Hier a eu lieu le « lancement » d’une nouvelle structure se revendiquant écologiste, du nom de « Collectif Nouvelle écologie patriote » lors d’une conférence de presse en présence de Marine Le Pen. Il s’agit, on l’aura deviné, d’une de ces nouvelles structures de type « front » assemblées au sein du « Rassemblement Bleu Marine ».
C’est une sorte de tournant pour le Front National, mais pas comme on le pense.
Aux yeux de Jean-Marie Le Pen en effet, ce qu’il appelait « l’écologisme » ne consistait qu’en une « nouvelle religion des populations urbaines aisées, ‘bobos gogos’ de l’Occident ». Mais en même temps, en 1981 lorsqu’il faisait campagne, son programme avait cinq points, dont un appelé « Ecologie ».
La différence ne tient donc pas à la « découverte » d’une forme d’écologie, car le FN a toujours utilisé plus ou moins l’écologie, de manière démagogique, par exemple avec Bardot.
Non, elle tient à son utilisation non pas simplement comme gadget, mais comme vecteur de la transformation économique de la France, dans un sens précis. Car le « Collectif Nouvelle écologie patriote » n’est ainsi pas une structure là pour faire joli.
Son dirigeant est un économiste âgé de 46 ans, appelé Philippe Murer. Il est le co-auteur avec Jacques Sapir d’une brochure de la fondation Res Publica de Jean-Pierre Chevènement sur «Les scénarii de la dissolution de l’euro ».
Le Front National le présente officiellement ainsi :
« En tant que conseiller économique de Marine Le Pen, il sera chargé de travailler sur le projet économique du Front National ainsi que sur les problématiques liées à l’écologie et au développement durable. A la demande de Marine Le Pen, ses premiers travaux seront d’ailleurs orientés vers les moyens de relancer la croissance en France, tout en réalisant la transition énergétique nécessaire au pays. »
En avril, il avait justement publié chez Fayard un ouvrage intitulé « La transition énergétique – Une énergie moins chère, un million d’emplois créés ». Et s’il rejoint le FN, c’est justement :
« Parce qu’il est le seul capable de réussir cette transition énergétique. Nous devons avoir la main sur la banque centrale et sur notre monnaie pour y parvenir tout en pratiquant un protectionnisme économique. »
C’est le sens de « l’écologie patriote » : on quitte l’euro et l’Union Européenne afin de pouvoir faire du protectionnisme et financer l’innovation permettant des économies. La Banque de France devra ainsi fournir 1500 milliards d’euros aux entreprises pour la « transition énergétique. »
Et la meilleure économie selon lui, c’est dans le domaine de l’écologie que l’on peut le faire, un thème permettant pareillement de justifier au mieux le protectionnisme : au nom de la lutte contre la pollution, on prône le nationalisme. Naturellement, on ajoute une touche d’ethno-différentialisme afin de se la jouer protection de la « diversité » (des peuples, des ethnies, etc., c’est un vieux thème de la « nouvelle droite »).
Parler d’écologie c’est donc tout bon pour le FN, qui combine alors programme économique (les économies!) et le programme politique (le nationalisme).
Bien entendu, on garde le nucléaire parce que c’est tout bon pour les entreprises. On l’aura compris, il n’y aura pas de contenu à part « l’écologie » qui est utilisée comme prétexte au protectionnisme et donc au nationalisme et donc au fascisme, dans une savante construction.
Voici une vidéo où lors d’une conférence à Lyon, on voit l’approche du collectif.
Il est vrai que jusqu’à présent, cette vidéo a fait 70 vues en une semaine. Mais c’était avant la fondation officielle du « collectif » en question, et surtout il faut voir ce que dit Philippe Murer. Mais elle vaut le coup d’oeil par ce qu’elle révèle: l’écologie ici n’est qu’une « chasse au gaspi », rien de plus.
Voici une vidéo de 1979, avec le fameux personnage « gaspi » de la grande campagne lancée alors en France. C’est un condensé de « l’écologie » telle que le FN la conçoit.
Le FN pourrait même reprendre directement le slogan de l’époque: « en France on n’a pas de pétrole mais des idées », sachant que ces idées ce sont justement le nucléaire, la chasse au gaspi, la direction du pays par des technocrates, etc.