« Nature, le nouvel eldorado de la finance »

Mardi soir à 22h25, Arte diffuse un reportage intitulé « Nature, le nouvel eldorado de la finance ». Le voici mis en ligne (pour aujourd’hui et demain seulement), avec une présentation, par Télérama (qui, pour le rappeler, est un média « catho de gauche »).

Sur fond de crise écologique, la protection des ressources naturelles est devenue un secteur lucratif, qui attire de plus en plus spéculateurs et multinationales.

Jusqu’au mardi 3 février nous vous proposons en avant-première cette enquête stupéfiante au cœur de l’économie verte.

La nature serait-elle en train de devenir le nouveau terrain de chasse des grands fauves [SIC- LTD] de la finance ?

C’est le stupéfiant constat auquel aboutissent Denis Delestrac et Sandrine Feydel, au terme d’une enquête fleuve dans la jungle de la nouvelle économie verte.

Un secteur émergent où les espèces en voie de disparition sont un placement lucratif, et la protection des écosystèmes un investissement ad hoc pour des multinationales qui doivent compenser les dégâts qu’elles commettent ailleurs.

La crise écologique serait donc devenue une opportunité économique, voire un objet de spéculation, dont cette vaste enquête dévoile les appétits et les logiques avec mordant.

« Il y a trois ans, lors d’une conférence sur l’économie verte, j’ai appris qu’aux Etats-Unis, c’étaient des institutions privées, des biobanques, qui s’occupaient de la protection des espèces en voie de disparition, explique Sandrine Feydel.

En creusant un peu, j’ai découvert que des économistes commençaient à parler de financiarisation de la nature, voire à évoquer des risques d’un nouveau krach si le monde de la finance se couplait trop avec les milieux de la préservation de l’environnement. »

Comment en est-on arrivé à mettre un prix sur une forêt primaire ou une barrière de corail, à chiffrer le service de pollinisation rendu par les abeilles (200 milliards de dollars) ?

« Depuis des années, certains économistes défendent l’idée que s’il y a une dégradation aussi importante de la biodiversité, c’est parce que l’on n’a jamais attribué de valeur économique à la nature.

Et ce discours finit par s’imposer en même temps que se développent ces nouveaux marchés de la protection des espèces ou des écosystèmes, analyse la réalisatrice.

Selon la loi de l’offre et de la demande, en se raréfiant, les ressources naturelles prennent de la valeur. Comme nous l’a résumé un économiste : “La dernière forêt sur Terre, le dernier cours d’eau non pollué, le dernier endroit où respirer de l’air pur, ça vaudra plus que des diamants…” »

Plus largement, le film montre aussi comment a fait son chemin l’idée que l’économie et les marchés pouvaient résoudre la crise environnementale.

« Au sommet de Rio, en 1992, il ne venait à l’idée de personne de penser que les entreprises devaient être des acteurs de la protection de l’environnement, rappelle Sandrine Feydel.

Depuis, il y a eu un changement de paradigme, des multinationales destructrices de la nature ont réussi à faire croire qu’elles pouvaient faire partie des solutions au problème écologique. Et la crise économique a conduit à un désengagement des Etats.

Désormais, même les ONG doivent aller chercher l’argent là où il est, en nouant des partenariats avec des multinationales. Mais, à ce jeu-là, on peut se demander qui influence qui… »