Code du travail – Vers la prohibition ?

« L’anticapitaliste » est l’hebdomadaire du Nouveau Parti
Anticapitaliste; avant il s’agissait de « Tout est à nous » mais les
objectifs ont été réduits à la baisse. On peut y trouver un article
assez fascinant qui fait une apologie de l’alcool, qui est d’ailleurs dans le même esprit que celui du New York Times qui appelait à supprimer la « prohibition sur le cannabis »…

Attention, il faut s’accrocher car l’on pourrait croire l’article
directement écrit par le service marketing de l’industrie de
l’alcool…

Code du travail – Vers la prohibition ?

Jusqu’à présent, le code du travail stipulait qu’« aucune boisson
alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré n’est autorisée sur le lieu de travail ». Voilà que ça change…

Un décret publié jeudi 3 juillet au Journal officiel ajoute un alinéa,
selon lequel « lorsque la consommation de boissons alcoolisées » est «
susceptible de porter atteinte à la sécurité et la santé physique et
mentale des travailleurs », l’employeur peut prendre des mesures par « le règlement intérieur ou, à défaut, par une note de service ».

« Ces mesures, qui peuvent notamment prendre la forme d’une
limitation, voire d’une interdiction de cette consommation, doivent
être proportionnées au but recherché », précise le texte.

Défendre la vie collective

Cette nouvelle attaque au code du travail va renforcer les entreprises
qui avaient inscrit l’interdiction totale de l’alcool au travail. Sous
prétexte de sécurité ou de protection de la santé, on assiste en fait à une offensive prohibitionniste.

Au moment ou les salariés en souffrance consomment des psychotropes à un niveau record dans notre pays, l’interdiction de l’alcool en entreprise vise à supprimer les derniers endroits de convivialité, les fameux pots de fin de semaine ou d’événements familiaux.

La stratégie patronale est bien d’exclure de l’entreprise tous les
moments où l’on n’est pas au travail, pris dans la concurrence entre
salariéEs et sous la surveillance de la hiérarchie, directe ou
informatisée. Il nous faut défendre ces espaces favorables à la vie
collective en entreprise, car la lutte contre l’alcoolisme ne passe
surtout pas par la clandestinité ni par les leçons de morale.

Jett Aelys

Peut-on faire plus ultra-libéral que ces dernières lignes de refus de
l’interdiction et de la morale? D’ailleurs, ces thèses sont en
opposition historique complète avec le mouvement ouvrier de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle.

Quant au reste, faire l’apologie de l’alcool comme prétexte à la fête,
la convivialité, voire la lutte… Que dire? On a là la négation non
seulement du caractère destructeur de l’alcool, mais aussi de sa
dimension mensongère. Car là où l’alcool coule à flots, et notamment
dans ces fameux « pots » que l’article défend, on est dans le règne de
la légèreté qui n’engage à rien, de l’hypocrisie.

Imaginer comme le fait l’article que l’entreprise n’a aucun contrôle
lorsque les gens boivent est littéralement aberrant. C’est au
contraire là où l’entreprise a le plus de contrôle. Et s’il y a
interdiction, c’est que l’alcool envahit tous les domaines de la vie,
la société s’effondre et l’alcool s’immisce partout, il est devenu banal et acceptable.

Les entreprises sont en panique parce que les choses vont trop loin.
Mais comment pourraient-ils en être autrement? Le sens de la vie
s’enfuyant, l’alcool renforce sa présence, alors qu’en arrière-plan,
la société française, dénaturée et rongée par l’individualisme, ne
reconnaît plus de normes, toute règle est considérée comme un obstacle à la liberté individuelle, censée être absolue.