Le rapport aux chiens en Iran

Voici un extrait d’un article de RFI, intitulé Iran : l’homme et l’animal punis au nom de la pureté. Toutes les religions sont anthropocentristes, donc ce n’est pas vraiment l’Islam qui est vraiment intéressant ici.

Ce qui marque vraiment ici, c’est comment le mode de vie urbain balaie l’ancien rapport qu’il y avait avec les animaux. Les valeurs propres à une société se modifient, car les conditions de vie ont changé.

C’est évidemment un aspect à prendre en considération si on veut en arriver à la libération animale. Chaque pays a son évolution, et même certaines régions ont leur particularité, comme avec les combats organisés de coqs dans le Nord, ou la corrida dans le sud.

Il y a cependant également un autre aspect qui compte beaucoup. Les obscurantistes ont dans leur viseur ceux qui ont ouvertement modifié leur rapport aux animaux. C’est très important.

Car en France, on a beaucoup de gens timorés se plaignant d’être ostracisé en raison de leur végétalisme ou de leur végétarisme. Ces gens n’ont rien compris, car ce n’est pas eux la question, mais les animaux.

Ainsi, une personne défendant les pigeons sera tout autant dénoncée, voire plus, par les éléments les plus arriérés de la société. Pourquoi? Parce qu’ils remettent en cause le rapport aux animaux.

Voilà le coeur du « problème ». Il n’y a nullement une « végéphobie »: il y a en réalité une guerre à la Nature. Dans la mesure où le végétalisme, voire le végétarisme, apparaissent comme s’y opposant, ils présentent une menace.

Mais s’il se réduisent à un choix « individuel », à un simple régime alimentaire (ce qu’est le végétarisme par définition), alors cela devient de l’anecdote.

Trente-deux députés de l’Assemblée islamique ont demandé dans une proposition de loi que soient désormais punis tous ceux qui gardent chez eux des chiens ou les promènent en public.

Qu’en est-il de cette punition ? Rien de moins que 74 coups de fouets ou une amende allant de 300 à 3 000 euros assortie de la confiscation de l’animal, qui serait par la suite abandonné dans la nature.

Si dans leur proposition, les députés ont pris soin de ne réserver la flagellation qu’aux possesseurs de chiens, c’est pour ne pas reconnaître à l’animal en question un quelconque statut autre qu’un objet inapte à répondre de ses actes.

Cependant, les législateurs iraniens maîtrisent suffisamment le b.a.-ba du droit pour éviter de tels égarements.

Ils savent que si l’on peut sacrifier ou tuer un animal pour se venger ou le manger, on ne peut néanmoins pas lui imposer par exemple… la lapidation pour adultère, selon les lois en vigueur, ou la mutilation pour le vol de la nourriture, supplices cependant appliqués aux Iraniens qu’aucun mot ne peut qualifier et qu’aucun humain ne saurait tolérer de voir infliger à un animal.

Mais pourquoi le fait d’avoir un chien mérite-t-il aux yeux des législateurs iraniens de tels traitements ?

A cela la réponse des députés iraniens est sans ambages : faisant partie des animaux impurs d’après les préceptes islamiques, le chien ne peut pas coexister, non pas avec les hommes, mais parmi les musulmans qui incarnent selon la charia la communauté des purs par excellence, à la différence pratiquement de toutes les autres communautés ou de tous croyants considérés comme impurs et réduits en définitive au rang de non-humains.

C’est le cas de ceux qui, à l’instar des bahaïs ou des convertis ou encore des athées, n’ont aucun droit et dont les biens et le corps peuvent bien être confisqués et traités selon le simple désir et le libre arbitre des autorités.

Mais, une telle proposition ne fait que révéler l’inquiétude des dirigeants iraniens quant à l’évolution des mœurs d’une société urbaine, c’est-à-dire plus de 70% de la population iranienne, qui fait comprendre quotidiennement par ses manières d’être et de vivre-ensemble, y compris dans son rapport avec l’animal, qu’elle s’est bien écartée depuis belles lurettes des préceptes imaginés ou infligés par les autorités et que cet écart serait la possibilité même d’une ouverture qui dessinerait tôt ou tard la forme d’une nouvelle société.

Cette proposition de loi a provoqué la colère des amoureux des chiens qui ont réagi sur les réseaux sociaux en postant des photos avec leurs toutous préférés.