Un magasin bio fait sa « pub » avec des chevaux

Il est très important d’étudier son environnement, y compris urbain. Par exemple, jamais une mairie ne devrait pouvoir organiser l’élagage d’arbres dans une rue sans que la défense des oiseaux ne soit exercée par un groupe local.

Voici une information qu’on nous a fait parvenir et qui témoigne d’une observation critique et juste d’un endroit. Il s’agit en l’occurrence de l’ouverture d’un magasin bio dans le treizième arrondissement de Paris.

Jusque-là, on voit mal ce qu’il peut y avoir d’intéressant, à part un aspect pratique peut-être. Mais ce qui frappe, déjà, c’est que l’avenue d’Italie compte déjà une boutique Dia, deux Monoprix, une supérette et un magasin Carrefour, une supérette Leader Price, un magasin Naturalia et quatre épiceries indépendantes, sans parler des cinq autres supermarchés dans les rues adjacentes.

Trois ont moins d’une année, à quoi s’ajoute donc maintenant le magasin « Bio c’ bon ». Dans l’idée, il faut voir que selon le Canard enchaîné c’est d’ailleurs la stratégie de cette chaîne.

Le journal hebdomadaire affirmait ainsi il y a peu que la chaîne ouvrait systématiquement à côté d’une autre magasin bio, en quelque sorte pour tenter de récupérer la clientèle, et que sa base financière était extrêmement précaire, qu’il s’agissait d’une sorte de « coup financier » organisé par Marne&Finance, tournée normalement vers les biens immobiliers.

On peut se demander si un tel « coup » est vraiment faisable, car il y a quand même déjà 41 « Bio c’bon » en Île-de-France, ce qui n’est pas rien. En fait, c’est juste une expression de la dimension commerciale du bio en France.

Le bio est bien entendu toujours commercial.

Mais il y a une différence d’approche culturelle. Ainsi, le pourcentage de territoire agricole dédié au bio est de… 1,1 % en France. La France étant un pays avec une forte agriculture, c’est quasiment rien en proportion, mais c’est important en quantité, ainsi cela fait déjà plus en termes d’hectares que l’Autriche, dont l’agriculture est bio à… 19,4 %.

Seulement, il y a évidemment une différence d’impact culturel entre un pays dont pratiquement rien de l’agriculture n’est bio, et un pays où 1/5 l’est. C’est une question d’influence sur la vie quotidienne.

Le magasin « Bio c’bon » fournit donc du bio, mais il peut ouvertement se présenter comme étant une démarche pour la santé, et s’arrêter là sans avoir aucunement le besoin d’assumer une dimension « alternative ».

L’inauguration du nouveau magasin en témoigne : on avait un stand de gonflage de ballons à l’hélium à l’entrée.

A côté du stand, sans surveillance à part le préposé aux ballons bien entendu vite débordé par les enfants, deux pauvres chevaux affrontaient le vacarme d’une énorme avenue très fréquentée, les actions désagréables sans recul des enfants (et on ne peut pas compter sur les parents pour empêcher cela, comme lorsque les pigeons sont systématiquement agressés).

Les cheveux avaient même encore du matériel d’équitation posé sur eux !

Bref, c’est lamentable… et encore une fois, très révélateur. En France, il y a une guerre dans les magasins bios, entre les historiques avec leur côté très « illuminé » comme en témoignent les journaux gratuits distribués, et une nouvelle génération directement commerciale…