Une « radiographie de l’électorat EELV »

Europe Ecologie les verts tient en ce moment ses journées d’été, avec en arrière-plan la sortie opportune d’un livre de Cécile Duflot où elle critique le gouvernement dont elle a elle-même il y a peu encore fait partie. Ce qui est prétexte à un nouveau psychodrame, etc. etc.

De manière plus intéressante, il y a eu hier à ces journées un atelier sur le rapport d’EELV à l’opinion, et l’institut CSA a rendu public sa « Radiographie de l’électorat EELV ».

Voici les quelques informations intéressantes. Tout d’abord, l’électorat d’EELV puise notamment chez les « catégories socio-professionnelles + », en région parisienne, alors qu’il est sous-représenté chez les plus de 65 ans et dans les petites villes, ainsi que chez les gens n’ayant pas le bac.

Ce n’est guère étonnant : l’écologie d’EELV n’est nullement populaire. EELV, ce sont des gens à l’esprit associatif, actifs dans les mouvements sociaux, donc clairement dans l’esprit « ville », voire « bobo ». Ils n’en ont cependant pas du tout l’impression et ont l’impression de présenter des intérêts communs à tous, de porter par nature même un projet global.

Cela donne concrètement que dans seulement 9,9 % des villes de 1000 à 2000 habitants EELV a fait plus de 10% aux élections européennes. Inversement, 72,4% des communes où EELV a recueilli 10% ou plus des suffrages exprimés aux européennes ont un de diplômés de l’enseignement supérieur long de 11% ou plus.

Ce côté urbain s’exprime également par quelque chose d’assez flagrant. Voici la carte montrant où EELV a eu ses meilleurs scores aux élections européennes. Impossible de ne pas penser à la ceinture historique du protestantisme en France, montrée sur la carte juste en dessous.

EELV est ainsi nettement porté par un courant de protestation traditionnel d’une partie des cadres supérieurs « éclairés », il n’y a rien d’original, et d’ailleurs quiconque va régulièrement sur le site d’EELV n’y voit jamais parlé d’écologie véritablement, mais tout le temps des questions « sociétales ».

Les réponses aux questions « positif/négatif » sont encore plus flagrantes. L’électorat d’EELV aime moins que la moyenne la police et l’armée, ainsi que les entreprises, mais davantage les syndicats et les associations,la Justice et l’école. On est ainsi ni dans une position conservatrice (où les gens aiment la police et l’armée), ni dans une position révolutionnaire (où les gens n’aiment pas l’école ni la Justice).

De manière corroborant cela, on voit que 88 % des personnes interrogées – il faut toujours relativiser les sondages – pensent que, « En règle générale, les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, ne se préoccupent pas des gens » comme eux. Le chiffre n’est plus que de 80 % chez l’électorat d’EELV, et pour cause.

De la même manière, 73 % des personnes interrogées pensent que la France est « en déclin », mais uniquement 41 % de l’électorat d’EELV. 52 % des personnes interrogées trouvent que l’appartenance de la France à l’Union Européenne est une « bonne chose », mais carrément 85 % de l’électorat d’EELV.

Niveau cadre de vie, la première préoccupation des personnes interrogées consiste en le montant des impôts locaux (47%), chez l’électorat d’EELV ce sont les transports en commun (40%) puis seulement les impôts locaux (36%).

Bref, cette radiographie témoigne, si besoin en était, qu’EELV porte une écologie qui est celle exprimant les besoins de gens urbains, plutôt en centre-ville ou bien profitant d’une ville développée culturellement comme Paris, vivant de manière relativement tranquille socialement voire aisée.

EELV n’est pas un projet politique, moral ou culture ; c’est juste un reflet d’un certain mode de vie, bobo ou semi-bobo, d’une protestation plus ou moderne et « cultivée » qui ne va pas vraiment loin, et en tout cas n’assume pas de réelle remise en cause.