La « fête des animaux » en 1970, 1971 et 1972

La mort d’Alexandre Grothendieck a été prétexte de remarques toutes favorables dans la presse, ce qui est logique puisqu’un hurluberlu racontant n’importe quoi correspond parfaitement à ce qu’attend cette presse de la part d’un « écologiste ». Pas de radicalité, un esprit « scientifique », une existence anti-sociale, les animaux oubliés, et surtout pas de Gaïa : Alexandre Grothendieck est ainsi parfait.

Libération en a ainsi fait le « fondateur de l’écologie radicale », ce qui est totalement ridicule. Alexandre Grothendieck ce sont des critiques du nucléaire et de la pollution, de la technique, dans quelques numéros d’une revue qui furent ronéotypés (l’ancêtre de la photocopie), mais cela s’arrête là (voir Grothendieck et le groupe « Survivre et vivre »).

Alexandre Grothendieck parle-t-il des animaux ? Non. Parle-t-il de la Nature ? Même pas. C’est juste un de ces typiques partisans français de la décroissance, de la petite production en mode rustique.

Libération a été bien plus inspiré de dire :

« Il aurait été à l’aise à Sivens avec les zadistes qui ont repris son combat. »

Car, c’est vrai, c’est le même esprit. José Bové y est allé d’ailleurs dans le même topo, toujours dans Libération :

Peut-on faire un lien avec les zadistes ?

Il faut. Que voit-on émerger ? Un lien entre la question des modes de vie et celle de l’engagement écologique. On mène des combats et on change sa vie au quotidien. Il y a une remontée très forte face à l’urgence de la crise écologique que nous connaissons aujourd’hui. C’est ce que portait le slogan Ici et maintenant. La radicalité est la même, on peut dire que les zadistes à Sivens ou à Notre-Dame-des-Landes sont les enfants de Grothendieck.

Aucun contenu, juste un « style » : c’est vrai c’est pareil.

De manière bien plus intéressante, loin de cette logique du « la terre, elle, ne ment pas », voici un extrait de ce qu’on peut trouver dans un bulletin de l’association de Grothendieck. Il s’agit d’une information concernant une « fête annuelle des animaux ».

L’information dans le bulletin consistait en fait à faire appel à des gens de l’association pour passer là-bas, pour tenir un stand, etc.

Or, ce qu’on y lit est terriblement frappant : on est au début des années 1970 (en 1972 exactement) et on peut lire des choses qui correspondent, pratiquement mot pour mot, à l’argumentaire qu’on peut lire aujourd’hui.

C’est inquiétant : on n’a pas avancé en 40 ans, ou bien le discours actuel est franchement dépassé par la libération animale, il y a beaucoup à réfléchir. En tout cas si vous avez des informations au sujet de cette fête des animaux qui s’est tenu le 1er octobre (1970, 1971 et 1972 au moins), n’hésitez pas à nous en faire part !

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