Pour l’écologie ou « contre les violences policières »?

C’est à la fois un hold up et une démonstration d’hypocrisie. La mort de Rémi Fraisse n’a pas été le produit du hasard : il est évident que les forces de police et de gendarmerie mènent depuis des semaines une répression d’une très grande brutalité au Testet.

Mais cette mort relève d’une lutte, avec un contenu. Ce contenu est passé à la trappe, à un point tel que désormais il n’est plus parlé de Rémi Fraisse que pour parler de répression policière.

On met sa mort sur la même plan que celle des gens tués par la police lors d’arrestations ou de contrôles. C’est totalement déplacé, car il existe une grande différence entre un individu ayant fait le choix d’une lutte et celui qui est victime de l’arbitraire pur et simple. Il ne s’agit pas de la même réalité sociale.

Sauf qu’évidemment, l’écologie ne semble même pas exister pour la plupart des gens. Par conséquent, on fait disparaître la lutte écologique et on la remplace ici par une dénonciation de la brutalité policière, de la même manière qu’hier à Notre-Dame-des-Landes la défense de la nature a été troquée contre le projet de communauté d’individus menant une petite production tels des « pionniers » colonisant l’Amérique.

C’est allé tellement loin dans la liquidation de la dimension écologique qu’hier une vingtaine de lycées parisiens ont été bloqués, avec également une manifestation par la suite. Sauf que les lycéens l’avouent eux-mêmes : ils n’en ont rien à faire du contenu de la mort de Rémi Fraisse.

Ils plaquent leurs propres exigences, et surtout leurs envies de sécher les cours. Ce qu’on peut comprendre, les occasions ne sont pas forcément nombreuses surtout vu le contexte si sinistre. Pour autant, on ne peut pas cautionner que la jeunesse assume son hypocrisie, tout en se moquant de l’écologie.

Il y a là quelque chose de glauque. Car entendons-nous bien : il ne s’agit pas ici d’une assimilation à une même cause de la lutte contre les violences policières et de l’écologie. Si c’était cela, ce serait peut-être critiquable, mais compréhensible.

On pourrait se demander quel est l’aspect principal, mais bon au moins il y a du contenu. Mais ce n’est pas cela : il s’agit ici d’une totale liquidation de la question écologiste. Au point qu’il n’est même pas tenté de faire semblant d’être un peu écologiste, non, rien… D’ailleurs, le mouvement inter lycées indépendant à l’origine du blocus ne s’en cache pas ; il a son propre agenda politique.


Voici un texte rendant-compte de ce vide complet sur le plan de l’écologie :

La décision des deux assemblées générales qui se sont tenues est de bloquer de nouveau les lycées demain et d’élargir cet appel à l’ensemble des lycées qui peuvent bloquer.

Ces blocus ont toujours pour but de mettre la pression à l’Etat pour que les violences policières s’arrêtent dans nos quartiers et dans nos luttes. Mais nous tenons à vous faire part de l’expulsion d’ici quelques jours d’un lycéen sans-papiers, ce qui fait donc une raison de plus. La répression institué par l’Etat et les forces de l’ordre contre les élèves sans-papiers rentre dans le cadre de la violence policière en général, car ce sont toujours les personnes les plus démunies qui sont touchées en premier.

Une manifestation aura lieu demain. Le rendez-vous est toujours à Nation pour 11h. Un autre rassemblement va avoir lieu pour 11h30 à Bastille pour soutenir l’élève sans-papiers. Il y aura, sans doute, une convergence qui va se faire. N’oubliez pas qu’un blocus sert à se mobiliser massivement pour manifester.

Un compte rendu de l’AG lycéenne qui n’est pas terminé sortira d’ici peu. Faîtes tourner par tous les moyens à votre disposition.

Donc voilà, c’est très simple, encore une fois l’écologie n’existe pas. Et il n’est même pas fait semblant.

Et la blague dans tout cela, c’est que ces blocus relèvent de l’idéologie de la consommation ; entre deux McDos et des posts sur facebook, on étale sa propre révolte.

Si encore, il y avait un appel à la révolution, mais même pas ! Voici comment se présente le mouvement inter lycées indépendant, qui ne veut même pas assumer d’être d’extrême-gauche.

Et on est censé dire bravo à ce zéro contenu ? On est censé applaudir n’importe quoi ? Non, ce qu’on est censé faire, c’est vouloir une jeunesse des grands idéaux, des grandes valeurs, une jeunesse qui lève le drapeau du changement complet, bref de la révolution.

Une jeunesse éperdue d’idéal, qui discute de la meilleure pratique du véganisme, qui donne un coup de main aux refuges, qui assume la libération animale comme un idéal concret.

Voilà ce en quoi on est en droit d’attendre, alors que la Nature se fait assassiner chaque jour davantage et que tout le monde le sait. Et cela devra se produire : d’ici quelques années, la fumisterie d’une telle fausse révolte sautera tellement aux yeux qu’elle fera honte.