Barry, le lamantin assassiné au zoo de Vincennes

Le zoo de Vincennes juste à côté de Paris a rouvert tout récemment, après des années de travaux. Et on vient d’apprendre qu’il y a plus d’une semaine, un lamantin est mort dans un bassin. Il était arrivé au tout début juillet, et il est déjà mort…

Comment ? Voici l’incroyable explication de Rodolphe Delord, Directeur du zoo de Beauval, sur le site du Nouvel Observateur : pour lui, c’est simple, il n’y aucune explication, et il n’y en a pas besoin. C’est la faute à pas de chance, ce n’est la faute de personne !

Un tel accident est rarissime. C’est pourquoi, quand j’ai appris ce drame, j’ai contacté l’équipe zoologique de Vincennes pour en savoir davantage. Pour le moment, ils ignorent les circonstances exactes qui ont conduit au décès de Barry, lamantin de trois ans né au zoo d’Odense au Danemark. Une enquête a été ouverte pour comprendre comment cela a pu se produire.

Je ne pense pas que le parc zoologique de Vincennes soit responsable. Tout laisse à penser que la mort de Barry est le fruit d’un accident fortement regrettable. Comme tout mammifère marin, le lamantin ne dispose pas de branchies et doit donc remonter à la surface pour respirer. Sans air, il se noie.

Dans le cas présent, il semblerait que l’animal soit resté coincé entre deux portes de bassin. Barry ne souffrait d’aucun souci de santé particulier et a été attentivement suivi par l’équipe vétérinaire.

Pour moi, il s’agit juste d’un accident comme il peut en survenir chez les hommes. Au zoo de Beauval, nous n’avons jamais été confrontés à un tel incident, mais cela ne veut pas dire que nous sommes totalement à l’abri.

La question se pose quant à l’aménagement du bassin. Une erreur a-t-elle pu être commise ? J’en doute sérieusement.
Quand nous avons construit le bassin de 800m3 pour les lamantins, j’ai réalisé des croquis, que j’ai par la suite fait exécuter par un architecte spécialisé. Mais tout l’aménagement du bassin et sa construction ont été validés par le programme d’élevage européen (EEP). Un coordinateur d’espèce est aussi là pour suivre de près et recenser tous les individus de l’espèce.

Une erreur a été faite quelque part. Je ne sais pas si l’accident aurait pu être évité, mais c’est le propre d’un accident. À Beauval, nous accueillons 5.700 animaux, soit plus de 600 espèces différentes. Tous les ans, nous devons faire des aménagements dans des enclos, bassins et autre pour éviter l’accident.

On est là dans un n’importe quoi absolu. Que signifie donc « il s’agit juste d’un accident comme il peut en survenir chez les hommes » ? Et depuis quand les accidents chez les êtres humains relèvent-ils du simple hasard ?
C’est à croire qu’on vit dans un monde qui comme il est, et où s’il arrive quelque chose d’imprévu, alors c’est du « hasard », un hasard absolument inexplicable, incompréhensible.

On reconnaît ici dans les réponses de cette personne la dimension totalement arrogante de l’anthropocentrisme qui prétend savoir et connaître, alors qu’en réalité elle opprime et elle tue.

La vérité est que ce sont les humains qui sont responsables de la mort de cet être vivant, et pas n’importe lesquels : ceux qui ont construit ce bassin, ceux qui ont amené le pauvre lamantin.

Les réactions ne manquent pas, d’ailleurs : « lamentable », tel est le leitmotiv qui revient, et ce d’autant plus avec le discours du zoo de Vincennes qui se voulait ultra-moderne, et d’ailleurs le lamantin était mis en avant comme relevant d’une espèce menacée, et donc soi-disant particulièrement choyé au zoo, etc. etc.

Sur le facebook du zoo, une personne résume bien les réactions :

xxx Une honte! Le business avant le bien-être des animaux. Pour le prix qu’a coûté la rénovation et le nombre d’ingénieurs qui sont en charge de mettre en place des installations conformes et sûrs, vous vous moquez du monde!

Une autre réaction exprime également un autre aspect :

xxxx D’accord avec xxxxx, la façon dont vous gérer cette accident est assez contestable. A part vous défendre et dédouaner vous ne dites rien de plus. La principale victime ici est Barry, que l’attention soit porter sur lui et sa perte plutôt que sur le zoo et l’équipe me semble plus juste.
Quand bien même votre responsabilité n’est pas en faute, des excuses et regrets ne seraient pas de trop.
Vous parlez du futur arrivant avant même la fin des investigations, ca montre que peu d’intérêt à Barry je trouve tout ca…

Car, en effet, voici le communiqué du zoo à ce sujet, et là aussi on est dans le déni le plus total… Zéro excuses, zéro regrets, mais la venue du prochain lamantin est annoncé. On remplace la marchandise, en quelque sorte… L’horreur toute froide, glaciale!

Parc Zoologique de Paris

Le Parc Zoologique de Paris, établissement du Muséum national d’Histoire naturelle a le regret d’annoncer la mort de l’un des deux lamantins du Parc Zoologique de Paris le 11 Août dernier. Agé de 3 ans, il était arrivé le 05 juillet dernier en provenance du zoo d’Odense au Danemark et avait rejoint « Tinus », déjà présent depuis 6 mois et bien habitué à ses soigneurs.

En fin d’après-midi, peu de temps après son dernier nourrissage, Barry n’a plus été visible dans son bassin et les recherches sous-marines entreprises immédiatement ont mis en évidence son passage dans une cavité technique, normalement inaccessible aux animaux car clos par une porte. Cette cavité se situe entre les deux parties du bassin, sous une zone de faible profondeur permettant l’entrainement médical des animaux.

Resté coincé, le mammifère marin n’a pas pu remonter à la surface pour reprendre sa respiration.

Une analyse fine et précise des causes de l’accident est en cours et nécessitera du temps en raison de l’environnement sous-marin et de la complexité de ces installations. Cependant, des mesures ont été prises immédiatement pour condamner l’accès à cette zone et empêcher tout incident avec les autres animaux (lamantin et poissons).

Le diagnostic en cours et les conclusions qui en seront tirées permettront d’éviter que ce type d’accident se reproduise dans les parcs zoologiques.

Le bassin des lamantins se situe dans la serre du Parc zoologique, et constitue un double volume de plus de 630 m3, doté d’un équipement de filtration de haute technologie pour assurer une qualité d’eau constante aux espèces animales du bassin.

Le Parc Zoologique de Paris s’est vu confier ses lamantins après une demande auprès du plan d’élevage européen (EEP) qui gère une trentaine d’individus dans les zoos et aquariums d’Europe. Ce plan d’élevage place les animaux après validation des bassins et agencements, sur plan et sur site.

Les installations sont donc conformes aux normes du Programme Européen d’Élevage. Une fois qu’elles auront été sécurisées de manière pérenne et contrôlées, un congénère viendra rejoindre « Tinus » avant la fin de l’année.

Les équipes du Parc déplorent ce malheureux accident et rappellent défendre au quotidien le bien-être des animaux au cœur du nouveau Parc Zoologique de Paris, tout à la fois formidable outil de sensibilisation à la nature, centre de conservation des espèces respectueux de l’animal, lieu de science et de recherche.

Alexis Lécu, directeur scientifique et vétérinaire en chef du Parc Zoologique de Paris

Sophie Ferreira Le Morvan, directrice du Parc Zoologique de Paris

Thomas Grenon, directeur général du Muséum national d’Histoire naturelle

En gros : le zoo c’est super, ses responsables des gens très biens, et de toutes façons l’animal mort va être remplacé sous peu, circulez il n’y a rien à voir !

On a ici, très précisément, la logique de l’irresponsabilité humaine par rapport à ses crimes vis-à-vis de Gaïa, c’est-à-dire de l’ensemble de notre planète comme résidence d’êtres vivants.