

Voici comment l’Agence régionale de l’environnement de Haute-Normandie présente la question des « continents » faits de plastiques :

On estime que la Méditerranée contient 250 milliards de particules plastiques, (microparticules et macroparticules), atteignant un poids de 500 tonnes qui flottent à la surface. Hélas, le cas de la mer Méditerranée n’a rien d’exceptionnel.

Ces plaques de déchets résultent de l’accumulation de déchets plastiques : bouteilles vides, bouchons, sacs … et des milliards de débris. La majorité d’entre eux, fragmentés par le séjour dans l’eau, mesurent moins d’un centimètre et pèsent moins de 15 grammes. Cette soupe de plastique contient des déchets parfois très fins.

Elle s’enfonce sous la surface sur 10 à 30 mètres de profondeur avec une densité pouvant atteindre les 750 000 morceaux par km². Ces déchets proviennent des navires et des continents, transportés par le vent et les fleuves vers la mer.

Regroupés par les courants marins, ces plastiques finissent par s’agglutiner pour créer une pollution océanique sans précédent que l’on nomme Gyres ou Vortex. Aujourd’hui, on parle même de l’existence de « continents plastiques ».

Une autre question est le prix. Un sac biodégradable est fait à base d’amidon de maïs, ce qui coûte jusqu’à 10 fois plus cher que pour les sacs à base de polyéthylène. Là aussi on retrouve la question de fond : quel prix l’humanité est-elle prête à payer ? Ou plutôt quel prix l’individu est-il prêt à payer ?

Si l’on prend les gens individuellement, on voit bien qu’on ne peut pas arriver à grand chose. Seule la compréhension comme quoi l’humanité existe globalement peut amener les individus à se comporter de manière rationnelle, à ne pas suivre ce qui leur semble être leur propre intérêt.

On voit chaque jour des gens se comporter de manière fondamentalement erronée sur le plan de l’écologie. Pourtant, on sait en même temps que l’humanité n’a pas le choix et doit se comporter différemment.

Comment relier les deux ? La question des sacs plastiques est ici une question typique de la difficulté à laquelle on fait face. Seule la société peut y répondre, de manière globale.

Voici par exemple des informations concernant la question les menaces que pèsent l’enfouissement ou l’incinération des sacs :

Les dangers de l’enfouissement :

– Imperméabilité et stérilisation des sols à l’eau;
– Inondation;
– Pollution de la nappe phréatique.

Les dangers de l’incinération des sacs plastiques :

– Pollution de l’air;
– Dégagement de fumée noire chargée de gaz toxiques et cellules cancérigènes : L’incinération des sacs plastiques dont la matière première est d’origine fossile, comme la combustion du bois ou du pétrole, émet du dioxyde de carbone, qui est un gaz à effet de serre;
– Risque pour la santé : stérilité des femmes, maladies respiratoires;
– Dépôt de cellules polluantes sur tous les composants de la nature

Y a-t-il ici une solution individuelle ? Absolument pas : seul un renversement de perspective, avec la planète au centre, avec l’humanité intégrée positivement à la planète, permet d’envisager une solution !